Vinnie Catz Tu voyais juste la vie en bleu Une fin de premier cycle

Une fin de premier cycle

Pour être parfaitement honnête , je ne me souviens absolument pas de cette dernière année d’école primaire, ni même de l’enseignante qui a succédé à Madame CATTEEUX.


Je me souviens juste que tu étais un petit garçon épanoui, un frère aimant, un fils fabuleux.


Tu avais des amis. Peu mais vrais.


Tu avais avec ta grand-mère une relation extraordinaire.

Depuis trois ans, vous passiez tous vos mardis soirs ensemble et tu rentrais dans la journée du mercredi l’ai épanoui du petit garçon qui fut traité en roi depuis la veille.


Quand nous parlons de ton enfance, toi et moi n’en avons pas la même vision. Tu en as souvent des souvenirs tristes et sombres.

C’est difficile à entendre, mais je respecte ton opinion.


Je me revois encore toiser les autres petits garçons du haut de mes vingt-huit, trente, trente-cinq ans.


Comme je les trouvais vulgaires, et violents et mal élevés ces petits garçons.


A coté de mon petit si doux, si sensible, si intelligent, ils me paraissaient tous tellement moins que toi, moins beaux, moins gentils, moins malins.

Tu étais tellement parfait à mes yeux.


A présent je réalise que ce qui les distinguait de toi n’avait aucun lien avec leur éducation.


Eux étaient légers, vivants , spontanés, quand toi tu étais déjà dévoré d’angoisses et de devoirs inconscients.


Je me demande souvent si ma rigidité a pu jouer un rôle dans ce que nous apprendrons des années plus tard ?


Aurais-je pu l’éviter ?


J’ai pour le moins une responsabilité génétique sans le moindre doute .


Cette année s’est donc déroulée dans une sorte de flou artistique.


Ta petite sœur était comme toi, un bébé peu facile, nous privant de sommeil et de calme. Elle hurlait beaucoup et vivait collée à moi dans une écharpe.


Rencontrerai je avec elle les mêmes difficultés qu’avec toi ?

Elle te ressemble tant ! Alors je guette et je balise au maximum sa vie pour ne pas refaire les mêmes erreurs en me disant que peut être alors, nous lui éviterons de tomber dans les mêmes pièges.


L’année de ton CM2 a donc été marquée par deux évènement majeurs, à commencer par la naissance de Victoire.


Je sais que tu n’aimes pas quand j’aborde le sujet mais je suis certaine que ce second événement a eu un effet dévastateur sur ton cœur trop fragile de petit garçon sensible.


En février , peu après ton anniversaire, Maman, ta grand-mère adorée est venue nous annoncer le drame qui allait faire basculer notre vie.


Cancer, stade 4, incurable, six mois, deux ans tout au plus.


Ces mots , des années plus tard déclenchent toujours chez moi un torrent de larmes.


Il n’y a aucune vie épargnée, mon cœur. Aucun de nous n’échappe au malheur.

Le drame tape où on s’y attend le moins .

C’est pour ça qu’il faut vivre intensément chaque jour sans nuage.

J’aimerais tellement que tu le conscientises.


Je me souviens encore de l’annonce qu’elle a tenu à vous faire elle-même, de la terreur que j’ai lue dans ton regard, de la douleur qui se reflétait en chacun de nous, des larmes de ta grande sœur et de toi qui répétait inlassablement « mais tu vas guérir hein tu vas guérir ? » et de maman qui te répondait qu’elle ferait tout ce qui était humainement possible pour rester auprès de vous le plus longtemps possible.


Maman s’est lancée dans le combat et toi tu as commencé les migraines et les insomnies.


Tu as aimé ce chapitre ?

3

0

0 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.