Paupipauline UN ÉCOSSAIS AU PIED DE MON SAPIN Chapitre 27

Chapitre 27

Alexander se tient toujours là, en plein milieu du hall, droit comme un i, une expression horrifiée collée au visage.


J'attends une minute puis deux et c'est finalement moi qui finis par prendre en main la situation. Je traîne par le bras Alexander jusqu'au comptoir où la réceptionniste affiche elle-aussi une mine désespérée.


Arrivés à sa hauteur, j'ai l'impression d'être devenue transparente au milieu de cette tension malsaine. Cette situation n'annonce rien de bon, ni pour lui, ni pour moi et ni pour notre séjour qui commence déjà à tourner au vinaigre.


Excédée d'être impuissante, je brise le silence en faisant signe à la jeune femme qui ne quitte pas les yeux d'Alexander.



– Bonsoir. Nous avons une réservation au nom de Sheperd et Austin.



La jolie jeune femme sursaute à ma voix. Elle finit par quitter le regard d'Alexander et se met à pianoter frénétiquement sur le clavier de son ordinateur. Ses mains tremblent pendant que je m'impatiente.


Je l'observe et c'est une belle femme. De jolies boucles auburn entourent son délicat visage de porcelaine. Ses traits sont fins, ses yeux sont d'un vert perçant et des taches de rousseur se devinent derrière son make-up parfait.



– Je... Je suis vraiment navrée. Nous. Nous n'avons plus la suite que vous aviez réservée. N... Nous avons eu un problème informatique.



Elle panique en appelant son manager en renfort.


Même si je ne jouis pas d'une audition particulièrement développée, j'ai l'impression d'entendre son cœur battre d'ici.


J'ai du mal à savoir si elle me fait de la peine ou si elle commence sérieusement à m'énerver.


Son sauveur arrive enfin à coup de grandes enjambés et cette fois-ci, il semble parfaitement gérer la situation.



– Miss Austin, excusez-nous pour ce désagrément. Effectivement, la suite que vous aviez réservée est déjà occupée. Nous pouvons vous proposer notre plus jolie suite si vous le souhaitez, elle est au dernier étage. Vous aurez un balcon privatif et un immense lit double. Ceci vous conviendrez ?


– Oui. C'est parfait. - s'empresse de répondre Alexander -



Dans la foulée, je sens son bras s'enrouler autour de ma taille. Il m'enlace en me tenant fermement contre lui. Je me retrouve donc prise dans ses bras, ne faisant plus qu'un avec lui.


Ce revirement de situation me laisse totalement perplexe.

Même si je n'aurais pas l'audace de me plaindre de me retrouver dans ses bras, est-il vraiment en train de vouloir nous faire passer pour un gentil petit couple d'amoureux ? Oui.



– Très bien. Voici vos clés, votre suite est au 5e étage. Je vous laisse entre les mains expertes d'Amy. Passez un excellent séjour parmi nous.



Sans avoir le temps de répondre un simple – merci – Alexander m’entraîne avec lui en direction de l'ascenseur. Toujours blottie dans ses bras, nous montons, Alexander, Amy, le portier et moi dans l'ascenseur.


Personne n'ose ouvrir la bouche ce qui jette un froid intersidéral dans l'espace.


Pour mon plus grand bonheur nous arrivons au 5e étage et nous sommes conduits à la porte de notre suite. Je m'active à ouvrir la porte et à laisser le portier déposer nos bagages dans l'entrée. Le manager n'avait pas menti, la suite est vraiment sublime. L'atmosphère est chaleureuse, une grande cheminée trône dans le salon, entouré de deux grands canapés Chesterfield vert sapin. Je découvre aussi l'immense chambre qui est, en effet, dotée d'un grand lit double.


Alors que mon imagination commençait à tourner à plein régime en regardant ce grand lit, je suis tirée de mes pensées quand j'entends retentir la voix irritée d'Alexander.



– J'en ai rien à foutre ! Dégage Amy !



Je me précipite vers lui dans un sursaut. Après le désespoir, il affiche désormais une expression agressive, à deux doigts de la rage.


Elle disparaît en moins d'une seconde nous laissant seuls. Je n'ai aucune idée de l'attitude que je dois adopter à cet instant précis.


