Fyctia
Slow down, coach~Araya
—Je peux vous parler ? fais-je
—Ça dépend . Si c’est pour me demander de laisser quelqu’un jouer, je vous arrête tout de suite, dit –il.
Est -t-il doué comme Maa ? Comment a -t-il deviné si vite et si juste?
—Comment vous…?
—J’en reçois à chaque match, des demandes comme ça. Coach mon enfant …coach ma sœur…, il parle en imitant ses solliciteurs d’une vilaine voix, avec des grimaces hilarantes. Est-ce qu’un entraîneur peut gérer son équipe en paix dans cette ville ? Je vais finir par démissionner !
Je me sens tout à coup gêné. De quel droit allais-je lui montrer comment faire son travail. Jae a entraîné Hanna au basket. D'après le résultat final de leurs efforts, je trouve que ma petite sœur a bien évolué. Mais peut-être que ce n’est pas assez.
—Eh bien, je…
—Je rigole ! fait- il, en éclatant de rire, face à mon embarras apparent. Par contre, pour faire entrer votre poulain sur le terrain il faut payer. Cent dollars, c’est un prix pour les jolies demoiselles, comme vous, annonce-t-il le visage parfaitement sérieux.
—Quoi ? m’écrié-je
— Encore une blague. Vous n’êtes pas jolie , ça non. Comptons cent cinquante dollars pour vous.
Cette fois-ci je lui envoie le ballon de toutes mes forces, espérant le taper au ventre avec. Il réussit tout de même à l’attraper. Je secoue la tête, riant avec lui. Je suis tombée sur un farceur.
—Je peux te tutoyer ? Oui ? Parfait. Tu as jeté ça comme un caillou. Regarde et apprend, dit-t-il.
Il prend appui sur ses pieds, une main sous la balle, l’autre sur le côté et la fait rouler en l’air, avant de marquer. Le ballon longe le filet et retombe dans mes bras.
—Tadaa. Maintenant, je file me changer, fait-il en se retirant.
Il marche trop vite pour moi, je le suis, n’ayant pas fini avec lui.
—Hé ho ! Vous ne m’avez même pas laissé parler.
—Pas besoin. Je maîtrise l’art de lire dans les gens. Toi, il n’y a que trois raisons qui ont pu te pousser à venir me voir. A- Tu veux mon numéro de téléphone. Et la réponse est non, je ne suis pas un homme facile. B-Tu souhaites avoir un un rencard avec moi. Toujours non. Pour la même raison. C- Tu veux faire jouer Hanna Heina, auquel cas, je te souhaite bon courage.
Il parle en levant les doigts pour énumérer les options, sans pour autant s’arrêter ou même se retourner. Je le rattrape en courant presque.
—Ce n’est ni A, ni B. Pourquoi directement pensée à Hanna ?
—Tu restes dans son dos tout les matchs. Ensuite, vous vous ressemblez comme deux gouttes d’eau. Mais elle fait une plus belle goutte que toi. Elle prend soin d’elle. Toi ? Mignonne, mais habiller comme...n’importe quoi. Une criminelle, niveau Look. Te regarder, donne une migraine à mes yeux.
Non, mais...je rêve ?
—Vous êtes toujours aussi ...
—Franc, direct, oui. Rien de méchant, mais tu massacres ton image et c'est dommage.
—Rapide ? Familier ? corrigé-je.
Je crois entendre Lily. Tout homme qu'il est, il est bien plus soigné que moi. À Azbar, j’adorais me parer, en compagnie de ma sœur. On dotait nos saris blancs d’accessoire élégant, pour flatter notre apparence. J’ai longtemps cru que Jae était surtout impressionné par ces parures. Puis il y a eu cette fois, qui me reste en tête.
***
Alors que j’étends les habits sur le fil, après une longue journée de lessive, il reste à même le sol, les jambes croisées, un nouveau carnet en main. Son visage penché sur celui-ci, il semble ravi de ce qu’il avait fait. Il sourit de cette façon singulière que j’avais remarquée chez lui, chaque fois qu’il était content. Curieuse, j’essuie la sueur sur mon front, et m’assois à côté, avec mon pantalon en lin blanc, mouillé jusqu’au genou.
