Fyctia

Tyler vivait dans une belle maison colorée victorienne. La maison possédait trois étages, six chambres et trois salles de bain. La maison était peinte d'une belle couleur bleu pastel qui se confondait avec celle du ciel. La maison était grise à l'origine. Tyler avait appris en cours que les maisons victoriennes à San Francisco avaient été recouvertes de gris pendant la Seconde Guerre Mondiale, mais qu'en 1963 un artiste avait décoré sa maison de bleu et vert. Ce qui avait amené certains à peindre leur maison. C'est pourquoi aujourd'hui des milliers de maisons victoriennes grises avaient été repeintes de couleurs vives.

Et aujourd'hui, le processus se poursuivait encore.

Arrivé chez lui, il se rendit compte que ses frères étaient tous présents, mais que seule sa mère était absente.

Sa mère a l'habitude d'être absente à cause de son métier de mannequin. Les absences avaient autrefois dérangé Tyler petit, mais maintenant, il était heureux que sa mère puisse faire le métier dont elle rêvait depuis toute petite. Il était fier de sa mère et de ce qu'elle représentait. Car elle représentait les femmes grosses, les femmes avec des rondeurs et des vergetures.

Elle inspirait les gens qui souffraient à cause des normes de la société (Maigre, musclé, cheveux lisses, peau claire, ventre plat...) à prendre confiance en eux et à s'assumer.

Sa mère, avec son agence de mannequinat, faisait également de la prévention, lorsqu'elle avait du temps libre, dans certaines écoles ou institutions, pour sensibiliser les jeunes face aux dangers du mannequinat et aussi sur la manière d'avoir plus confiance en soi. Elle sensibilisait aussi sur le harcèlement et les conséquences qui pouvaient en découler à cause de l'apparence ou le physique d'une personne.

Tyler ne savait pas comment s'habiller pour la fête d'Halloween qui avait lieu aujourd'hui. Il était avec Diego dans sa chambre, se disputant pour savoir quoi mettre. Ils avaient acheté des costumes, mais le sien lui paraissait maintenant ridicule.

C'était une combinaison orange, dont la couleur faisait mal aux yeux, accompagnée de fausses menottes.

— Mec, allez, les meufs vont adorer te voir dans cette combinaison ! Tenta Diego pour convaincre son ami.

— Je sais que je suis beau dans ce genre de combinaison, Diego, pas besoin de faire le lèche-cul. C'est juste que ça a l'air un peu absurde, souffla Tyler.

Après que Diego l'ait convaincu ou plutôt harcelé de porter son costume, ils partirent rejoindre le reste de leurs amis à la fête. Ils dirent tout de même au revoir à sa famille, mais ses frères en profitèrent pour lui sauter dessus.

— Alors comme ça, le petit frère part à une fête, hein ! J'ai l'impression que c'était encore hier, que tu n'étais qu'un pauvre gamin puceau qui me suppliait de le ramener à plein de soirées ! Taquina sans vergogne Mickael, le plus grand.

— Ah, je te comprends ! Les jeunes grandissent si vite. Je me rappelle encore quand t'as voulu embrasser cette fille et que tu lui as éternué dessus, je n'ai jamais autant ri ! Tu aurais dû voir le visage de la pauvre fille, mec, se moqua Jordan, le second de la fratrie.

— Les mecs, laissez-le tranquille ! Vous savez qu'il pourrait nous refiler sa poisse ! Répliqua Brandon, beaucoup trop amusé par la situation.

— Ce n'est arrivé qu'une fois et j'étais malade ! Rétorqua Tyler, agacé par leur taquinerie.

— Pauvre Tyler, toujours dans le déni, blagua Mickael.

— Les garçons, soyez plus gentils avec votre petit frère ! Ça arrive à tous de stresser dans ce genre de situation, réprimanda leur père depuis la cuisine d'un ton amusé.

— C'est vrai, Tyler n'est qu'un petit puceau stressé, taquina Brandon, ce qui eut pour effet de faire pouffer tout le monde de rire. Tyler crut même entendre des rires provenant de la cuisine.

Tyler souffla, visiblement exaspéré de leur taquinerie. Ce n'était pas comme s'il ne s'entendait pas avec ses frères, c'est juste qu'ils se disputaient et bagarraient constamment. Ils n'avaient jamais compris les frères et sœurs qui se disputaient et ne se battaient jamais. Même s'ils se battaient et se taquinaient sans pitié constamment, ils savaient que si un d'eux avait des problèmes ou avait besoin d'un rein, ils seraient les premiers à se venir en aide. Ses grands frères avaient toujours dit qu'il était de leur devoir de faire chier le cadet. C'était une soi-disant loi universelle. Et ils les poussaient constamment à chercher des objets pour eux ou de la nourriture parce qu'ils étaient trop passereaux pour se lever.

Sa famille était une famille de moqueurs avant tout. Bien qu'il aimait taquiner ses coéquipiers, il lui était impossible de gagner quand il était avec ses frères, ils avaient beaucoup trop de secrets et de moments embarrassants contre lui. Et malheureusement, Tyler ne détenait pas beaucoup de secrets contre eux. Et étant donné que c'était le petit dernier de la famille, ses frères avaient tendance à en profiter.

Une fois, Brandon l'a appelé, le coupant de l'entrainement, prétextant que c'était urgent. Tyler avait vraiment cru que quelque chose de grave s'était passé et il avait paniqué en pensant à des millions de scénarios qui défilaient déjà devant ses yeux. Il voyait déjà ses parents morts, ses frères dévastés et en famille d'accueil. Alors, quand il sut que l'urgence de Brandon était qu'il lui demandait de lui passer la télécommande à moins de 5 mètres parce qu'il était trop paresseux, il s'est juré de ne plus jamais répondre à ses appels. Et il a déclenché une vilaine bagarre avec Brandon, bien qu'il eut tout de même perdu à la fin. Son frère était beaucoup plus fort que lui.

— Papa, je pars à la fête !

— Ok, fait attention, fiston.

Tyler partit rejoindre Diego qui l'attendait dans sa chambre.

— Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ? Ce sont encore tes frères ?

— Ce sont toujours mes frères, ils ne veulent pas arrêter de me taquiner, ils pensent que j'ai encore douze ans, dit Tyler en roulant des yeux.

— Tu sais, j'ai toujours voulu savoir ce que ça faisait d'avoir des frères et sœurs, déclara rêveusement Diego.

— Crois-moi, tu ne veux pas savoir, répondit Tyler, sûr de lui.

— J'ai trop hâte d'aller à la fête ! Imagine le nombre de belles meufs qu'il y aura à la soirée ! Et elles seront peut-être même menottées, ça serait encore plus sexy !

— Bon, on peut partir maintenant, mon père est OK, dit Tyler en ignorant son commentaire sur les filles.