Fyctia

Quelques secondes avant de démarrer, j'essaie de reprendre mes esprits en appuyant ma tête contre le volant, exaspérée de mon attitude. Si je pouvais me baffer sans passer pour une folle, je le ferais. Mais voilà, je suis une jeune adulte consciente du regard des autres (je m'en soucis un peu trop parfois même), donc je m'abstiens. Sur le trajet du retour me vient une idée qui pourrait être la solution à mon besoin de penser à autre chose que cet inconnu. Une fois garée, je monte les escaliers quatre à quatre avant de débouler comme une furie dans mon appartement. Je prends le temps de fermer ma porte à clef, avant de me déshabiller en vitesse et de rejoindre ma salle de bain. J'entre dans ma douche, dévisse le pommeau comme prise par l'urgence de me défaire de ces pensées qui me hantent. Je me cale contre l'une des parois et tente de maîtriser ma respiration. Nue. Prête à m'accorder du temps pour moi.

Je laisse couler l'eau pour qu'elle chauffe. Une fois tiède, je passe en douceur le jet sur tout mon corps, sur mon visage pour terminer de me détendre et peu à peu je me laisse aller. Le plaisir montant par vague, je m’amuse à le faire monter et descendre en modifiant la température. Froide, passant sur mes seins, faisant durcir et se dresser mes pointes. Chaude, descendant plus bas, sur cette fameuse zone où les terminaisons nerveuses sont si nombreuses. Je ne réfléchis plus, enfin. Ma respiration commence à se saccader. Je suis au bord du gouffre, prête à plonger dans l’extase. Je me bride encore un peu, retenant le moment de l’implosion, quand d’un coup mes pensées deviennent incontrôlables.

J’imagine la pulpe des doigts qui se sont posés sur mes reins. Je l’imagine sur le mont de mon intimité. J’imagine l’une de ses grandes mains posées sur mon sein gauche, alors qu’il est posté derrière moi. Je perds complétement la raison quand, dans mon imagination, il murmure de sa voix grave, son souffle chaud dans mon cou, qu’il va me prendre.

Cet orgasme m’a mise KO, à bout de souffle. J'ai eu du mal à reprendre ma respiration. Toute énergie s'est vidée de mon corps. Les jambes tremblantes, je me relève tant bien que mal pour sortir de la douche. Pour être détendue, on peut dire que je le suis !

Je me passe de l'eau froide sur la visage, puis je pose mes mains sur le rebord du lavabo avant de redresser la tête. Dans le miroir, je suis face à une moi encore nue, avec les joues rouges et la poitrine se soulevant, s'abaissant au rythme de chacune de mes inspirations et expirations.

Bien qu'on soit encore en été, je me munis d'un plaid avant de m'affaler sur le canapé et de lancer une série. J'en profite pour terminer de me vider la tête, d'ailleurs, voulant absolument éviter de relancer mon cerveau, je me contente de nouilles instantanées (bien refroidies) pour le dîner.

Ce soir, je me couche tard. Ce n'est ni dans mes habitudes, ni une bonne chose, car je travaille demain. En tant que directrice d'un cabinet de conseils, je me dois de montrer l'exemple. Je me traine jusqu'au lit comme une épave. Ce n'est pas vraiment beau à voir. Perle me gronderait surement. Je l'appellerai, si je survis à la journée de demain. Et c'est avec cette réflexion que je me glisse dans le lit.