Fyctia
Chapitre 28
Il entame son troisième verre, moi le deuxième et la bouteille a pris un sacré coup.
Nous buvons chacun une nouvelle gorgée sans dire un mot de plus.
Pendant que nous restons silencieux, je reste stupéfaite de ce que vient de m'apprendre Alexander.
Des tonnes de questions se bousculent dans ma tête.
Serait-il possible qu'il soit toujours amoureux d'elle ?
Même si son état reflétait davantage de colère, est-ce du dégoût ou du désespoir qu'il ressent ?
Va-t-il continuer à se rapprocher de moi pour la rendre jalouse, elle ?
Tant d'interrogations qui me laissent sur ma faim. J'imaginais notre arrivée tellement plus enchanteresse. Je finis par soupirer puis par briser le silence qui vient de s'installer entre nous.
– Je suis vraiment désolée pour toi. - débuté-je lasse -
– Non. Je ne veux pas de ta pitié Anna. C'est même la dernière chose que je souhaite de ta part. Je voulais seulement que tu comprennes mon attitude et pourquoi je me suis comporté d'une étrange façon...
Il se met à rire en secouant la tête.
– D'ailleurs, c'est plutôt à moi d'être désolé. Je ne voudrais pas que tu me prennes pour un bipolaire - lâche-t-il en riant - et je suis aussi désolé de m'être emballé pour la suite... - dit-il en désignant le lit du menton - Je dormirais sur le canapé si ça te dérange.
– Vu la taille du lit, je pense être capable de partager avec toi. - lancé-je en haussant les épaules, innocente -
Il se contente de m'adresser un sourire en biais.
Même s'il vient de détendre l’atmosphère, mes interrogations persistent. Ça me brûle les lèvres de lui dire que je ne souhaite pas avoir le rôle de la relation « pansement » pour le guérir. D'un autre côté, il n'a jamais été question que l'on soit dans une franche parade prénuptiale.
Malgré moi, mon imagination se remet à tourner rien qu'en pensant à toutes les possibilités qui pourraient s'offrir à nous et à ce grand lit. Mon imagination dérive si loin que j'en viens à sentir une énorme vague d'excitation me submerger diffusant une douce chaleur dans mon bas-ventre.
J'y coupe court en soupirant bruyamment, sachant que je suis bien loin de réaliser tous les fantasmes qui défilent dans ma tête et encore moins maintenant, alors que tout se complique autour de nous.
– A quoi tu penses ? - me questionne Alexander -
– Je me disais que j'avais déjà hâte de faire une grasse matinée demain...
Il marque un temps de pause en reprenant une dose de son poison avant de poursuivre sur un timbre de voix bien plus sérieux.
– Tu mens. Par quoi es-tu tracassée ? - finit-il par m'adresser -
Evidemment que je mens.
Dois-je être franche et cracher le morceau ? L'alcool me pousse à être honnête, de toute façon c'est l'occasion ou jamais.
– Je ne veux pas être ton pansement Alexander. - lancé-je d'une voix ferme mais bien incertaine -
Ses yeux s'écarquillent pendant qu'il me fixe.
Est-il en train de me prendre une folle qui s'imagine des choses entre lui et toi ?
Probablement me dis-je en attendant qu'il réponde pendant que mon petit cœur s'emballe de nouveau.
– Non Anna, tu ne seras pas mon pansement. - il prend un nouveau temps de pause avant de reprendre. - Mais pourquoi as-tu pensé ça ?
– J'avais l'impression que tu voulais - la - rendre jalouse avec moi alors que tu t'appliques à mettre une grande distance entre nous depuis le début. - réponds-je en me mordant la lèvre -
J'avoue que cette fois-ci, je ne passe pas par quatre chemins. Je me désinhibe un peu trop ? Suis-je un peu trop franche ?
Je sursaute doucement lorsque je le vois se pencher au-dessus de moi. Il vient déposer une délicate main sur mon épaule pour la masser en douceur comme pour me soulager d’un poids imaginaire.
– Depuis le début et jusqu'à aujourd'hui, je me suis comporté comme un véritable idiot avec toi...
– C'est vrai. - chuchoté-je résignée -
Il lâche sa prise de mon épaule pour se pincer l'arête du nez. Ses doigts bougent dans des mouvements frénétiques pendant qu'il plonge ses yeux dans le fond de son verre comme s'il pouvait y voir autre chose que du scotch.
Serait-il en train de lâcher prise ?!
Je l'observe du coin de l’œil pendant une durée indéterminée. Enfin, jusqu'à ce que je sois tirée de ma rêverie par l'énième sonnerie de mon téléphone.
Je le déverrouille.
Je deviens rouge écarlate.
J'aimerais disparaître d'ici.
– Il ne manquait plus que ça. Les salopards ! –
Je suis littéralement en train de me décomposer. Je cache de ma main, ma mâchoire qui tombe jusqu'au rez-de-chaussée.
– J’hallucine ! - lancé-je dans un excès de colère -
J'ai chaud. J'ai froid. Et j'ai aussi l'impression que mes poumons sont trop petits pour respirer à ma guise. Contrairement à moi, Alexander affiche une attitude totalement décontractée. Ayant fixé son sourire de biais sur sa bouche pendant qu'il se délecte du spectacle que mes amis lui offrent.
– Ce n'est pas si grave que ça... Ils rigolent ! - surenchérit-il en riant franchement -
Je me renfrogne en affichant ma plus belle moue boudeuse en croisant mes bras sur la poitrine. Pour une fois qu'il commençait à s'ouvrir et que la conversation promettait d'être intéressante, ils viennent de tout couper et ça me contrarie !
Il me regarde pendant quelques secondes avant de laisser ses yeux s'illuminer d'une drôle de malice.
– Aller viens. - m'intime-t-il d'une voix douce - On va leur envoyer un selfie pour les faire mariner !
Je retrouve un semblant de bonne humeur devant sa bonne idée.
D'autant plus que ça leur fermera leurs clapets !
Je lui adresse un sourire sardonique pendant qu'il passe son bras autour de mes épaules pour me coller à lui et prendre la photo.
Je me retrouve pour la troisième fois de la journée, lovée contre lui. Même si j'ai cumulé autant d'attirance que de déception en à peine six heures, c'est définitivement le pas de l'attirante qui prend le dessus.
Je me dis que, finalement, les événements d'aujourd'hui nous auront au moins permis de nous rapprocher en ayant le courage de rompre la barrière physique qui nous séparait il y a encore quelques heures.
Malgré nos têtes fatiguées, notre reflet photographique est des plus flatteur.
__
Après cet épisode, une pluie de messages est arrivée en faisant vibrer dans une frénésie nos téléphones. Peu importe, maintenant ils peuvent attendre longtemps pour que je leur réponde.
Alors que nous sommes épuisés et alcoolisés, il est temps de laisser tomber le rideau pour aujourd'hui.
– A chaque jour suffit sa peine, demain sera un autre jour. –
C’est sur ces mots que je tombe en moins de deux, dans un profond sommeil.
33 commentaires
M. Florisoone
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Il y a 4 ans
Paupipauline
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Il y a 4 ans
Fanfan Dekdes
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Il y a 4 ans
Noëlia
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Paupipauline
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Il y a 4 ans