clara.yae The Devil in love Chapitre 02.1

Chapitre 02.1

– On est pas obligées d’en parler si t’en a pas envie. Mais je trouve ça… étrange. En tout cas, te fais pas de mourrons pour ça, il n’y a aucune raison pour que tu n’ailles pas au Paradis. Ok ?

S’il y avait bien une chose que j’aimais chez ma meilleure amie, c’était de loin sa bienveillance à tout égard. Je me fiais toujours à son instinct et à son avis sur tout et n’importe quoi, et évidemment, la question de ces rêves récurrents était ce qui me préoccupait le plus.

J’avais beau dire, répéter et essayer de me faire croire à moi-même que ce n’était que de simples rêves, au fond, Sydney savait qu’il y avait bien plus que cela. Ce n’était pas juste de “simples rêves”. J’avais toujours l’habitude de dire qu’il y avait des explications rationnelles à tout ce qui pouvait nous arriver, mais la science avait-elle réponse à tout ? Sydney, elle, était persuadée qu’une part de rationalité était égale à celle qui était spirituelle.

“La science n’a pas toutes les réponses, elle ne peut pas expliquer le spiritualisme”. m’avait-elle expliqué.

Sur le pas de la porte d’entrée de la maison, je soupirais de frustration. Les pas de Sydney s’éloignaient de plus en plus.

– Appel moi si t’as besoin de quoi que ce soit, ok ? Allez, à plus prim! lança-t-elle dans un gracieux sourire.

J'acquiesçai seulement.

En entrant, la porte se referma derrière moi et le brouhaha familial m’envahit les tympans, comme une douce et chaleureuse ambiance, réchauffant mon cœur jusque dans ses tréfonds abyssaux.

– Je suis rentrée, annonçais-je.

– Alors, c’était bien ? me demanda ma mère – comme après chaque sorties –

– Oui c’était cool, on s’est baladée un peu et on s’est posées dans un petit café en terrasse pour papoter un peu.

Je rangeais mes sandales avec toutes les autres chaussures puis entra dans la cuisine, celle-ci ouverte sur le salon. Je m'asseyais à table et piochais dans un bol vert quelques graines de tournesol.

Ma mère, assise sur le sofa du salon lisait attentivement son livre tout en décortiquant ses graines au même titre que moi actuellement.

J’espérais que Sydney rentre chez elle sans encombre. Elle avait beau être l’amie la plus douce et chaleureuse que j’avais – la seule que j’avais tout court —, elle avait ce talent monstrueux pour semer les problèmes sur son chemin. Étrangement, j’étais presque sûre que quelqu’un d’incroyablement puissant lui avait porté le mauvais œil. Elle n'avait JAMAIS de chance. Et quand ce n’était pas sa vie qui était mise à rude épreuve, c’était celle de ses proches. Parfois, il m’arrivait même de me demander si elle n’avait pas été maudite par les dieux. Qui savait ? Après tout, la malchance était comme… son deuxième prénom ?

Après avoir monté les escaliers et atteint ma chambre, j’entrais et refermais la porte derrière moi, puis m’affalais sur mon lit. Les yeux scotchés sur le plafond, je repensais aux paroles de Sydney après que nous ayons quitté le café.

– Peut-être que quelque chose essaie de franchir les barrières de l’invisible. Je pense que tu devrais faire attention à toi.

Si quelque chose essayait de franchir le seuil du réel, alors de quoi s’agissait-il ? De quoi ou… de qui ? Que me voulait-on, que me voulait-il ? Je lâchais un long soupir, sachant bien que jamais mes questions n'auraient de réponses. Un instant, l’image du monstre envahit mon esprit, comme une photographie intemporelle qu’on essayait d’ancrer au plus profond de ma mémoire visuelle.

Ces yeux de félins aux nuances rubis qui me regardaient droit dans les yeux, comme un…

Stop.

Il fallait que j’arrête d’y penser, comme Sydney me l’avait conseillé.

Le mal n’entre que si tu lui ouvres la porte. Il ne l’enfonce jamais. Il attend que tu l’invites.

Je chassais ce visage dont je n’avais retenu que ces yeux sombres, puis me releva.

J’attrapais la paire d’écouteurs filaire que j’avais rangé dans la table de chevé boisée à droite du lit puis m’essayais face au bureau blanc parsemé d’ouvrages de couture et de biographies sur les grands créateurs qui avaient révolutionner le monde de la mode.

Après avoir ouvert l’application de musique, je sélectionnais le genre qui me fascinait le plus : le classique. Le lac des Cygnes, de Tchaikovsky était de loin ma préféré. Elle me berçait, m’inspirait et me faisait voyager au-delà des mondes, au-delà de l’univers et de la vie, elle me faisait voyager dans les contrées les plus inspirantes ou chaque citoyen portaient les plus belles robes de ma collection.

Enfin.

Je reprenais mes esprits.

J’attrapais un grand carnet à pages blanches ainsi qu’un simple crayon à papier, et commençait à tracer quelques traits de part et d’autres, laissant mon imagination prendre le dessus, esquissant mes pensées les plus profondes et les transformant petit à petit à ce qui ressemblait au début d’un corset au style gothique.

Je laissais la musique pénétrer mes tympans, s’infiltrant dans mes veines et atteignant le point le plus haut de mon imagination.

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