Marie Andree TRUTH 4. Sea, selfies and sun (2/2)

4. Sea, selfies and sun (2/2)

{Nolan}


Ça va buzzer de fou, a affirmé Sandy quand l’idée de la retraite dans les Hamptons lui est venue.

J’ai grincé des dents. Moi, Nolan Bass, sans téléphone ni fringues de luxe ou produits de beauté pendant 36 h ? Au milieu d’illuminés qui méprisent mon mode de vie et réussissent à vivre d’eau de coco et de méditation sur la plage ? Un calvaire, à coup sûr.


Pourtant, j’ai passé une excellente journée auprès de Gloria.


Je l’ai trouvée détendue ici, plus qu’à New York. Elle était vêtue d’un short en jean - recyclé, bien sûr — et d’un débardeur. Sa peau, à peine hâlée, est douce, j’ai eu du mal à me rappeler que nous sommes un faux couple.


Durant le dîner, nous discutons à bâtons rompus de nos marques de mode et de beauté préférées. J’essaie de défendre les miennes face aux autres personnes présentes et même Gloria m’aide, par moments. J’admire d’ailleurs le fait qu’elle connaisse aussi très bien les grandes maisons de luxe européennes.


Après le repas, nous nous retrouvons seuls sur la plage. La lueur de la lune, presque pleine, jette des reflets sur le bois flotté échoué sur le sable.


— C’est si beau, ici, soupire-t-elle.


Je me tourne vers elle pour la contempler.


— Oui.


Elle sourit, timide. Je pose une main sur sa joue et la caresse de mon pouce. Elle se rapproche de moi et cela me décide à l’embrasser.


Pas de témoins, pas de smartphones.


La vérité, seulement.


Elle me plait.


Avec un petit gémissement, elle passe ses bras autour de mon cou et sa langue autour de la mienne. Je grogne : elle me plait vraiment. Je pose des mains fermes sur sa taille pour la serrer contre la preuve de mon désir. Une fraction de seconde plus tard, elle me repousse avec tant de force que je trébuche presque.


— Non !


Mon cœur bat à cent à l’heure. Que lui arrive-t-il ?


Les yeux écarquillés, elle a mis une main devant sa bouche.


— Je suis désolée, Nolan, déclare-t-elle d’une voix tremblante. Je ne sais pas pourquoi j’ai réagi ainsi.


Le ventre retourné, je prends conscience que je m’en suis toujours douté.


— Moi, je sais. Quelqu’un t’a fait du mal, n’est-ce pas ?


Tandis que des larmes coulent déjà sur ses joues, elle secoue la tête pour nier.


— Gloria ? Tu veux en parler ?


— Non, je peux pas.


Elle éclate franchement en sanglots, je serre les poings pour ne pas pleurer. J’ai envie de la prendre dans mes bras, je n’ose pas. J’ai envie de lui dire que tout va bien se passer, je ne veux pas mentir. Alors je ne fais rien. Comment pourrais-je l’aider de toute façon ?


C’est elle qui s’avance et se blottit contre moi. Je sursaute, surpris, et me ressaisis vite : je place une main dans son dos et murmure des paroles rassurantes et creuses à son oreille. Sa respiration est hachée, cependant ses pleurs se calment. J’entends à peine les premiers mots qu’elle prononce.


— J’habitais à Los Angeles, à l’époque. J’avais trop bu et j’ai quitté la boite toute seule, à pied, pour rejoindre une rue dans laquelle passaient plus de taxis. Il m’a peut-être vue dans le club, je sais pas. Il m’a abordée pour me demander du feu, et puis il a mis ses mains sur ma taille, et…


Sa voix trébuche sur elle-même. J’essaie de repousser les images qui me viennent à l’esprit. La rage gonfle en moi, inexorable, puis s’étouffe dans l’impuissance.


— Je suis désolé, Gloria. Je sais pas quoi dire.


— Y a rien à dire, note-t-elle entre deux reniflements. C’est d’un banal…


Je secoue la tête mais ne la contredis pas. Est-ce plus facile pour elle de se persuader de cela ?


— Je n’en ai jamais parlé à quiconque avant ce soir.


— Tu veux dire à part à l’hôpital ou quand tu as porté plainte ?


— Non. Je n’ai rien fait de tout ça. Je suis rentrée chez moi quand il a eu fini. Et je n’ai jamais rien dit.


Mon cœur se brise et s’étonne à la fois. Pourquoi me raconte-t-elle, alors ?