Dois-je le laisser seul ?

Dois-je le réconforter ?


C'est finalement lui qui tranche en se laissant aller de tout son poids dans mes bras. Bien que je sois médusée, je le sers contre moi pendant qu'il pose sa tête dans mon cou. Je l'entends soupirer bruyamment pendant que je lui caresse doucement les cheveux.


Si le moment avait été différent, j'aurais probablement adoré le serrer de toutes mes forces en dégustant la proximité qu'il m'offre. Mais pour l'instant, je me contente de lui offrir tout le réconfort que j'ai en stock.


Il finit par se redresser, en soupirant une énième fois. Je découvre que les traits de son visage se sont détendus et cette vision me soulage. J'avoue être impuissante face à ce genre de réaction, réconforter les gens n'est pas ma qualité première. J'ai toujours peur de dire une bêtise ou d'être maladroite donc je m'abstiens.



– Un double scotch ? - proposé-je en souriant -



Il m'adresse un hochement de tête et je m'affaire à préparer deux grands verres. Je le rejoins auprès de la cheminée qu'il est en train d'allumer. Excellente idée, me dis-je.


J'observe démarrer le feu pendant que je prends place dans le canapé juste en face. Quelques minutes plus tard, le feu a pris et il me rejoint en s'installant à côté de moi.


Nous trinquons et il boit d'un trait son verre.



– Bon. Tu es d'attaque pour écouter une longue et laborieuse histoire ? - m'adresse-t-il résigné -



J'hoche silencieusement la tête en reprenant une gorgée de scotch.



– Je suppose que c'est la responsable de ton dégoût envers les femmes... - supposé-je désolée -


– C'est elle. Je l'ai rencontrée quand j'avais 17 ans, très rapidement, je suis tombé amoureux d'elle. Nous sommes restés quatre ans ensemble et tous mes amis l'adoraient et tu m'étonnes ! - souffle-t-il écœuré entre ses lèvres - J'ai fini par apprendre de mes vrais amis que cette salope me trompait depuis des années avec ma bande d'amis. Ils lui ont tous ou quasiment, passé dessus. La seule chose qui ne lui ait pas passé dessus, c'est bien le train à cette traînée ! Elle ouvrait les cuisses au premier venu et elle ne s'est pas arrêté à la tromperie. Non. Elle continuait à baiser avec chacun de mes potes, régulièrement. Presque tout le monde était au courant de ce qu'il se passait pendant que moi, j'étais le con de l'histoire. Ca a duré pendant des années et quand je l'ai appris j'ai littéralement pété un câble. Je me suis fâché avec la majorité de mes amis de l'époque et je suis parti d'ici en laissant tout derrière moi. Rien que d'y penser, elle me donne envie de vomir.



J'inspire une grande quantité d'air pour reprendre mon souffle que j'avais coupé en l'écoutant. Je comprends bien mieux son attitude à présent. Je reste stupéfaite qu'un homme aussi séduisant que lui ait pu être mené par le bout du nez par une saloperie de pétasse.


Nous restons un long moment pensif en fixant le feu s'agiter, avant qu'il ne reprenne.



– Un autre ? - m'interroge-t-il en secouant son verre vide -



Je réponds favorablement même si je sens déjà l'ivresse affluer dans mes veines.

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42

42 commentaires

M. Florisoone

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Il y a 4 ans

Le coup de la chambre, je sens venir la petite nuit torride 😏😂

Paupipauline

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Il y a 4 ans

Ahah ;P

Cendre Elven / Mary Ann P. Mikael

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Il y a 4 ans

Ah lalala dur dur tout ça. Comme Jane en dessous, essaye de mettre un peu plus de réaction. Pareil pour Alexander, décrit nous un peu comment il raconte, voix saccadée, énervée, rapide, lente. Hésite pas à entrecouper un peu avec des phrases narratives pour qu'on visualise bien la scène. :)

Paupipauline

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Il y a 4 ans

Oui ! J'ai encore du mal à transmettre les émotions x) mais avec tous vos conseils, j'ai bon espoir d'y arriver un jour ahah ! C'est vrai que j'ai été trop "lèg" sur celui-ci, celui d'après on se rattrape heureusement, ouuuf 😜😉

Jane Moody

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Il y a 4 ans

C'est curieux je la trouve trés froide, c'est écrit à la première personne donc on est dans sa tête, elle devrait avoir tout de même quelques interrogations poussées sur cette femme dés le début et pas mal de jalousie. On dirait qu'elle décrit juste la situation comme une observatrice extérieure.

