Fyctia

En sortant de la salle de bain, je m’habille de résolutions et vais préparer le dîner. Tom ne va pas être content d’avoir une salade composée dans l’assiette. Attendant qu’il descende, je sors mon téléphone et commence mes recherches sur les réseaux sociaux. J’élimine directement les hashtags « mer », « plage », ou « port ». Je cherche des photos récentes prises sur les communes alentours. Rien à part des cafés, des terrasses en photo, la cathédrale etc mais pas Elle.

Tom finit par arriver et fait une moue dégoûtée en voyant son assiette, si bien que je lui balance en m’esclaffant « Monte sur ta chaise haute et n’oublies pas de mettre ton bavoir ». Il me tire la langue et on éclate de rire. C’est libérateur.

« Dis-moi, à tout hasard, tu n’aurais pas ajouté la jeune femme de tout à l’heure sur l’un de tes réseaux ?

- Tu devrais plutôt demander à Milo, me répond mon meilleur ami. C’est lui qui, à chaque fois, va à sa rencontre.

- A chaque fois ?! Comment ça à chaque fois ?

- Bhe, c’est cette fille que Milo a fait tomber à l’eau dimanche. ».

Il a dit ça comme si c’était évident. Bien sûr, évidemment, j’aurai dû m’en douter ! C’est vrai que ce gros malin m’a fait un portrait-robot !

Je lui fais les gros yeux et nous mangeons en silence. Il faut que je trouve un moyen de la revoir avant de devenir fou. La douceur de sa peau, son parfum, sa chute de rein m’obsèdent. Je ne la connais pas et pourtant, je sais que c’est Elle.

Mon coloc’ m’aide à débarrasser la table et on part se coucher chacun de notre côté. Je me suis fait à l’idée que je ne pourrai pas m’empêcher de penser à Elle. Une fois accepté, c’est plus facile de dormir.

Je me réveille de nouveau vers 5 heures du matin avec la sensation d’avoir dormi dans ses bras, alors qu’Elle n’est pas là. Je devrai plutôt dire : alors qu’elle n’est pas encore là.

Ce matin, je ne m’habille pas seulement de nouvelles intentions mais j’enfile aussi ma tenue de sport pour ma séance de course à pieds matinale. L’avantage du bord de mer en été dans le Sud de la France étant principalement la fraîcheur matin. Quand je descends pour rejoindre la porte d’entrée, je vois que Milo est lui aussi bien réveillé, je décide de l’embarquer avec moi se dégourdir les pattes. Nous courons un temps sur la promenade, avant de rejoindre le bord de mer et son sable humide. J’en profite pour me déchausser et ainsi faire quelques sprints, pieds nus, sentant le sable frottant ma peau à chaque pas. Je ne pense à rien, je me contente de ressentir. Sentir le sable sous la voute plantaire, sentir l’air marin à chaque inspiration, sentir la fraîcheur de l’eau qui me mord quand je m’y introduis jusqu’aux genoux. Je savoure cet instant de calme, de paix intérieure avant de retourner à la maison et de me préparer pour aller au bureau.

Il est environ 9 heures quand j’y arrive. Après avoir passé en revue mon avancée et celle de Tom sur les projets en cours, je consacre une partie de la matinée à trier les mails de la société. Il faut bien que l’un de nous deux s’en occupe ! Il y a quelques temps de cela, j’avais mentionné à Tom mon intention d’étendre notre activité en répondant à des appels d’offre des collectivités locales du secteur et ce que je viens de trouver dans notre boîte aux lettres est plutôt intéressant. Il se trouve qu’il existe dans notre jolie petite ville un cabinet de consultants qui pourrait nous aider dans cette démarche. Il faut dire que non seulement le flyer présente bien, mais aussi le logo et les références que j’ai pu trouver sur leur site.

Je prends l’un des post-it se situant sur le bureau et note les différentes coordonnées. Le cabinet se trouvant à quelques centaines de mètres de notre bureau, je pense m’y rendre très prochainement.

En fait, je n’ai pas vraiment attendu pour m’y rendre à pied. Je me suis contenté de laisser passer la nuit avant de me retrouver, en fin de matinée, en costume afin d’être le plus professionnel possible, devant la porte d’entrée du cabinet.

Alors que je m’apprête à lever la main pour toquer à la porte, un petit écriteau reprenant la police du flyer m’interpelle :

Merci d’entrée sans frapper,

On vous attend avec le sourire !

Lire cette petite pancarte fait se relever la commissure de mes lèvres, malgré moi je souris et me décide à entrer dans le cabinet.