Fyctia
Chapitre 2 : Eli - Partie 1.
C’est encore endormie que je pose un pied dans l’aéroport d’Atlanta. J'ai passé une grande partie de ma nuit à pleurer en préparant mes affaires. J'ai regardé chaque pièce de la maison, les unes après les autres, les larmes aux yeux avant de me rendre au garage de mon père, dans lequel je me suis effondrée. J'ai encore du mal à réaliser, que plus jamais je ne rentrerai dans ce garage en l'entendant chanter, la tête penchée au-dessus d’un moteur. Que je ne le verrai plus rentrer le soir, du cambouis sur le coin du nez et que je ne serai plus réveillée par ses hurlements, car une voiture refuse de démarrer. Beaucoup seraient heureux que cette vie s'arrête, mais pas moi, car c'est comme ça que je l'aime. Me réveiller dans un endroit presque désertique, où l'horizon est sec et rempli de cactus et autres arbres typiques de l'État du Nevada. Je ne verrai plus cette image digne d'une carte postale pendant plusieurs mois, pour laisser place à la ville. Le béton, le bruit, avec des gens qui se pensent civilisés, alors qu'il n'en est rien.
J'attends patiemment ma valise, les bras croisés et les yeux rivés sur le tapis roulant. J'ai pris avec moi quelques vêtements de mon père, car je sais qu'ils me serviront. Tout particulièrement sa veste en cuir, que je porte actuellement. Je peux encore percevoir la douce odeur de son parfum. Je sais que c’est une question de temps avant qu'elle ne disparaisse, alors j’en profite le temps que c’est possible. Je commence déjà à perdre patience d’attendre ma valise, au point que ma jambe tressaute d’elle-même. Je ne préfère même pas penser à ma voiture, qui ne sera pas là avant quelques jours. Angoisse et mauvaise humeur seront au rendez-vous tant qu’elle ne sera pas devant mes yeux.
Josh va faire la route de Reno, jusqu'à Atlanta au volant de ma Mustang, qui est le dernier cadeau que j'ai reçu de mon père et autant dire que j'y tiens énormément. J'ai confiance en Josh, c’est l'un des meilleurs conducteurs que mon père avait pour les runs, avec moi. Je sais qu'il prendra soin de ma voiture et qu'elle arrivera entière, mais le trajet est de trente-sept heures. Je me retiens de le bombarder de messages, juste pour savoir où il en est, mais je n'ai pas envie de le déranger. Il faut que je prenne mon mal en patience, car je sais qu'il me contactera dans la soirée pour me dire où il se trouve.
Ma valise arrive et je me jette pour la récupérer. Je l'ouvre et vérifie qu'il ne manque rien, avant de m'avancer vers la sortie. Plusieurs personnes avec des panneaux sont à la recherche de passagers qui passent en courant à mes côtés pour rejoindre leur famille. Je m'arrête un instant, quand le prénom ELIZABETH, noté en majuscules et en rouge sur une grande pancarte, m'arrache les yeux. Je m'avance vers celle-ci, peu enthousiaste. Je ne supporte pas qu'on m'appelle par mon prénom au complet car je ne l'aime pas. En l'espace de quelques secondes, je me retrouve face à ma mère et sa nouvelle famille. Tous me regardent avec un sourire ravi, une véritable vision de film d’horreur.
— Je suis tellement heureuse de te revoir, Elizabeth, annonce ma mère, la voix tremblante, submergée par l'émotion.
Elle s'avance doucement vers moi, les bras tendus, prête à me serrer contre elle. Il en est hors de question ! Immédiatement, je fais un pas vers l’arrière et tend mon bras vers l’avant pour l’empêcher de s’approcher davantage. Je ne supporte pas qu’une personne que je ne connais pas me touche, elle est peut-être ma mère, mais ça ce n’est qu’aux yeux de l’état. Dans mon coeur, elle n’est rien. Elle n’a été qu’une pièce essentielle afin que j’arrive au monde. Elle n’a jamais été présente et quoi qu’elle fasse, elle ne le sera jamais.
Son sourire s’efface peu à peu, pour laisser place à de l’incompréhension. Les larmes s’invitent petit à petit, jusqu’à ce qu’elle ne parvienne plus à les retenir. Elle s’éloigne en laissant exploser son chagrin aux yeux de tous, nous faisant remarquer à la sortie de l’aéroport. Tout ce que je déteste, ça commence bien ! Je la regarde disparaître au loin, sans ressentir la moindre émotion. La douleur qu’elle ressent actuellement, ne m’atteint pas le moins du monde.
Je reporte mon regard vers les autres personnes présentes et remarque immédiatement leurs yeux ronds comme des billes. On lit parfaitement le malaise sur leur visage, ce que je peux comprendre. Ne voulant pas faire mauvaise impression, je décide de prendre les devant :
— Je suis désolée… Je ne supporte pas qu’on me touche, grimacé-je.
L’homme qui semble être le père de famille, avec ses cheveux grisonnants et sa petite bedaine, demande quelque chose à ses enfants. Les deux filent immédiatement sans broncher, me laissant seule avec leur paternel qui s’approche de moi, tout en s’arrêtant à une distance sociale plus que correcte. Il m’offre un léger sourire sympathique.
— Ne t'inquiète pas, elle comprendra ! Je m'appelle Harold, se présente-t-il.
Il fait un pas supplémentaire et me tend généreusement une main. J’hésite un instant, puis la saisit.
— Tu as fait un bon voyage, Elizabeth ?
— Eli, je préfère qu'on m'appelle de cette façon, lui précisé-je.
— Très bien ! Est-ce que tu as besoin de quelque chose avant que nous ne rentrions ? Tu as peut-être faim ou quelque chose à nous demander ?
— Je ne vais pas vous mentir, je n'ai pas vraiment d'appétit avec ce que je traverse en ce moment… J'ai avant tout besoin de me reposer et de me retrouver un peu seule, soufflé-je.
Il hoche la tête et me sourit une fois de plus de façon agréable. Cet homme semble tellement compréhensible et appréciable, que s’en est perturbant. Je ne peux m’empêcher de me poser un tas de questions après cet échange rapide. Est-ce une belle image qu’il se donne en public, afin de m’amadouer ? Comment un homme aussi sympathique au premier abord, est-il capable de vivre avec une femme qui a abandonné sa fille pendant dix ans ?
Nous traversons l'aéroport en silence, pour nous rendre jusqu'à la voiture où tout le monde nous attend. Leurs yeux sont une fois encore rivés sur moi et je ne supporte pas ça. Je sais que je suis différente et il suffit de nous regarder pour voir le contraste entre nos deux vies. Je lâche un soupir d’agacement, qui n’échappe pas à Harold. L’homme s’empresse d’intervenir auprès de sa petite famille, afin qu’on cesse de m’observer . J’arque un sourcil tout en reportant mon regard sur lui, qui me sourit toujours.
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LC. Blake
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Céline Carberge
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