Fyctia

| Mercredi 16 Décembre |

Un réveil en douceur, des pancakes au petit-déjeuner et un grand soleil qui brille sur Londres, me mettent d'excellente humeur.

Pour la deuxième journée consécutive, aujourd'hui je ne me rends pas au cabinet. Mr Douglas n'ayant toujours pas donné de confirmation de rendez-vous, nous attendons encore jusqu'à demain pour une relance.

Vu sous cet angle, la vie d'avocat n'est pas si difficile me dis-je intérieurement.

Et avec ma folle envie de renouer avec le monde extérieur, j'ai finalement été bien occupée. Ester à continué a me coacher au sujet de Tinder et de mon côté j'ai pensé à sortir ce soir avec un ami.

Paul.

Même si ce n'est pas mon genre d'homme, il me semble qu'il plait aux femmes malgré tout. Il affiche de bon cœur un large sourire sur ses lèvres et ses cheveux mi-longs lui donnent une apparence légèrement négligée à la Johnny Depp. Nous étions dans la même promotion à Cambridge et j'ai passé moult soirées avec lui à chanter et danser sur de vieilles musiques des Beatles.

J'ai pensé à lui quand je me suis remémoré que nous nous étions croisés vendredi dernier au Cirkus. Je me suis dit que ça pouvait être sympa de se revoir pour discuter de choses et d'autres autour d'un bon cocktail.

En parlant du loup, je viens de voir son nom s'afficher sur mon écran.

Il n'est qu'11h, il n'est pas en retard sur le timing !

• - Paul - 11h12 : Hello ! 19h ce soir au All-Bar-One c'est bon pour toi ?
• - Anastasia - 11h16 : Hello Paul, oui c'est parfait 19h, à tout à l'heure
• - Paul - 11h17 : Ok c'est nickel, à tout à l'heure Anna !

Je check rapidement où se trouve le bar et je découvre qu'il est aux pieds du grand London Eye. Je ne connais pas l'endroit, mais le bar à l'air sympa.

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Dans le cours de l'après-midi, j'ai fini par sauter dans la douche. Et après m'être accordé une mise en beauté, j'ai enfilé une petite robe, mes grandes bottes noires et mon manteau en fausse fourrure.

C'est sur les coups de 18h30 que je prends le départ en direction du métro. Pendant que je gambade dans les rues de mon quartier, la neige a considérablement fondu pendant ces derniers jours de redoux. Néanmoins, la nuit tombe tôt laissant apparaitre les jolies illuminations multicolores de Noël disposées un peu partout dans les rues et dans les habitations.

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Une dizaine de minutes plus tard, j'arrive à l'arrêt Waterloo. Je regarde rapidement l'heure, je suis en avance, vraiment en avance. Je me dis que ce n'est pas grave, les quais fourmillent de badauds venus admirer la grande roue illuminée en bleu et j'avoue prendre aussi le temps de l'apprécier.

Avec la nuit tombante, je distingue que les arbres qui entourent la promenade sont eux aussi habillés de bleu. La scène est sublime. Je me demande bien pourquoi je ne viens pas plus souvent ici, l'endroit est vraiment canon.

Je suis tirée de ma rêverie lorsqu'une voix familière m'interpelle au loin. C'est Paul qui arrive droit dans ma direction. Je l'observe arriver vers moi avec sa démarche nonchalante, mais je note que cette fois-ci, il a fait un bel effort vestimentaire. Sous son épaisse doudoune grande ouverte, il a enfilé une chemise à motifs géométriques rouge et noire. - De mémoire d'étudiants, ça n'est jamais arrivé avant aujourd'hui me dis-je en ricanant dans ma tête -

Nous nous saluons, il me tend un bras et nous partons en direction du petit bar au coin de la rue. Aussitôt arrivé, le bar est charmant. Il baigne dans une ambiance aussi bien rétro que moderne. Un grand comptoir en bois flambant neuf trône au milieu de la salle, des petites tables sont disposées aux quatre coins, de jolies assise en cuir marron les accompagnent. Des touches de couleurs bleu ciel, moutarde, brun et crème viennent donner une atmosphère vraiment cosy à l'endroit. Ca me plait, ça me change de mes bars habituels.

Nous prenons place à une petite table tout en discutant et en lorgnant sur la carte des cocktails. Paul semble choisir plutôt rapidement son cocktail, lorsqu'un serveur fini par s'approcher de nous. Nous commandons un Expresso Martini et un Gin Sour pour ma part. J'entends Paul glisser distraitement une information à l'oreille du serveur avant qu'il ne s'en aille.

– Alors, j'ai entendu dire que tu t'étais enfui en France, c'est vrai ? - débute-t-il souriant -

– Oui, bien sûr que c'est vrai ! J'ai adoré Paris ! Cette ville est vraiment superbe même si les gens sont un peu grincheux ! - poursuivis-je avec un entrain débordant -

– Et tu n'as même pas ramené un petit frenchy dans tes valises ? - me lance-t-il en riant -

– Bof, non, et toi alors ! Depuis Cambridge qu'est-ce que tu fais ?

Il se met à m'expliquer sa venue dans la capitale. Le beau contrat qu'il a décroché chez l'un de nos concurrents et surtout à quel point il est ennuyé de devoir porter des costumes maintenant. C'est cet aspect de son récit que je retiens le mieux. Le connaissant, ce n'est vraiment pas son genre les tenues professionnelles et les coupes au carré.

Pendant que nous rions de ses péripéties, le serveur nous apporte nos cocktails et je devine immédiatement ce que Paul avait bien pu glisser à l'oreille du serveur.

Mon Gin arrive avec une tranche de citron et un joli brin de romarin. - J'adore le romarin. - Je suis vraiment touchée qu'il ait su se souvenir de ce détail et qu'il ait eu cette attention à mon égard.

Tandis que nous sirotons nos cocktails, nous parlons - pour changer - de nos jobs respectifs. Il m'explique qu'il est en train de traiter une affaire de droit à la propriété intellectuelle. Pendant qu'il me raconte les détails de son dossier, je pouffe de rire à plusieurs reprises. C'est tellement courant pendant les fêtes ce genre d'affaires, il suffit qu'une personne ait une bonne idée et des vautours arrivent pour le lui la piquer.

J'explique à mon tour le dossier que je traite pour le compte de Mr Douglas et à voir ses yeux s'écarquiller, ceci suscite beaucoup plus son intérêt. J'en profite pour lui exposer mon idée du testament authentique, afin de connaitre son opinion. Il me confirme immédiatement que ce choix est le plus judicieux. - Une nouvelle fois, ça me conforte dans mon choix. -

Alors que nous terminons notre deuxième verre, arrive ce moment gênant où personne ne sait s'il faut proposer à l'autre de poursuivre la soirée ou simplement se dire au revoir. Heureusement, Paul est plein de ressources pour tuer le gêne ambiante.

– Ca te tenterait un tour de grande roue pour terminer la soirée ? - me lance-t-il les yeux pétillants -

– Carrément ! C'est une super idée !

Etant sur le départ, je m'empresse d'enfiler mon manteau et de régler notre note. Pris de court et un peu penaud, Paul me remercie plusieurs fois pour mon geste. - Que j'ai trouvé totalement normal à mon sens. -

Alors que nous sortons du bar, il fait nuit à présent et les décorations festives illuminent l'endroit. Nous marchons bras dessus, bras dessous en papotant jusqu'à la grande roue avant de ne s'engouffrer tous les deux dedans.