Fyctia

Sans que je ne prenne le soin de vraiment le détailler, je vois juste qu’il s’agit d’un homme en costume bleu marine, chemise blanche. Je jette un dernier regard à Côme, alors que l’inconnu prend la main que je lui tendais.

Ce toucher. La pulpe de ces doigts. Je regarde ma main, avant de trouver son regard, complètement électrisée par ce contact.

Je sais que c’est Lui. Aucun doute possible. Pour cacher mon trouble le plus rapidement possible, je lui tourne le dos et me hâte en direction de mon bureau. Je l’attends sur le pas de la porte et l’invite à rentrer poliment. Lorsqu’il passe devant moi, je suis envahie par son parfum et je me revois au bar, le fameux soir. Celui qui m’a tant perturbé.

Je laisse la porte du bureau entrouverte, avant d’aller m’installer sur mon siège, bien droite, si peu sûre de moi. Il faut que je donne le change, alors je me retranche derrière le masque professionnel. C’est ainsi que j’ai confiance en moi, je sais que je vais prendre de l’assurance dans mon discours de présentation.

« - Je vous en prie, n’hésitez pas à m’interrompre au fur et à mesure de la présentation des prestations. De la sorte, nous pourrons définir au mieux les compétences que nous pouvons mettre à votre service, dis-je à l’inconnu-connu.

- A vrai dire, sa voix grave résonne dans la pièce alors même qu’il semble tout juste murmurer, l’une de vos compétences m’intéresse tout particulièrement du fait de ma profession. »

Je hoche la tête pour l’inviter à m’en dire d'avantage, me préparant à prendre des notes, lorsqu’il reprend :

« Mon associé, ainsi que moi-même, enfin surtout moi, nous souhaiterions étendre notre activité d’architecte. Sur votre brochure, il est indiqué que votre cabinet peut nous accompagner dans des démarches afin de répondre à des appels d’offre.

- C’est exact, réponds-je me redressant sur ma chaise. Nous pouvons dans un premier temps vous présenter ce que sont les marchés publics dont découlent les appels d’offre, savoir où en trouver et comment y répondre. Puis nous pouvons également vous apporter des conseils juridiques sur les délais et les procédures vous permettant de répondre à l’appel d’offre visé. Je tiens d’ores et déjà à vous le préciser, nous ne rédigeons pas d’actes juridiques qui relèvent de la compétence des avocats. ».

Je le vois arquer son sourcil droit, je décide alors de reprendre la parole pour plus de précisions.

« S’agissant de tout contentieux qui peut subvenir, nous n’avons aucune compétence et je vous dirigerai vers un avocat par un courrier. Mais, parce qu’il y a toujours un "mais" et des subtilités en droit, notre cabinet, à savoir un de mes collaborateurs et moi-même pouvons intervenir dans le cadre d’une médiation en lien avec les marchés publics. »

Je prends le temps de respirer après cette dernière tirade et de poser les mains bien à plat devant moi pour rester concentrer, alors que je remarque qu’il est rasé de près et que ses joues ont l’air incroyablement douces. Elles ont l’air d’attendre que j’y dépose mes lèvres. (Et puis quoi encore ? Vite se concentrer, se concentrer … et soupirer en revenant à la réalité).

« Je pense que nous pourrions fixer une date de rendez-vous afin d’approfondir le sujet et que je puisse éventuellement vous poser de plus amples questions, intervient-il.

- Bien sûr, nous pouvons convenir d’une date. Il faudra prévoir une plage horaire assez conséquente de l’ordre d’une demi-journée, précis-je, avant d’ajouter : votre associé sera également le bienvenu ! ».

Même si bien sûr je ne le veux que pour moi. (Merde, faut que je me ressaisisse, il est encore dans mon bureau).