Fyctia
Fashion&Fitness~ Araya
Hanna reste assise sur mon lit, silencieuse, roulant un fil invisible autour de son doigt. Maa lui a appris la nouvelle du mariage. Son regard rivé sur le sol, je me demande ce qu’elle pouvait bien penser en ce moment. Si seulement j’avais le don de Maat…
—Toc, toc , toc ! lance la voix de Lily.
La porte s’ouvre et mon amie, les bras surchargés, rentre sans attendre de réponse.
—Coucou mes douces ! chantonne -t-elle. Un coup de main ? Il reste encore quelques affaires dans Luxe…
Hanna se propose, pour aller les chercher.
—Qu’est-ce que tu fais ? questionné-je Lily, quand elle pose son tas au milieu de mon lit.
Un carton de snacks en tous genres. Des chips au chocolat, en passant par les biscuits et des petits fours. Elle souffle un coup et grimpe à coté de ses affaires.
—Je dois profiter de chaque seconde, Ary. On peut me chasser à tout moment, repond-t-elle.
Elle est plus angoissée que je ne le pensais. Elle sort son téléphone de sa poche arrière, tapote dessus, puis le range, en me jetant un coup d’œil concerné.
—Toi, ça va ? Tu fais un drôle de tête.
J’hésite à lui confier mon chagrin, elle a son lot de problème. Je lui souris et balaie nonchalamment sa remarque de la main.
—Ce n’est rien. Alors pour demain, tu es prête ?
—Nah. Nope. Non.
Elle déplie ses longues jambes et se couche, en posant sa tête sur ma cuisse. Son visage prend une expression de lassitude infinie. C’est la première fois que je la vois si abattue. D’habitude, c’est elle mon rayon de lumière, la boule d’énergie qui me redonne de la force.
—Je me suis tellement habituée à ce pays, je ne m’imagine pas devoir le quitter. Tout ça à cause de cet…imbécile.
Sa voix est remplie de détresse. Je laisse ma main plonger dans sa chevelure et masse doucement son crâne. Les traits de sa figure se détendent et elle ferme les yeux.
—Les hommes, soupire-t-elle. Ils te promettent la lune, mais n’hésitent pas à te poignarder si l’occasion se présente. Ils ne nous méritent pas. J'ai même envie de rester célibataire à vie.
—Ils ne sont pas tous pareils, tu sais.
—Tu es tombé sur un prince, c'est différent. Un bon prince.
—Le meilleur sans doute, dis-je, pensive.
Il ne m’aurait jamais fait de mal, ne m’aurait jamais trahit de la sorte, comme le fait l’ex de Lily. Celle-ci n’est pas si innocente dans l’histoire. Elle avait trompé son compagnon avec un autre, avant de le quitter. Mon amie est habituée aux relations libres, elle pratiquait l’échangisme. Malheureusement pour elle, ce mode de vie ne convient pas à cet homme.
—Si Aké ne s’était pas mêlé de votre histoire, vous seriez toujours ensemble, n’est-ce pas ?
Mes mains s’arrêtent toute seule. De surprise, j’écarquille les yeux. Le nom d’Aké ? Je suis certaine de ne l’avoir jamais prononcé devant elle.
—Lily, comment connais tu son nom ?
Elle rouvre les yeux et se redresse à moitié sur le coude.
—Tu me l’as dit, non ? fait-elle perplexe.
—Je t’ai raconté l’histoire du prince charmant et de son frère. Je ne me rappelle pas avoir évoqué leurs noms.
Elle hausse l’épaule et me rétorque qu’ils sont des princes après tous. Des gens populaires dont on entend souvent le nom à la radio ou à la télé.
—Oui. Je suis bête, murmuré-je.
Quand j’y pense, la chaîne de télévision d’Azbare va sûrement diffuser la cérémonie en direct. J'imagine revoir Jae, le jour de son mariage avec une autre femme. Je pince mes lèvres à cette idée.
Hanna revient avec le reste des affaires de Lily. Des habits neufs, emballés.
