Fyctia
Accusés, levez vous!
C’était un vendredi soir, je m’en souviens comme si c’était hier.
Il était seize heures trente, nous devions attendre que tous les élèves sortent. Tous, sauf les deux nôtres, retenus au même titre que leurs parents.
Je me souviens de cette impression de tribunal que m’a donnée votre école ce soir là.
Nous attendions dans la cour tels deux accusés juste avant la comparution.
L’autorité m’a toujours angoissée. Il parait que la peur du gendarme est obsolète. Chez moi elle est prégnante.
La directrice et sa copine psy, ou je ne sais quoi, sont passées devant nous sans nous adresser un regard.
Ta maitresse est venue nous accueillir.
Si être reçu à l’école est rarement une partie de plaisir, cet entretien relevait clairement de la garde à vue.
Nous nous sommes assis dans un silence pesant, quand ma chère copine, madame la Directrice, a pris la parole.
-Vous n’êtes pas sans savoir que Donovan rencontre de nombreuses difficultés largement aggravées ces derniers temps.
Je sentais mes joues rosir et les larmes de colère monter.
J’étais coupable , apparemment, oui , mais de quoi ?
-Nous estimons que pour le bien de votre fils et de tous, il faut crever l’abcès.
La psy me regardait d’un drôle d’air, me rappelant les scribouilleurs de procès.
-Communiquer, votre enfant ne comprend pas, sévir, votre enfant ne comprend pas. Nous sommes à bout de solutions.
-J’ai , pour ma part, tout essayer, tente d’adoucir ta maitresse. Donovan a un souci. Madame x (la psy scribouillarde) l’a rencontré cette semaine.
Heu, mais c’est légal, ça ? Je veux parler à mon avocat !
-Elle pense que votre fils aurait besoin de rencontrer un psy.
Je me tournai vers la psybouilleur qui restait muette comme une carpe mais hochait la tête en signe d’acquiescement.
Honnêtement, je ne savais quoi répondre.
D’un coté, j’étais fâchée que mon fils ait vu un psy ou je ne sais quoi sans être prévenue et , en même temps, je n’avais rien contre. S’il en avait besoin alors, soit.
Ton père ne répondait rien. Il me faisait penser à un enfant pris en faute.
Il était perdu, je le sentais, dépassé.
Moi aussi du reste.
-Je n’y vois pas d’inconvénient, si ça peut l’aider.
J’entrevis une once de sympathie dans les yeux de la directrice. C’était assez rare pour le noter.
-Il serait bon de ne pas trop tarder.
-Je prendrai rendez-vous dès demain.
Je n’ai jamais trop apprécié les psys.
D’abord, parce qu’au divorce de mes parents, ma mère m’a emmené en voir une. La meilleure pédopsychiatre de la région, ou pédopsychologue, je n’avais que six ans après tout, ça ne m’a pas marqué.
Cette dernière m’a fait faire de nombreux dessins de maison. Je ne me souviens pas vraiment qu’elle m’ait déjà adressé la parole, mais j’imagine que si.
Je ne me rappelle pas de nos conversations, en tous cas.
Ce dont je me souviens en revanche, c’est qu’après plusieurs séances elle s’est contentée d’un « votre fille n’a plus besoin de séances, bon courage pour l’élever Madame, ça ne va pas être simple »
J’ai depuis toujours pensé que les psy étaient finalement, peut-être plus dingues que leurs patients et qu’entendre les autres parler de leur malheur, les rassurait sur leur propre vie.
Certaines de mes amies en ont consulté par moment, et apparemment, ça leur a fait du bien.
De bonne composition, je décidai de mettre un mouchoir sur mes opinions et de conduire, optimiste, mon garçon chez une psy réputée de notre ville.
6 commentaires
Oswine
-
Il y a 9 mois
Naelly2023
-
Il y a 9 mois
Lys Bruma
-
Il y a 9 mois
Véronique Rivat
-
Il y a 9 mois
Vinnie Catz
-
Il y a 9 mois
Irma Ladousse
-
Il y a 9 mois