Fyctia

| Lundi 30 Novembre |

Il est 8h30, et c'est officiellement le premier jour du reste de ma vie. Je trépigne d'impatience de me rendre au travail aux côtés de mon père et pour l'occasion, j'ai enfilé un tailleur, trois pièces, à motif prince de galles. Pour rendre ma tenue encore plus spectaculaire, j'ai enfilé une paire d'escarpins noirs, et mon épais manteau en fausse fourrure noir. Tandis que je suis prête à partir, mes parents ne manquent pas de me témoigner leur fierté. J'avale en vitesse un ristretto et j'emboite le pas de mon père en montant dans la grosse berline de son chauffeur qui nous conduit en direction d'Oxford Street.

Durant tout le trajet, je témoigne mon impatience et ma volonté débordante à mon père de débuter cette aventure avec lui. Après ce week-end, je me suis rendu compte que malgré la présence d'Alexander au cabinet, j'avais dans le fond, l'envie de débuter ma carrière d'avocate. Tandis que nous nous faufilons dans les grandes rues de la capitale, nous ne tardons pas à arriver en bas du grand immeuble qui semble n'attendre que nous. Tandis que nous rentrons dans le vieil immeuble, nous arrivons au treizième et dernier étage. Nous sommes salués par l'intégralité de l'équipe qui semble aussi heureuse de m'accueillir et je finis par apercevoir Alexander. Il est resté égal à lui-même, son attitude n'a pas changé depuis ces derniers jours, il évite mon regard mais lorsque nos regards se croisent, ses yeux sont de braise.

Alors que je remarque qu'un seul bureau est libre, j'entends des bribes de conversations entre mon père et John et le moins que l'on puisse dire c'est que leur discussion est plutôt animée. Je m'interroge sur ce qu'ils peuvent bien tramer tous les deux, enfermés dans leurs grands bureaux de verre. Tandis qu'ils finissent par sortir, ils ne tardent pas à nous interpeller, Alexander et moi. A voir l'attitude de mon père, je sens qu'il s'apprête à nous informer d'une délicate information.

-Nous sommes très heureux de vous accueillir dans notre cabinet aujourd'hui, néanmoins nous n'avions pas prévu de recevoir deux nouveaux collaborateurs. - il se tourne vers John en joignant ses deux mains - Nous avons pensé avec John, que pour commencer, que vous pourriez partager le même bureau et une même affaire. C'est une excellente méthode pour commencer, d'autant plus que vous représentez le futur de notre cabinet. Il faut que vous vous connaissiez parfaitement, et cette option nous semble donc être la meilleure pour que votre collaboration soit solide dès le début.

- Tandis que mon cerveau tourne à plein régime, je me dis que si seulement je pouvais avouer à mon père que connaitre parfaitement Alexander ne me déplairait pas, mais seulement, pas dans le cadre professionnel... Déjà qu'une certaine concurrence s'est installée entre nous, là, ça va carrément être la guerre. Je sens déjà, les tires à balles réelles pour cette affaire que nous allons nous chipoter. -

Alors que je croise le regard d'Alexander, il semble irrité par cette situation et je ne peux que comprendre, car je ne m'attendais pas non plus à ce cas de figure. Tandis que nous partons nous installer dans le même bureau, nous nous installons face à face. Je l'observe sortir ses affaires, tout dans ses gestes m'indiquent qu'il n'est pas satisfait de ce qu'il se déroule. Il ne m'adresse pas un regard pendant qu'il installe son ordinateur sur l'immense bureau en verre qui se dresse devant lui. Je me demande si je devrais tenter de détendre l'atmosphère mais une fois de plus, comment m'y prendre ? Bien qu'il soit charmant, son charisme à ses limites et à voir son attitude tendue, j'ai peur de le contrarier à la moindre de mes paroles.

Tandis que je m'active aussi à prendre possession de notre nouvel univers, je me dis en mon fort intérieur que je n'avais pas anticipé cette option où nous devrions travailler main dans la main. - est-ce une manigance de mon père et de John pour nous confronter l'un à l'autre ? Ont-ils remarqués que lorsque nous sommes au contact l'un de l'autre tout devient tendu ? - Pendant que je dépose mes affaires sur le bureau, un silence d'une rare pureté règne dans l'espace. Après plusieurs minutes dans cette inconfortable situation, c'est moi qui finis par briser ce silence d'or.

-Ecoute Alexander... Je suppose que tu ne t'attendais pas à ça, mais moi non plus. Mais même si ça ne m'enchante pas vraiment, maintenant que nous sommes ici, autant exceller à deux non ? Ca ne sert à rien que nous restions terrés dans notre silence, l'intérêt est que nous démontrions à mon père et à ton oncle que nous sommes capables de travailler en collaboration.

Alors qu'il m'adresse un simple hochement de tête en signe d'affirmation, je sais qu'il est un homme intelligent qui saura s'adapter à la situation. Pendant qu'il continue d'installer le reste de ses affaires, il finit par s'installer à la place centrale du bureau en plongeant ses grandes iris vertes foncées dans les miennes en joignant ses deux mains l'une dans l'autre.

-Non, je n'avais pas prévu d'avoir la fille de Marc Austin dans les pattes la première semaine mais... Puisque nous sommes là, tous les deux, nous allons donc pouvoir, parfaitement apprendre à nous connaitre comme vient de dire ton père. - me lance-t-il avec un air défiant en me fixant droit dans les yeux. Tandis que je l'observe sans dire un mot, l'air est chargé en testostérone et je constate que ses pupilles se sont fortement dilatées. Serait-ce due à l'excitation ? Cette perspective impulse une douce chaleur dans tout mon corps et pendant que je me perds dans ses iris, je me fais violence pour reprendre le contrôle de mon corps et de mes émotions. -

Pendant que je lutte toujours pour reprendre le contrôle sur moi-même, j'avoue que mon cerveau peine à construire une phrase politiquement correcte pour réussir à rétorquer quoi que ce soit. Alors que nous nous regardons toujours en chiens de faïence, je suis subitement sortie de ma rêverie lorsque j'entends mon père toquer à la porte de notre bureau. Je ne peux m'empêcher de faire littéralement un bon sur mon fauteuil sous le regard étonné de mon père. - s'il savait ce qu'il se passe dans ma tête à cet instant précis ; "Désolée papa mais tu tombes au mauvais moment, mon cerveau s'est clairement arrêté de tourner parce que je suis en train de fantasmer à fond sur mon collaborateur..." -

Tandis que je tente de garder la face du mieux que je peux, je jette un rapide coup d'œil à Alexander qui parait être parfaitement calme mais seulement en façade. Ses pupilles sont toujours très dilatées et sa jambe gauche sursaute à fréquence régulière. Je finis par me dire, qu'après seulement dix malheureuses minutes enfermés dans le même espace, nous avons déjà eu du mal à contenir nos pulsions, alors qu'est ce qu'il en sera dans les jours à venir ? J'ai presque l'impression que nous pourrions nous dévorer tout cru, au sens propre et au sens figuré du terme...