Fyctia

Tandis que je rentre dans ce bar bondé, je finis par rejoindre ma table où la dernière place de libre se trouve juste en face d'Alexander. - comme par hasard - Bien que, j'ai une terrible envie d'observer ses traits, après notre discussion, je prends soin de ne pas croiser son regard contrairement à lui qui ne se gêne plus pour m'adresser de longs regards appuyés. Il faut avouer que c'est un très bel homme, en plus d'être réellement beau, il dégage un charisme envoûtant qui ne pourrait laisser aucune femme indifférente à son charme, moi y compris. Néanmoins, quelque chose cloche dans son attitude... Il passe du feu à la glace en un claquement de doigt. Premier contact au cabinet, d'une froideur sans pareil, puis ce soir il me lance qu'il n'a aucune attention de m'arracher ma petite culotte, ce qui a, bien évidemment, eu le pouvoir de m'en donner encore plus envie. - à quoi joue-t-il, que cherche-t-il en me provocant de cette façon ? -

Malgré tout, le reste de la soirée se déroule à merveille, après plusieurs cocktails, un bon nombre de potins croustillants, plusieurs fou rire mémorable et quelques duels du regard avec Alexander, il est temps pour moi de rentrer à la maison. J'ai bien l'intention de profiter de ma famille demain, et je me dis que si je rentre très tard et très saoule, ce ne serait pas délicat de ma part pour mes parents et mon frère qui m'attendent demain. Tandis que j'informe l'assemblée de mon départ imminent, je salue chaleureusement chacune des personnes à table, je serre une poignée de main à Alexander et je me mets en route en compagnie de deux de mes amies.

Alors que je suis accompagné par Ophélie et Ester qui prennent le même chemin que moi, nous marchons tranquillement dans les rues illuminées de Londres, nous discutons à propos de tout et de rien et surtout de la relation entre Ophélie et Charli. Bien qu'elle ne veuille pas vraiment l'avouer, ils ont toujours eu une relation fusionnelle, à mi-chemin entre l'amour et l'amitié. Aucun des deux n'a jamais eu le courage de franchir le pas, mais nous savons tous qu'ils crèvent d'envie d'être plus que deux amis, la seule chose qui semble les retenir c'est la peur de gâcher une belle amitié. Pendant que nous rions aux éclats à ce sujet, je finis par apprendre que pendant notre séjour, un petit rapprochement s'est opéré entre eux mais qu'ils n'ont pas succombés au désir et à la tentation de s'avouer qu'ils fondent l'un pour l'autre depuis le début. Après une longue discussion, et de bons arguments pour tenter de pousser Ophélie à lui avouer ses sentiments, c'est Ester qui finit par se tourner vers moi avec les pétillants d'une drôle de malice.

- Dis moi, Alexander, c'est le nouveau collaborateur de ton père ? - me lance Ester avec malice -

- Oui ! Je l'ai rencontré cette après-midi, et je trouve qu'il est... - alors que je prends un temps de pause pour modérer mes paroles, c'est Ester qui reprend le relai -

- Qu'il est très sexy ! - je me mets à rire doucement devant son entrain légendaire -

- Je le trouve mystérieux, il souffle le chaud et le froid... Et comme il va travailler pour mon père, je vais le croiser au cabinet tous les jours...

- Toi il ne te laisse pas indifférente ma cocotte ! - rétorque Ophélie avec douceur tout en secouant son index sous mon nez, tandis que je me mets à rire doucement -

- Oh oui Mr l'avocat, donnez moi mon jugement dernier ! - se met à mimer Ester en théâtralisant mes paroles à ma place, ce qui me fait exploser de rire mais j'avoue n'avoir rien à rajouter. Oui, si un homme comme lui m'adresse mon jugement dernier, je ne me ferais certainement pas prier mais pour l'heure il n'en est pas question -

Durant tout notre trajet, elles ne se gênent pas pour m'administrer un interrogatoire digne de ce nom pour réussir à me faire cracher le morceau. J'ai terminé par assumer que je ne suis pas insensible à son charme mais que son attitude distant, parfois presque torturé et sexiste ne me plaisait pas vraiment. Et davantage, que nous allions devenir collaborateurs dans le même cabinet, les histoires d'amour qui mêlent le travail ne sont jamais de bonne augure, surtout dans notre domaine.

Nous terminons par devoir nous diviser en prenant trois chemins différents et tandis que je serre dans mes bras mes deux amies, dès que je me remets à marcher en direction de ma maison, je me plonge dans mes pensées. J'ai du mal à interpréter cette confusion qu'il laisse dans mon esprit, il me laisse aussi perplexe qu'admirative. C'est vrai que ce genre d'homme n'est pourtant pas mon type, mais il dégage une énergie qui m'attire irrémédiablement vers lui. Même si mon cerveau voudrait lutter, mon corps m'indique tout le contraire.

Alors que je finis par rentrer à pas de loup chez moi, toutes les lumières sont éteintes et j'en déduis que tout le monde dort. Je m'empresse de monter dans ma chambre où je me laisse lourdement tomber sur mon lit. Mes pensées dérivent toujours vers cet homme et je décide de le chercher sur les réseaux sociaux où je ne trouve rien, il semble n'avoir aucun compte, rien à son nom. - mystérieux jusqu'au bout me dis-je - Je reste perplexe face à son attitude, pourquoi s'applique-t-il à maintenir une puissante distance entre nous, est-ce par peur de craquer avec moi ? C'est évident qu'une relation au sein d'un seul et même cabinet serait difficile, mais même si nos corps sont attirés l'un par l'autre, ne vaudrait-il mieux pas succomber au désir ? Et pourquoi cherche-t-il à nous mettre en concurrence ? Le bel Alexander aurait-il peur que je lui fasse de l'ombre ? Cette perspective me fait pouffer de rire, ce serait tout à fait idiot, le monde est assez grand pour deux personnes ambitieuses...

Tandis que je médite un bon moment sur cette situation, ma soif d'en apprendre davantage sur cet inconnu reste aride et je meurs déjà d'envie d'en apprendre plus sur lui. Je me console en me disant qu'il me tarde déjà de le revoir lundi au cabinet pour en apprendre plus sur lui...