Fyctia
Chapitre 25
Aussitôt rentrée chez moi, j'inspecte rapidement la maison.
Il n'y a que moi, et tant mieux.
Je sens une énorme boule dans ma gorge pendant que mes lèvres se mettent à trembler. Mes sanglots montent sans que je puisse les contenir et je m'affale sur le canapé en laissant aller ma frustration.
Je laisse échapper quelques larmes jusqu'à ce que mon téléphone ne vibre frénétiquement.
Je suppose que c'est Ester qui doit s'impatienter de ne pas recevoir de réponse.
Tandis que je me décide à quitter le canapé pour récupérer mon téléphone, je prends connaissance des messages que j'ai loupés.
Comme prévu, c'est Ester qui m'harcèle.
Dans le lot de message, le nom d'Alexander s'affiche.
Rien que de lire son prénom suffit à faire exploser ma nervosité, déjà bien tendue.
Ma charge nerveuse s'évanouit dès que je lis ses quelques mots et je reste là, à sourire bêtement devant mon écran.
Le cœur battant des records de vitesse et la bouche sèche. Même par message les mots me manquent pour lui répondre autre chose qu'un simple - Ok - .
De toute façon nous aurons tout le temps nécessaire de discuter demain pendant nos six heures de trajet.
__
Après avoir passé un bon moment, debout devant la table de la salle à manger à rêvasser, je reviens à la réalité.
J'ai une soudaine envie de cuisiner, non, plutôt de pâtisser pour me détendre.
Je me dirige vers la cuisine en réfléchissant à une idée de recette. Mon cerveau étant toujours sur off, j'opte la facilité en préparant des petits sablés de Noël aux quatre épices. Simple, mais efficace.
Dès lors, je me mets à sortir tous les ingrédients nécessaires tout en téléphonant à Ester pour lui raconter de vive voix la fin de cette journée. Les mains dans la farine et le beurre, je discute avec elle pendant qu'elle s'égosille en haut parleur.
Quand je lui explique mon manque de tact, elle s'indigne à l'autre bout du fil. Selon ses propres dires je suis un véritable – bulldozer –. Sa comparaison me fais pouffer de rire pendant qu'elle continue à épiloguer sur mon désastreux rencart.
Nous papotons de cette affaire si longtemps que j'ai eu le temps d'enfourner mes petits sablés de Noël depuis au moins dix minutes. Après ça, elle m'a raconté sa dernière rencontre Tinder, qu'elle doit voir ce soir. Sa légèreté me redonne le sourire et alors que le minuteur m'informe que mes sablés sont cuits nous nous saluons chaleureusement.
Elle me souhaite de bonnes vacances en amoureux en Ecosse.
Je lui souhaite de passer une belle soirée avec son inconnu.
Nous rions aux éclats et je sors ma préparation du four.
__
| Samedi 19 Décembre - 12h56 |
Pulls en laine, check.
Manteau en cachemire, check.
Bottes d'hiver, check.
Je viens de boucler ma valise avant qu'Alexander n'arrive. J'ai prévu mes tenues les plus chaudes au cas où il ferait un froid sibérien en Ecosse. Après tout, c'est drôlement au Nord. Je préfère j'anticiper toutes éventualités.
C'est sans tarder que mon père m'informe qu'ils sont arrivés.
– Qu'ils ? - questionné-je mon père -
– Oui, j'ai proposé à John et Charli de venir prendre le café avant votre départ. - me répond-il tout naturellement -
Nos trois invités entrent dans la foulée et dès que Charli m'aperçoit, il se précipite dans ma direction.
Il m'adresse une grande accolade tout en me chuchotant à l'oreille.
– Alex m'a raconté que vous aviez été boire un verre ensemble hier et tu ne m'as rien dit ! Je te déteste ! Ce n'est pas parce que c'est mon cousin qu'il ne faut plus rien me dire hein, espèce de cachottière ! - me chuchote-t-il en riant doucement -
C'est vrai que depuis le début, j'ai quelque peu évincé mon ami qui doit ressentir l'écart. J'ai seulement le temps de lui adresser un large sourire avant que ce soit John, puis Alexander qui me salue.
Pour la première fois, Alexander m'accorde une bise. Sentir son contact rapproché, son odeur et sa barbe me rendent déjà désireuse de rompre notre proximité.
Mon père les pousses doucement en direction du salon tout en discutant, cafés en main.
J'observe Alexander qui promène son regard dans toute la pièce, il semble découvrir avec plaisir l'environnement dans lequel je vis. Nos regards se croisent à plusieurs reprises et ceci n'échappe pas à ma mère qui m'adresse de longs regards complices.
Après un café, quelques sablés, une rapide discussion au sujet de notre départ avec Alexander, il est temps que nous décollions de Londres.
Tandis que nous prenons le départ, le reste de nos familles nous talonnent de près en restant sur le trottoir.
– Bon, les jeunes. Pas bêtises et surtout revenez-nous avec votre premier dossier ! - nous adresse John en souriant -
– Evidemment, tu peux compter sur nous John. - surenchéris-je -
– Alexander. Pas de bêtises avec ma fille. - adresse mon père à Alexander en lui serrant la main -
C'est officiel, mon teint a viré au rouge cramoisi.
– N'ayez craintes Mark, j'en prendrais bien soin. - rétorque Alexander avec décontraction-
– C'est bien ça qui m'inquiète. -surenchéri mon père, méfiant -
Je ne sais pas à quoi jouent ces deux coqs, mais voilà une petite piqûre de rappel pour ne pas oublier qu'il ne faut pas mélanger vie professionnelle et personnelle.
Ces derniers mots jettent un froid pendant que je m'empresse d'embrasser mes proches à tour de rôle. Aussitôt fait, je saute dans la voiture et nous partons sans plus attendre.
Je respire un bon coup en reprenant mes idées. Je me sens gênée après ces dernières minutes alors qu'Alexander lui, affiche un léger sourire en fixant la route.
– Maintenant, je sais de qui tu tiens ton franc-parler. - me lance-t-il complice -
– Je suis affreusement gênée qu'il ait osé te dire ça !
– C'est normal, il s'inquiète... Et puis, c'était sûrement une façon subtile de nous rappeler la clause particulière de nos contrats.
– Mmh. Une clause particulière ?
– Bha oui, la clause qui interdit d'entretenir une relation sur le lieu de travail. Tu ne l'as pas vue en lisant ton contrat ?
– Tu rigoles là ? - réponds-je outrée -
– Non, je te confirme qu'ils ont bien eu le culot de faire ça. Interdiction d'entretenir une relation intime entre les collaborateurs au sein d'un même cabinet.
Je m'enfonce avec l'air contrit dans le fond de mon siège.
Je suis verte.
D'un autre côté, j'aurais dû m'en douter avec un père avocat. Il a dû protéger ses arrières quand il a rencontré Alexander. Mais, de là, à en faire une clause particulière dans nos contrats ?
L'abus total.
Décidément, quand je fais le point sur les dernières semaines avec Alexander, il semblerait que toutes les conditions soient réunies pour me tenir bien loin de lui !
Je suis exaspérée.
Pendant que lui, rit doucement dans sa barbe.
23 commentaires
M. Florisoone
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Paupipauline
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Cendre Elven / Mary Ann P. Mikael
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Fanfan Dekdes
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Paupipauline
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