clara.yae The Devil in love Chapitre 03.2

Chapitre 03.2

J'essayais de me relever, mais en vain.

La famille d’oiseaux s’était changée en corbeaux disloqués, croissant à tut tête autour de nous, dans un torrent de bruine sanglante. Elle s’abattait avec ténacité de part de d’autre du manoir, ruisselant sur mes bras nus désormais couverts de sang. Ses traits parfaits se changeaient en quelque chose de monstrueux.

Alors qu’il tenait fermement mon index entre ses lèvres, il y planta ses crocs aussi acérés que ceux d’une bête féroce. Je sentais ses canines glacées détruire mon ongle et s’enfoncer jusqu’à en toucher le bout de mon os.

Des perles cristallines s’écoulaient de mes yeux.

J’avais si mal et ce froid était si implacable, si puissant qu’il me donnait au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, l’impression que mon index, mon poignet et peu à peu, ma main toute entière me lâchait. Je ne les sentais presque plus, comme s’ils ne faisaient déjà plus partie de mon corps.

J’avais mal, j’avais froid mais surtout, j’avais peur.

J’avais terriblement peur.

Je sentais que j’allais mourir et au fond de moi, quelque chose me hurlait de ne pas le regarder dans les yeux, comme s’ils pouvaient me pétrifier, comme s’ils pouvaient me tuer, atteindre mon âme et le sonder simplement en s’encrant au fond de mes pupilles.

— Laisse-moi partir, pitié, l’implorais-je.

Il n’avait toujours pas bougé d’un seul pouce. Il avait simplement resserré son emprise sur mon poignet, sur lequel s’écoulait déjà quatre trainées de sang, se mêlant à la pluie qui tombait d’un ciel pourpre.

Le gazon était noir, comme obscurci par son aura terrifiante.

Une intense brume sombre nous entourait. Elle nous tournait autour, comme si elle possédait une conscience qui lui était propre, comme si elle avait le devoir de me maintenir prisonnière. Comme si elle avait le devoir de maintenir la petite proie prisonnière du grand méchant monstre.

Du démon.

Mon cœur frappait les paroies de ma cage thoracique, battant au même rythme que le sang bouillonnant de mes blessures. C’était une montée d'adrénaline qui ne descendait pas. Et plus j'essayais de me défaire de son emprise bestiale et monstrueuse, plus le sonar me montrait la forme ombreuse d’une bête, juste là, face à moi.

Je gigotais dans tous les sens, espérant trouver une faille.

Mais rien.

Immuable, il restait là, assis, son visage dénué de toute expression, tel une statue de marbre. Ses yeux me scrutaient, impassibles, tels ceux d'une araignée observant sa proie se débattre au cœur de sa toile, et je sentais que cela fonctionnait.

J’étais à bout de force, la douleur était si vive qu’elle me martelait le corps.

L'atmosphère me compressait si fort le cœur, si bien que j’en peinais à respirer.

L’air glacé qui avait planté ses crocs dans mon corps, me gelant les membres, emportait ce qu’il restait de ma chair. Je ne sentais plus mon poignet gauche – désormais devenu bleu par le froid – celui qu’il avait capturé, ni ma main, avec mon index qu’il gardait toujours entre ses lèvres, comme un dragon veillant sur ses trésors.

Je me sentais tomber dans le vide, comme s’il avait même atteint mon cœur et qu’il essayait de faire cesser ses battements.

Mes yeux sans doutes rougis me faisaient souffrir et plus aucune larme n’était en mesure de s’y échapper. Je me sentais vide. Vidée de toute mon énergie. Je me sentais vide. Vidée de tous sentiments.

Ni même cette sensation de mort, ni les alertes de mon sonar ne m'effrayait, j’étais devenue une proie sans espoir, prise dans les pattes de son prédateur.

Soudain, un souffle chaud me fit gigoter, puis quelques mots résonnaient au creux de mon oreille droite.

Tu es à moi. Les gens comme toi ne vont pas au Paradis.

Une terreur nouvelle reprit soudain le contrôle et, comme animée d’une audace et d’un courage dont j'ignorais son origine et sa provenance, je lançais un regard à son visage.

Ses iris rubis.

Grands ouverts, il me regardait droit dans les yeux, accompagné d’un sourire si large et inhumain, comme un croissant de lune démoniaque.

Et un regard qui m’en gla…

Je me réveillais dans un sursaut de terreur, le cœur battant à mille à l’heure. Ma respiration saccadée était la seule chose que j’entendais. J’étais brûlante de fièvre, et cette peur qui s'était insinuée en moi redescendait au fur et à mesure que les secondes défilaient.

Je regardais autour de moi.

J'observais la fenêtre, au travers de laquelle les rayons lunaire se frayaient un chemin jusqu’au cœur de la pièce. Je voyais la veilleuse aux teintes nacré sur le bureau. Le buste du mannequin de couture sur lequel se tenait fièrement un début de robe inachevé.

J’étais dans ma chambre.

Dans mon lit.

Je soupirais un grand coup.

Ce n’était qu’un horrible cauchemar. Encore.

Le mal ne vient que si tu lui ouvre la porte”.

Était-il en train de la forcer ?

Non. Il me charmait pour que je puisse le lui ouvrir de mon plein gré.

Et d’une certaine façon, j’avais l’impression que cela fonctionnait.



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