—Merci Banana ! l’accueille mon amie, en se levant pour les récupérer. Vous allez m’aider à m’habiller pour demain. Je veux faire bonne impression, il faut que je sois parfaite, pour mieux convaincre l’avocat.
Hanna et moi échangions un regard, puis un rire m'échappe . C’est le monde à l’envers. La grande Lily Avila, qui demande des conseils vestimentaires auprès de nous ! Elle se retourne et plisse des yeux, nous dévisageant l’une et l’autre. Après un raclement de gorge, je reprends :
—C’est toi la reine de beauté. Mieux que personne, tu maîtrises l’art de l’habillement. Nous n’avons pas les mêmes notions de la ‘’perfection’’. Ce qui est beau à Azbar, peut tout à fait être considéré comme abjecte ici, et vis versa.
—Vous avez un style différent du nôtre, confirme –t- elle. En plus, il me faut un avis masculin.
—J’ai une idée ! s’exclame Hanna.
Son visage est illuminé, elle est curieusement enthousiaste.
—Hmm, j'écoute, dit Lily.
Hanna prend une inspiration et entame :
—Coach Dylan, il faisait des vidéos avec sa femme. Une mannequine, pour de vrai. Elle donne des conseils, des astuces de beauté, et pleins de tutoriels sur le maquillage et l'habillement. Le coach juge ses looks et explique ce qui ne va pas avec chacun d’eux. Ils ont fait beaucoup de vidéo dans ce genre.
Lily ne semble pas convaincue, elle se tourne vers moi.
—Mais Dylan est un coach sportif, je pensais que sa chaîne serait plus consacrée à ce domaine, fais-je, dubitative.
—Oui, mais pas que. Sur sa chaîne personnelle, il parle plus de sport et de motos. Il en a un autre en commun avec sa femme, où il est plus question de fashion et de fitness. Elle aussi possède sa communauté, dédiée à la mode.
Je suis étonnée par la passion que porte ma sœur à ces choses-là. Je comprends enfin ce qu’elle faisait, tout le temps collée à son téléphone.
—Banana, j’espère pour toi qu’il est vraiment efficace. On va le regarder ton Dylan.
Lily pose son carton de nourriture par terre, sort son ordinateur portable et le place près de la tête du lit en l’allumant. On se met toutes les trois sur le ventre, les visages tournés vers l’écran, avec Hanna au milieu et Lily vers la porte. Elle se connecte et tape le nom que ma sœur lui a donné, pour retrouver le compte du couple sur youtube.
Elle lance une première vidéo, intitulée « How to be effortlessly Chic », (comment être chic sans effort). La jeune femme que j’avais vue sur les photos dans le bureau du coach apparaît. Elle est encore plus belle et sourit d’une oreille à l’autre, en saluant sa communauté. Elle est rejointe
par Dylan, qui commence à expliquer le concept.
—Oowh, Mamacita ! S’époumone Lily.
Elle met la vidéo en pause, quand le visage du coach s’affiche en gros plan.
—Vous voyez ce que je vois ? demande –t-elle. C’est lui Dylan ? Cet Apollon ?
—Oui, dit fièrement ma petite sœur.
— Ce n’est pas vrai ! Il est craquant. Dieu l’a bien sculpté. Non mais, regarde-moi ses pommettes ? Ses lèvres ! Pouff. Et je dois laisser tout ça derrière moi ? se lamente –t-elle, en gesticulant des mains. Quel destin cruel, mon doux Jésus, tu dois venir en aide à ton pauvre serviteur. Je veux rester pitié.
J’étouffe un rire.
—Tu es dramatique !
—Les filles, mettez-vous bien, on va se faire un marathon de toutes ses vidéos.
Elle ouvre deux paquets de chips et les place devant nous. La lumière éteint, ma chambre se transforme en salle de cinéma. Star du jour : Dylan Eperly. Mon esprit divague ailleurs.
11 commentaires
Alec Krynn
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Il y a 5 ans
Lyaminh
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Il y a 5 ans
Luna-Bella-Me
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Il y a 5 ans
Véronique Rivat
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Il y a 5 ans
Luna-Bella-Me
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Il y a 5 ans