Fyctia
Chapitre 1 : Eli - Partie 2.
Elle marque un temps d’arrêt, puis reprend :
— J’imagine que cela ne va pas vous plaire, mais il aimerait que vous partiez vivre chez votre mère à Atlanta le temps de sa peine ou au moins, jusqu’à vos vingt-et-un ans.
— Quoi ? Mais… Ce n’est pas possible !
La panique s’installe en moi et ma vision devient à nouveau floue. Je lève les yeux pour tenter de retenir mes larmes et avale ma salive difficilement. C’est d’une voix tremblante, que je demande :
— Quand vous a-t-il fait part de ça ?
— Ce matin. J’en ai pris connaissance avant de débuter l'audience.
— Mais pourquoi ? m’énervé-je.
— Ecoutez mademoiselle Jones, je suis juge et les raisons ne m’intéressent pas. Je prends le temps de vous transmettre son souhait et rien ne m’oblige à le faire. Par contre, si je peux vous parler en tant que mère, je comprends sa décision !
Ma jambe tremble nerveusement et je triture mes doigts tellement la colère s’empare de moi. Je balaie mes larmes d’un geste rapide de la main et bloque mon regard sur mes jambes, n’ayant pas la force de croiser son regard.
— Je ne vois pas l’intérêt d’aller vivre chez une femme qui m’a abonné quand j’étais plus jeune. C’est autant me mettre en famille d’accueil !
— Votre père à fait tout le nécessaire avant d’être condamné et il semblerait que votre mère accepte de vous recevoir, vous placer n’a aucun intérêt, surtout à votre âge. Votre père vous donne peut-être la chance de pouvoir renouer avec votre mère, mais également d'avoir des réponses à vos questions. De tous les hommes que j’ai pu croiser dans cette salle d'audience, il est certainement le père le plus aimant que je n’ai jamais vu.
Renouer ? Et puis quoi encore...
— Comment vais-je faire pour venir le voir ? Elle ne me laissera jamais traverser le pays pour une visite... Il n'est peut-être pas un exemple, pour beaucoup c'est un hors-la-loi, qui n'a que ce qu'il mérite, mais je ne le vois pas comme ça !
— Et de quelle façon le voyez-vous ?
— Comme un homme courageux, qui assume ses erreurs et qui a mis sa vie en danger pour récupérer le corps de ce pauvre garçon. Quelqu'un de déterminé et d'ambitieux, qui s'est battu pour m'élever en prenant soin de m'inculquer des valeurs et des principes, expliqué-je.
— Dans ce cas, vous devez parler de lui de cette façon ! Je ne dis pas que votre père est quelqu'un de mauvais et les témoignages à la barre confirment vos dires. Cependant, il y a des lois à respecter et les enfreindre entraîne des sanctions. Dites-vous que vous pourrez le retrouver une fois que sa peine sera terminée et il aura besoin de vous, de votre soutien pour se réinsérer dans la vie hors de la prison, me dit-elle d'une façon très douce. Je pense que le fait d’accepter son souhait, le soulagerait et l’aiderait à réaliser sa peine dans les meilleures conditions !
J'avale ma salive difficilement et ne parviens pas à répondre. Je prends le temps de réfléchir et retourne la situation dans tous les sens. Je n’ai aucune envie de renouer avec ma mère, mais si le fait de partir à Atlanta peut rassurer mon père, je suis prête à tout. Après plusieurs minutes de réflexion, c’est à contre-cœur que je décide d’informer la juge que j’accepte de partir à Atlanta.
Elle m'informe qu’un taxi est prévu et qu’il me conduira à l'aéroport de Las Vegas tout en me remettant un billet d’avion. Elle m'annonce que celui-ci décollera à dix heures cinquante demain matin et j'atterrirai un peu moins de quatre heures plus tard à l'autre bout du pays.
Je soupire en découvrant que mon départ est aussi précipité, car je n'aurais qu'une nuit pour faire mes adieux à tous les amis que j'ai ici, pour rejoindre l'inconnu. La juge me congédie et je quitte le bureau, sans lui adresser le moindre regard.
Je traverse les couloirs du tribunal, le corps présent, mais l'esprit totalement ailleurs. Je passe les portes menant à l'extérieur et me fais éblouir par les flashs des appareils photo. Plusieurs personnes se jettent sur moi, micro à la main pour me harceler de questions, que je ne perçois même pas. J'essaie du mieux que je peux de me frayer un chemin à travers cette foule d'hystériques pour rejoindre ma voiture dans le parking et m'enferme à l'intérieur.
La horde de journalistes me poursuit et encercle mon véhicule, m'empêchant de partir. Si les choses continuent ainsi, je vais finir par rejoindre mon père en prison. Je mets le moteur en route et monte le son de l'autoradio à fond, afin de masquer tous les bruits de l'extérieur. Je m'enfonce dans mon siège et prends le temps de souffler, tout en ignorant ce qui se passe autour de moi. Finalement, Atlanta ne sera peut-être pas si mal, le temps que toute cette affaire se tasse.
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@CelineCarberge.
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