—Je peux voir ?
—C’est ma plus belle œuvre, dit –il, tout heureux, en me le tendant.
Un coup d’œil me suffit, pour déduire qu’il exagère.
—C’est ridicule, dis-je, ne pouvant m’empêcher de rire. C’est juste une jeune femme banale, rien de spéciale. Je ne porte même pas de bijou là, ni mes ornements habituels.
—Il n’y a rien de banal en vous. Je vous laisserais volontiers remplacer les fleurs dans mon jardin. Votre charme naturel est émouvant, personne ne peut y rester insensible. Ce que vous dégagez est exquis. Cette flamme dans vos yeux, reflète la grandeur de votre âme. On dirait une déesse. Vous riez, mais c’est très vrai. Votre simple beauté, ferait pleurer le ciel.
Sa voix me parvient telle une musique envoûtante. Mais je ne sais que faire de tous ces compliments. Je me contente d’en rire nerveusement, en le poussant légèrement du coude.
—Quel beau parleur ! Vous êtes aussi poète, à ce que je vois.
—C’est plutôt vous qui êtes un poème. Qui m’attire et me terrifie à la fois.
Mon cœur manque un battement. Je ne suis pas sûr d’avoir bien entendu. Je l’attire ? Moi ? Je vois son visage devenir écarlate. Ces paroles, semble lui avoir échappé. Il s’arrête, l’air confus, fixe par terre, puis se met sur les coudes pour contempler le ciel qui s’assombrit.
—Ary, Ce n’est pas ce que je voulais dire, se reprend-t-il.
Je hoche la tête, et m’engage dans une autre conversation.
—Ce n’est pas juste. Le fait que vous sachez tout de moi et moi rien de vous. Même pas un nom.
—Vous êtes déjà fatigué de m’appeler J ? Sourit –t-il distraitement. Que dites-vous d’un surnom ? Prince charmant, par exemple ?
Voilà un drôle d’oiseau. Mon mystérieux ami, tient à son anonymat comme à la prunelle de ses yeux. Sa prétention me fait rire. J’ai déjà vu notre prince Aké. Il a effectué plusieurs apparitions dans le quartier des intouchables, avec son horde de gardes et ses accoutrements royales, somptueux. Son frère est plus discret. Peu de gens le connaissent dans notre parti du royaume. Je crois qu’il ne veut pas se rabaisser à fouler le sol des impur. Quand j’y pense, ses initiales correspondent effectivement à ceux que mon ami utilise. Jae Loe Kainan.
—Vous avez même emprunté ses initiales, pour entrer dans votre personnage. J, si vous êtes prince, c’est que je suis reine, me moqué-je. Les membres de la famille souveraine sont très occupés et ne perdent pas leurs temps à traîner avec ceux de mon rang. À part cela, ce surnom vous va comme un gang.
Il sourit amusé par mes propos. Les gros nuages dans le ciel, subitement, commencent à déverser de fines goutte d'eaux. Je plains mes linges.
—Oh, oh ! Le ciel va pleurer, comme vous dites.
—Il faut se sauver, répond –t-il, faisant mine de se lever.
—Non, ne bougez surtout pas, le retiens-je.
—Quoi ? Mais on va être mouillé si on reste là.
—Non, on va sentir la pluie, c’est différent.
Il ne relève pas. Le compagnon parfait pour une danse sous les perles d'eaux.
***
—Ici la terre, me rappel le coach.
—Euh...oui, à propos d'Hanna, elle traverse une mauvaise passe. Je vous demande juste de faire attention à elle.
Je jette un regard suppliant. Pourvu qu'il ait un petit cœur, dans ce grand corps.
—C'est ce que je fais avec toutes mes joueuses. Mais Hanna a un sérieux problème, dit -il en s’arrêtant à la porte des vestiaires.
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Alec Krynn
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Il y a 5 ans
Michbonj
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Il y a 5 ans
Luna-Bella-Me
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Il y a 5 ans
Véronique Rivat
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Il y a 5 ans
Luna-Bella-Me
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Il y a 5 ans