— Tu aurais dû en parler, je remarque avec douceur. Cela t’aurait aidé à aller mieux, plus vite.


— J’avais trop honte.


La rage reprend le dessus sur tout le reste.


— Il n’y a aucune honte à avoir, je déclare, la mâchoire serrée. Ce qui est arrivé n’est pas de ta faute.


Je la sens hausser les épaules contre moi. Je caresse ses cheveux et l’arrière de sa nuque.


— Viens, on rentre.


Ses larmes brillent sous la clarté de la lune. Nous remontons la plage, main dans la main, en silence, jusqu’à notre chambre.


J’avise alors l’unique lit et mon ventre se comprime.


— Je peux dormir par terre, si tu veux.


— Non ! Ce n’est pas nécessaire. On dormira chacun d’un côté.


— T’es sûre ?


— Oui, Nolan.


Elle semble lasse tout à coup. Nous nous préparons vite et nous allongeons. Après un maigre sourire et un « bonne nuit » murmuré, je me tourne de l’autre côté, le cœur lourd.


Comment pourrais-je l’aider ?

***

{Gloria}

Je n’arrive pas à dormir. Aidée par la lune, je contemple le joli profil de Nolan. Ça palpite dans mon bas ventre. Et s’il représentait mon salut ?


J’avais oublié un point crucial, lorsque je me suis enfuie de Los Angeles : les followers et les likes importent peu. Ma guérison prime et le chemin qui me conduit vers elle est encore long.


Décidée, je me colle contre son flanc et suis les lignes noires de ses tatouages sur son avant-bras. Il émerge petit à petit du sommeil et pose des yeux surpris sur moi.


— Gloria, ça ne va pas ?


— Si, tout va très bien.


Je passe ma jambe sur la sienne et commence à embrasser son oreille, sa mâchoire, son cou. Il place une main dans mon dos, je me serre encore plus contre lui.


— T’es sûre ? s’enquiert-il dans un murmure.


— Oui. C’est pour de faux, de toute façon. Je ne peux pas avoir peur de quelque chose de faux.


Il grimace, je décide de l’ignorer.


— D’accord. Tu me dis si ça va pas, OK ? Le moindre geste, le moindre mouvement, n’importe quoi, et on arrête.


Des papillons s’envolent dans ma poitrine devant sa gentillesse.


— OK.


Le cœur battant, je pose mes lèvres sur les siennes.


Il m’enveloppe alors dans une bulle de tendresse jusqu’au petit matin.

***

L’ironie.


Cela fait longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien avec quelqu’un. Depuis deux ans, je refusais toute relation. Je pensais ne plus jamais ressentir de plaisir avec un homme. Je ne pensais qu’aux mains de l’autre sur ma taille et aux bleus qu’il m’avait légués.


Avec Nolan, c’est pour de faux. Pourtant, ce que j’ai ressenti avec lui cette nuit est vrai. Bien plus vrai que tous nos selfies sur les réseaux sociaux. J’aimerais lui dire, je n’en ai pas le courage.


Après un réveil tout doux, nous nous laissons porter par le programme de la retraite, peu ou prou similaire à celui de la veille. Dans le train du retour, nous nous tenons la main et nous jetons des regards, entre deux scrolls compulsifs sur nos téléphones, enfin retrouvés.


Ce n’est qu’au beau milieu de Penn Station qu’il ose me parler vraiment.


— Hey, Gloria, y a plus grand-chose de faux, entre nous. Pour moi, en tout cas.


— Pour moi non plus, murmuré-je.


Il hoche la tête et pose son front contre le mien.


J’ai peur du bonheur. Il ne dure jamais.

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42 commentaires

Livia Thomson

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Il y a 9 mois

Ne m’achève pas dans le dernier chapitre stp 😅

Marie Andree

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Il y a 9 mois

Mais non ! C'est de la New Romance après tout 😅

WildFlower

-

Il y a 10 mois

Trop mignon cette fin de chapitre 🥰

Marie Andree

-

Il y a 10 mois

🥰

Narélia L

-

Il y a 10 mois

Oh il est trop gentil Nolan je craque aussi 🥰

Marie Andree

-

Il y a 9 mois

🥰🥰

Debbie Chapiro

-

Il y a 10 mois

Un chapitre émouvant, mais du coup j'ai peur de la suite.

Marie Andree

-

Il y a 10 mois

😘

Chris Vlam

-

Il y a 10 mois

Un peu de douceur dans un monde de fous

Marie Andree

-

Il y a 10 mois

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