Fyctia

A la maison tu étais un petit garçon bourré d’humour, dynamique et insouciant, mais aussi facilement impressionnable.

Si je levais le ton, tu piquais un phare.

Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai mis les formes pour que tu ne fondes pas en larmes alors que je te demandais juste un peu moins de bruit, ou de te dépêcher pour partir.

Tu ne faisais plus jamais de colère, ça t’était finalement vite passer. En revanche tu avais tendance à faire un drame de tout.

Si, fatiguée je me montrais un peu impatiente tu te tétanisais littéralement.

J’avais finalement rarement à te reprendre car tu avais pris le pli de me comprendre d’un seul regard.

Tu imagines donc ma stupéfaction lorsque ta maitresse a demandé à me voir en urgence un soir au débotté.

-Madame, le comportement de Donovan devient très problématique. Avant de mettre en place une réunion avec l’équipe pédagogique, je tenais à vous en parler.

-que se passe t’il ?

moi qui te trouvais épanoui en ce moment, je tombais des nues

-Il devient ingérable. Il chante quand je demande le silence, soupire bruyamment dès qu’il a fini son travail, rigole chaque fois que je pose une question. Il devient insolent et ça devient très compliqué.

Mon fils ???? Ce petit garçon qui pleure si j’ai le malheur de lui donner un ordre trop vivement ? Celui là même qui se liquéfie devant un commerçant ?

On parle bien du même ?

-Sans mettre en doute votre parole, je vous jure que je ne connais pas du tout le petit garçon dont vous me parlez.

- et pourtant , il est allé jusqu’à danser sur sa chaise la semaine dernière pendant le moment de silence.

J’ai un peu honte de l’avouer aujourd’hui, mais je n’ai pas cru ta maitresse. De toute évidence l’équipe t’avait pris en grippe et forçait exagérément le trait.

-Je vais lui parler mais je vous assure que je ne l’ai jamais vu insolent.

-Parlez lui toujours, mais si ça continue, nous devrons mettre en place une réunion .

Fabuleux!

Je n’ai pas été parfaitement honnête, je le confesse.

Depuis quelques temps tu confondais humour et insolence, ne saisissant pas où se situait la limite.

Je n’en prenais pas forcément ombrage, mais je voulais que tu comprennes à quel moment l’humour ne fait plus rire et peut faire mal.

Mais de là à t’imaginer grimper sur une table et répondre à ton enseignante, ça me semblait gros.

Elle s’était pourtant toujours montrer droite et bienveillante.

Je me suis alors tourner vers la fameuse mamie bénévole pour savoir ce qu’il en était vraiment.

-pardon de vous ennuyer mais il semblerait que mon fils fasse un peu le pitre en classe , je me demandais si vous l’aviez noter ?

-Il est un peu facétieux ces derniers temps , en effet

J’ai littéralement senti les frissons me parcourir dans tout le corps.

Après avoir écouter le récit des pitreries récentes auxquelles tu te livrais en une seule heure de temps mon cœur s’est figé.

Toi, si doux, si calme, si discipliné, tu avais deux visages, celui de mon petit garçon et celui d’un parfait étranger.

Je t’en ai parlé évidemment dès le soir même.

- Mais maman je m’ennuie tellement ; as-tu plaidé

-C’est intolérable ! Tu n’as pas le droit d’embêter ta classe . Tu dois respecter ta professeure. Je suis très déçue de ton comportement !

Tu as éclaté en sanglots, inconsolable. Mes mots étaient visiblement, une terrible punition.

Ca m’a fait mal de voir ton chagrin, mais cette fois ci, je ne t’ai pas consolé.

Le respect est à mes yeux une valeur bien trop précieuse.

Tu as pleuré longtemps.

Moi aussi.

Tu m’as promis de ne jamais recommencer.

Tu m’as promis d’être bien sage.

Je suis certaine que tu as fait de ton mieux.

Pourtant , moins d’un mois plus tard , j’ai été solennellement convoquée avec ton papa , ta maitresse, la directrice ainsi qu’une infirmière ou je ne sais qui , qui n’a pas desserré les dents de l’entretien