Paupipauline

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Il y a 4 ans

Ahah et oui c’était voulu de faire en sorte qu’Anna soit assez distante à ce moment-là parce que finalement ce n’est pas elle qui se retrouve dans une délicate posture mais elle en est spectatrice de ce qu’il se déroule sans qu’elle ne puisse y faire grand chose ahah 😜

Jane Moody

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Il y a 4 ans

Je crois que tu n'as pas compris mon com. Tu écris à la première personne donc elle n'est pas une spectatrice qui décrit une scène, elle ressent des choses. Elle se retrouve devant une femme qui fait un gros effet à l'homme sur lequel elle a craqué et dont elle devine qu'ils ont été intimes, impossible qu'elle ne ressente rien, sinon ce serait une psychopate. ;) Si c'est une femme normale, ça se bouscule dans sa tête, son coeur s'emballe... Elle est jalouse, pas excédée et elle ne prend certainement pas aussi bien qu'il se serve d'elle pour en rendre jalouse une autre, c'est hyper blessant et dévalorisant pour elle. L'homme qu'elle aime l'utilise pour attiser la jalousie d'une autre alors que ça devrait être l'inverse. Elle ne peut pas être distante, même si c'est ce qu'elle montre à ceux qui l'entourent, à l'intérieur ça doit bouillir. Elle devrait aussi ne plus être autant intéressée par lui, le rejetter un minimum ou alors c'est qu'elle n'a aucune estime de soi et qu'elle est hyper naïve, ce qui n'est pas le cas. C'est le hic de la première personne, le narrateur est le héros donc il faut ressortir toutes ses émotions, sensations, pensées rationelles ou pas. Imagine toi dans la même situation avec l'homme que tu aimes face à la femme dont il a été et est peut-être encore, fou amoureux, dont il ne t'a jamais parlé, qu'il cherche à rendre jalouse, je ne crois pas que tu serais indiférente, tu aurais plutôt envie de pleurer et de lui arracher les yeux. Au final c'est elle qui est dans la position la plus délicate.

Paupipauline

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Il y a 4 ans

Okkk, je comprend mieux le message x) oui en effet, j'ai voulu jouer la carte du détachement mais au final ce n'étais pas la plus judicieuse. Je comprends totalement ton point de vue et oui ça devrait davantage se bousculer dans sa tête alors que là, non pas vraiment et surtout à la première personne... Merci pour ton commentaire en tout cas :)

Jane Moody

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Il y a 4 ans

Ce n'est pas facile au début de faire passer les émotions, j'ai le même soucis, je crois que c'est en partie pour ça que j'ai choisis la troisième personne, la première je trouvais ça trop compliqué de devoir être constamment dans l'émotion et les sensations du personnage sans recul. Je dis ça pour t'aider lorsque tu reprendras ton manuscrit à la fin, je me rend compte que depuis le début de l'histoire c'est un peu trop détaché, mais je te suis tout de même, j'aime bien ton histoire et tes persos, c'est juste qu'avec plus de ressentis ils seraient plus attachants et addictifs. Je crois qu'il y a des articles là dessus sur le blog fyctia et je sais qu'il y a aussi des vidéos d'auteurs qui en parlent sur youtube, je n'ai pas de nom à conseiller, je n'ai encore eu le temps de les écouter.

Paupipauline

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Il y a 4 ans

Oui en effet, faire passer les sentiments, les émotions et tout le reste à la première personne n'est vraiment pas un exercice facile ! J'ai déjà commencé à lire des articles à ce sujet oui 😉 petit à petit je pense que c'est mieux par rapport au début mais ce n'est toujours pas ça 😂... En tout cas, merci pour ton retour et au contraire, ce sont ces retours là qui font progresser 😉 Et surtout, MERCI de me suivre aussi ❤️
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