clara.yae The Devil in love Chapitre 4

Chapitre 4

Assise sur l’herbe sèche du gigantesque lac, sous les rayons brûlants du soleil matinal, j’observais le céleste reflet du ciel sur le surface de l’eau bleutée teintée d’un vert mousseux.

J’observais la petite bande de canards cancaner à tue-tête, se déplaçant aux gré des douces vagues créées par la brise. Cette brise fraîche qui soulevait avec elle les diverses odeurs salées des eaux calmes, venant y chatouiller l’intérieur de mes narines, mes poumons s’imprégnant de cette agréable dose d’air frais qu’il m’était rare de savourer.

Ici, le temps était plus frais que dans la capitale. Sans doute dû au fait que le lac en lui-même déjà froid devait rafraîchir ses environs, sans parler de la cascade qui se trouvait à quelques centaines de pas d’ici. Si on s’y rapprochait de trop près, on risquait d’être éclaboussé de milliers de petites perles cristallines presque congelées.

J’étais venue tôt avec ma famille, à la demande de certains qui souhaitaient essayer de pêcher quelques poissons.

En vain. Forcément,

De mon côté, je n’aimais pas la pêche. Je ne comprenais pas ce qu’il y avait d’intéressant à rester assis pendant des heures, attendant qu’un poisson morde à l’hameçon. Et puis, pourquoi pêcher du poisson quand on pouvait directement l’acheter ? La perte de temps était-elle plus importante que la perte d’argent ? Et surtout, pourquoi pêcher du poisson pour le relâcher aussitôt.

Je trouvais cela absurde.

Le temps était la chose la plus importante de ce monde, il régnait en maître sur nos vies. C’était lui qui gérait la longévité de notre vie et de celle de tous les autres êtres vivants sur cette planète. C’était le temps qui nous offrait la chance de pouvoir jouir des petits plaisirs de la vie et de connaître pleinement le bonheur.

Cependant, je ne pouvais pas fermer les yeux sur le fait que certains etres humains perdaient leur temps en pêchant.

Mais la scène que j’avais sous le nez suffisait à remplacer l’ennui qui me gagnait : ma première mère qui était toute souriante, et la seconde qui se battait avec la canne à pêche aux côtés de mon petit frère, espérant avoir attrapé le poisson de l’année.

En vain, encore.

J’admirais la facilité avec laquelle ils pouvaient se faire rire entre eux. Bien qu’il s’agissait de ma famille, j’avais toujours été une personne très introvertie. Les relations amicales et familiales n’étaient pas mon point fort. Et je ne parlais même pas des relations amoureuses.

Après avoir appliqué la crème solaire sur mes bras, je m’allongeais, profitant des doux vas et viens du vent qui se mouraient sur la surface de l’eau. Je profitais au maximum de cette odeur salée et de cet air aussi frais que pur.

Les mains à plat sur le ventre, j’observais la courbure des nuages, et traçais au fond de mon esprit la grande forme de dauphin ailé que mon imagination percevait.

Petite, j’avais toujours pensé que les nuages étaient des cadeaux divins dessinés par les anges, il ne m'était pas impossible d’imaginer une bande d’êtres aux longues ailes scintillantes et à la chevelure longue comme celle de Raiponce, assis en face de grands chevalets ornementés d’or, laissant leur imagination prendre possession de leurs gestes. Je pensais aussi que c’était eux qui avaient créé l’art.

Je souriais face aux souvenirs d’une Priméla innocente et si naïve.

Puis soudain, quelque chose traversa mon esprit aussi vite qu'un éclair déchirant la nuit.

Le rêve que j’avais fait la veille.

Tout était si clair dans mon esprit, et pourtant si flou.

Qui était cet homme avec qui je partageais un moment si intime, et pourquoi me revenait-il toujours ? Et surtout, pourquoi mon esprit gardait de lui l’image d’un être particulièrement cruel et dangereux ?

Le mal ne vient que si tu lui ouvres la porte

Plus je repensais aux propos de Sydney, et plus je me sentais coupable d’un péché que je ne me souvenais pas avoir commis.

Tant de choses à son sujet me tournaient en boucle comme une chanson horrifique qui restait gravée inconsciemment dans mon esprit.

Je pensais qu’il me charmait pour que je lui ouvre de mon plein gré la porte de mon âme dans un futur proche, mais si… elle était déjà ouverte ? La raison pour laquelle il ne venait pas me hanter tous les soirs, mais seulement certains, était-ce dû au fait qu’il se jouait de moi et la traversait que quand cela lui plaisait, dû au simple fait que “si elle est ouverte, elle ne la refermera pas.” où “si elle est charmée, elle ne me refusera pas.” ?

Cette pensée me glaçait le sang, et pourtant, quelque part au plus profond de moi, quelque chose me chuchotait que ce n’était rien et que je devrais plutôt en être reconnaissante.

Mais reconnaissante de quoi ?


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