Fyctia
Un nouvel amour
Quand tu as eu huit ans, ton papa a perdu sa maman.
Je sais que tu n’as aucun souvenir de ce moment.
Elle est partie très vite, terrassée par un cancer foudroyant.
J’ai beau plonger dans mes souvenirs, je n’ai aucune idée de ta réaction lors de l’annonce.
Tout ce dont je me souviens c’est que tu as refusé catégoriquement d’assister aux funérailles.
Bien évidemment, nous avons respecté ton choix.
Ton papa a beaucoup souffert et c’est suite à ce drame, que notre vie a connu un revirement.
Ton papa jusqu’alors entrepreneur, peu présent, a voulu un enfant, un petit dernier.
Le décès de sa maman fut un électrochoc.
La vie passe vite .
Et la passer la tête dans le guidon se privant de moments privilégiés avec son noyau est une absurdité.
Il a fermé son entreprise, repris un emploi salarié et moi , je me suis donnée un an de réflexion pour donner suite à sa requête.
J’avais alors repris mes études de droit profitant de votre émancipation progressive.
Ce bébé reporterait mes projets d’une dizaine d’années, je le savais mais l’idée de ce petit dernier m’a fait baisser la garde et bien vite, mon ventre s’est à nouveau arrondi.
Je me suis beaucoup inquiétée pour toi durant cette grossesse (quel horrible mot !)
Depuis toujours tu étais le petite dernier, le "fils à maman", mon ombre.
Il n’existe quasi aucune photo de moi durant ces dix années où tu ne sois pas sur mes genoux.
Je me disais alors que ce bébé chronophage allait te déstabiliser à coup sûr.
Tu as pourtant montré une joie palpable et une véritable empressement à voir cet enfant arriver.
Lors de la révélation du sexe, ta sœur et toi avez tenu à être présents.
Tu voulais un frère, elle voulait une sœur.
J’espérais secrètement une petite fille.
Non que j’ai une préférence mais je me disais que pour toi ce serait plus simple d’être le seul garçon entre une sœur ainée et une petite dernière, que si ce bébé s’avérait un garçon tu perdrais non seulement ta place de petit dernier mais aussi celle d’unique fils de la fratrie.
Je nous vois encore tous les quatre, scrutant le petit écran , chacun espérant tel ou tel sexe.
Quand la gynéco nous a affirmé « c’est une fille », tu as poussé un cri de colère
-J’ai perdu !
Tu as été inconsolable et a refusé de m’adresser la parole tout le week-end.
Ta réaction m’a amusée je dois bien le reconnaitre.
Ta petite sœur est née le 26 septembre de ton année de CM2.
Tu as immédiatement montré pour elle un sentiment de tendresse infini.
Contre toute attente, c’est ta sœur ainée qui a eu du mal à gérer cette arrivée.
Comme quoi.
On a beau tout baliser, le hasard redistribue toujours les cartes.
1 commentaire
loup pourpre
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Il y a 7 mois