Fyctia

Je regarde mes mains comme si elles étaient brûlées à vif. Mon meilleur ami me parle depuis que je l'ai retrouvé à la terrasse du bar, mais je ne comprends rien à ce qu'il me dit. Je ne l'écoute pas vraiment. Je suis complétement perturbé à la fois par mon comportement et par cette sensation de brûlure. Si bien que je tourne et retourne mes mains devant mon visage comme un idiot. Elles ne sont ni rouges, ni gonflées, ni rien du tout qui sorte de l'ordinaire.

Pour me recentrer sur la conversation, j'attrape mon verre de cognac. Le liquide ambrée me sort un peu de mon monde et je tente tant bien que mal de reprendre le cours de la discussion avec mon meilleur pote. Je ne pense pas avoir loupé grand-chose, quand je me rends compte qu'il me raconte son dernier ébat avec la fille qu'il fréquente exclusivement pour ça.

J'essaie de recentrer la conversation sur notre cabinet d'architecture et mon souhait d'étendre notre marché.

« Tu es sérieusement en train de me parler boulot un samedi soir, en plein été ?!

- Il n'y a pas de bon ou mauvais moment pour s'assurer de notre avenir financier, je lui réponds sèchement. »

On se regarde en chien de faïence pendant un moment. Tom hausse un sourcil, il attend des explications. Je capitule en soufflant et me passant une main sur le visage. Il va me falloir un autre verre.

J'attends que le serveur arrive avec notre commande et le remercie avant de prendre la parole. Enfin, c'était sans compter la patience légendaire de Tom, qui me presse à peine le serveur a-t-il eu le temps de tourner les talons.

« Aller, accouche ! La dernière fois que je t'ai vu dans cet état c'est quand tu allais proposer à Gabrielle de partir en week-end à Barcelone. »

Je tique à l'évocation de ce prénom. Avec le temps, je ne lui en veux plus de m'avoir planté comme un con. J'étais un véritable idiot. Mais je ne vais pas mentir, son évocation me remue toujours un peu.

« Alors quoi, dis-moi ! Une fille a refusé de coucher à toi ? insiste Tom.

- Non, je ... Putain ! je suis lâche. Je ne vaux pas mieux que l'autre abruti.

- Je comprends rien à ce que tu racontes, mec. »

Je souffle un bon coup, serre et desserre les poings avant de reprendre le plus calmement possible. C'est-à-dire en essayant de ne pas m'auto-gifler.

« Il y avait cette fille au bar, dans sa robe satin dos nu, qui avait l'air de se faire emmerder. Je n'ai pas réfléchi, j'ai fait semblant d'être son mec, histoire de faire fuir l'emmerdeur. Et aussitôt qu'il est parti, j'ai ...

- Tu as ? reprend Tom.

- J'ai pris la fuite pour revenir là où on est installé. Et, depuis ...depuis que je l'ai touché, j'ai l'impression de m'être brûlé. »

Tom commence à ouvrir la bouche, sûrement pour me sortir une de ses conneries, alors je lève la main pour lui faire signe de se taire.

« Je n'ai pas besoin que tu me sortes des salades. »

Tom ne peut pas s'empêcher de parler, je vois bien qu'il se retient. Enfin, jusqu'à ce qu'il me sorte : « Retrouve la, idiot ! »

Merci Sherlock et je commence par où ? Je n'ai aucune idée de son identité et un vague souvenir de son physique. Juste son odeur aussi douce et sucrée que le caramel, et sa peau tiède au creux de son dos, qui m'a marquée au fer rouge. Mais tout ça, je me garde bien de le lui dire. Je me contente de finir mon verre et de me lever. La soirée est finie pour moi. Je fais signe à Tom qu'il peut rester, je n'ai pas besoin d'une nounou pour me raccompagner.