Fyctia
Chapitre 8
Mélia
Ma nuit a été assez agitée, je le sens car je me réveille avec l’impression d’avoir fermé l’œil quinze minutes. C’est une sensation très désagréable, je sais déjà que la journée sera longue mais mon planning n’est vraiment pas chargé donc au pire je tenterai de faire une petite sieste cet après-midi.
Il n’est que six heures et demi, je décide de me lever quand même et j’ai faim. Il faut dire que mon dîner d’hier n’était pas très copieux. Je prends mon petit déjeuner en regardant une série sur Netflix, la dernière saison de Grey’s Anatomy pour être précise. Je les ai toutes vues et cela m’amuse beaucoup de remarquer les incohérences dans les scénarios et l’exagération des situations mais qui n’aime pas se rincer l’œil devant le fameux Dr Mamour ou encore Alex Karev, mon préféré !
J’envoie un petit message à ma tante pour savoir si elle a passé une bonne nuit et si je peux l’appeler. Quelques minutes plus tard, mon portable sonne.
- Coucou Tati !
- Bonjour ma chérie, tu es déjà réveillée ?
- Je n’ai pas bien dormi cette nuit et j’étais levée tôt mais c’est à toi qu’il faut poser la question !
- J’ai un petit peu mal quand même, heureusement il y a la pompe à morphine, c’est vraiment magique !
- N’hésites pas à l’activer dès que la douleur se fait sentir..
- Oui Docteur !
Nous discutons encore un peu, elle me demande mon programme de cet été, je lui annonce que j’ai été engagée à la clinique, je sens qu’elle évite le sujet « Greg » et je l’en remercie du fond du cœur.
Ça me fait vraiment beaucoup de bien de parler avec elle, comme avant, je me rends compte qu’elle m’a vraiment manqué.
Je lui demande qui s’occupe du camping lors de son hospitalisation, heureusement, me dit-elle, Tim s’occupe de tout. Elle a entièrement confiance en lui et elle sait qu’il saura tenir les rennes en son absence. En plus, la saison n’a pas encore commencé et il n’y a qu’une dizaine de campeurs prévus pour cette semaine.
En parlant de ce Tim, je lui dis, il n’est vraiment pas commode ! Quand il m’a téléphoné pour me prévenir hier, il m’a raccroché au nez ! Il n’a même pas pensé à me dire où tu étais emmenée…
- Ho tu sais, il n’est pas très sociable, il n’a pas eu une vie facile, mais quand on prend le temps de le connaître et de s’intéresser à lui, quand on arrive à percer sa carapace, c’est vraiment une crème.
- Mais ! Tu ne m’as jamais parlé de lui, il y a longtemps qu’il travaille au camping ?
Elle me raconte qu’il est arrivé il y a plus ou moins trois ans, avec sa tente Quechua et son sac à dos. Il lui a demandé si il pouvait louer un emplacement pour plusieurs semaines. Normalement elle n’accepte pas mais il semblait tellement démuni qu’elle a dit oui. Quelques semaines plus tard, il lui a demandé si elle n’avait pas du travail pour lui car ces économies commençaient à vraiment diminuer et il n’avait nulle part où aller.
Elle a appris à le connaître car au départ il ne parlait vraiment pas beaucoup et elle avait un petit peu peur de son côté renfermé, homme des cavernes. Il a commencé à se confier sur son passé, ses parents décédés très jeune, son grand père qui n’a pas voulu de lui, son enfance à l’orphelinat.. et quand à onze ans il a cru qu’il allait pouvoir se construire dans une vraie famille d’accueil ça été le désenchantement complet.
Son beau père buvait beaucoup en dehors de ses heures à l’usine et ils l’avaient accueilli uniquement pour les allocations. Il n’était pas maltraité mais pas aimé non plus. Il n’était pas vraiment doué à l’école donc à ses dix huit ans il n’y est plus allé. Personne ne s’intéressait à lui de toute façon.
Vu sa déscolarisation, ses parents d’accueil n’ont plus reçu d’allocations, ils l’ont gentiment mis à la porte de chez eux quelques mois plus tard.
Il a vadrouillé dans toute la France, travaillant comme saisonnier dans des vignes l’été, si il avait de la chance de trouver un employeur, il restait quelques mois au même endroit mais c’était très compliqué de trouver un emploi fixe vu qu’il n’a aucune qualification jusqu’au moment où il est arrivé chez ma tante.
Depuis, il s’occupe de la maintenance et de l’entretien du camping. Heureusement il est autodidacte et il apprend très vite. Il répare, rafistole, remet les bungalows en peinture et entretien les espaces verts. Elle n’a jamais eu de remarque à lui faire mis à part son côté solitaire et le fait qu’il n’adresse jamais la parole aux campeurs.
Je comprends mieux maintenant pourquoi il me semblait si froid, pourquoi être poli et parler aux gens n’est pas facile, à mon avis on ne lui a jamais appris, simplement.
Je ne sais pas pourquoi mais il m’intrigue beaucoup maintenant.
Je promets à ma tante de la rappeler au plus vite et surtout qu’elle n’hésite pas à me contacter si elle a besoin de quoique ce soit.
- Justement maintenant que tu me le proposes.. les semaines à venir vont être très compliquées pour moi et tu m’as dit que tu ne commençais pas à travailler avant six semaines.. je me demandais si tu ne voulais pas descendre jusqu’à Tournefeuille quelques semaines pour m’aider comme tu l’as déjà fait.. tu te souviens ton job d’étudiant ?
Un long silence plus tard…
- Je vois comment je peux m’organiser et je te rappelle très vite…
6 commentaires
Sabi Sima
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Il y a un an
chiara.frmt
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Il y a un an
Carl K. Lawson
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Il y a un an