La_petite_plume The Light's Curse Chapitre 5

Chapitre 5

Les ténèbres. Un cauchemar sans fin. Céleste avait l’impression de n’avoir jamais été sauvée, comme si ce n’était qu’un doux rêve de liberté dans lequel elle s’était réfugiée. Mais soudain, cette obscurité se dissipa. Ses pensées s’éclaircirent brutalement, son cerveau reprenant pleinement ses fonctions. La panique s’empara d’elle. Elle se débattait violemment, essayant d’arracher des câbles invisibles qui, dans son esprit, transperçaient sa peau.


 « Céleste, arrête. Calme-toi. »


Une main se posa sur elle. Elle ouvrit les yeux, son corps réagit avant même que son esprit ne le décide : en une fraction de seconde, elle se retrouva à l’autre bout de la pièce. Sa respiration était haletante, ses yeux s’ajustaient difficilement à son environnement. Il n’y avait pas de câbles, elle n’était plus dans la grotte.


Était-elle vraiment éveillée ? Ou était-ce un autre rêve, perdu parmi ses cauchemars ? Une goutte de sueur glissa sur son front avant qu’elle ne remarque un visage familier dans la pièce.


« Je devais te faire perdre connaissance… Ils auraient compris, » murmura la voix de Dimitri.


Son dos était plaqué contre les pierres froides. L’endroit ressemblait à une cellule. Les murs épais, nus et sans fenêtre, dégageaient une lourdeur oppressante. La lumière faible des torches clignotait faiblement, projetant des ombres tremblantes autour d’elle. Un simple matelas gisait sur le sol dans un coin de la pièce, là où elle se tenait quelques instants plus tôt. En face, une porte en métal semblait indestructible, scellant hermétiquement sa prison.


« Tu m’as…» commença-t-elle, reprenant difficilement son souffle.


La colère s’insinuait doucement dans ses veines, alimentant une chaleur brûlante qui montait en elle, prête à éclater.


 « Comment as-tu osé… ? »


Les mots franchirent ses lèvres avec une violence et une déception à peine contenue. Comment avait-il pu lui faire ça, après tout ce qu’elle avait traversé ?


Les dents serrées, les poings crispés, Céleste lança un regard noir à celui qu’elle avait, jusqu’à présent, considéré comme son sauveur.


 « Je l’ai fait pour t’aider, répondit-il d’une voix calme, Dès qu’un élève se lie au pouvoir de la lumière, il se lie aussi à toi. Je devais apaiser cette douleur. Si quelqu’un t’avait vue pleurer ou souffrir pendant la cérémonie du lien, ils auraient posé des questions. Ils auraient compris.


- Je ressens la douleur même plongée dans un coma ! lança-t-elle, sa voix vibrant de colère et d’épuisement. »


C’était la première fois qu’elle élevait la voix depuis qu’il l’avait sauvé. Elle sentait la rage en elle comme un feu prêt à tout consumer.


 « J’ai été dans le coma pendant trois ans.


 - Je sais, murmura-t-il.


- Comment as-tu pu me faire revivre ce cauchemar alors que tu savais…? »


Sa voix tremblait désormais d’une colère profonde, mêlée à une douleur qu’elle n’arrivait pas à contenir.


« C’était pour qu’ils ne se posent pas de questions. Je leur ai fait croire que tu tournais de l’oeil à la vue du sang. Ils m’ont cru. C’est tout ce qui importe. »


Il s’approcha lentement d’elle, ses gestes mesurés, comme s’il s’attendait à ce qu’elle explose à tout moment. Avec douceur, il repoussa une mèche de cheveux derrière son oreille.


 « Tu vas bien. Respire. »


Céleste saisit son poignet d’un geste brusque, son cœur battant la chamade. La colère irradiait en elle, si forte qu’elle voulait lui faire mal, lui infliger ne serait-ce qu’une fraction de ce qu’elle ressentait. Pourtant, son pouvoir, celui de la lumière, était censé apporter la paix, non pas la destruction. Son regard plongea dans celui de Dimitri, sombre et chargé d’émotions contradictoires.


Il comprit immédiatement. Un éclair de lucidité passa dans ses yeux, et son visage se durcit. « Je t’ai sauvée. Je ne suis pas ton ennemi. »


Céleste hésita, ses doigts se relâchant doucement autour de son poignet.


C’est vrai, pensa-t-elle, essayant de convaincre son propre cœur autant que sa raison. Il m’a sauvée.


« Où est-ce qu’on est ? demanda-t-elle, sa voix encore tremblante.


- Dans une partie des sous-sols de l’école, répondit calmement Dimitri, Quand les élèves ont des excès d’émotions, qu’ils ont besoin de lâcher prise, ils viennent ici. Certains préfèrent s’isoler, d’autres… c’est pour la détention ou une punition quelconque. Je t’ai emmenée là, au cas où tu péterais un câble. »


Il sourit légèrement, mais Céleste n’était pas d’humeur à plaisanter. Elle l’observait avec intensité.


Lumière.

Esprit.

Ombre.


Dimitri avait utilisé ces trois pouvoirs depuis qu’elle le connaissait, et quelque chose en lui la troublait profondément.


« La cérémonie est finie ?


- Oui.


- Le soleil est couché ?


 - Oui, depuis un moment. »


Céleste baissa les yeux vers le tatouage gravé sur son poignet.


 « Tu dois respecter ta part du marché. J’ai respecté la mienne, » déclara-t-elle avec fermeté.


Dimitri la guida doucement vers le matelas posé dans un coin de la pièce.


« Assieds-toi. Pose-moi toutes les questions que tu veux. »


Des centaines de questions se bousculaient dans l’esprit de Céleste, mais elle savait que certaines réponses pouvaient être trop dures à entendre. Elle mourait d’envie de savoir ce qu’était devenu son royaume, ce qu’étaient devenus ses parents, ses amis… mais elle craignait que ces réponses ne soient plus douloureuses qu’elle ne pourrait le supporter. Alors, elle décida de commencer par des questions plus innocentes, des questions dont les réponses ne la détruiraient pas, du moins pas encore.


 « De ce que j’ai vu à la cérémonie, les Siphons ne se lient qu’à un seul pouvoir. Mais je t’ai vu utiliser le pouvoir de la lumière, de l’esprit et de l’ombre. Comment ?


- Ça, ma belle, c’est un des secrets les mieux gardés de Nyxeria, répondit-il en la regardant intensément, comme s’il pesait chacun de ses mots, Mais je vais te le dire, en gage de bonne foi. »


Ses yeux d’acier se plongèrent dans ceux de Céleste, et elle sentit une vague de mystère émaner de lui.


 « Je ne me suis lié à aucun élément.


- Comment peux-tu avoir des pouvoirs alors, puisque tu es un Siphon ? demanda-t-elle, perplexe.


- De la même manière que les Siphons procédaient avant le renversement de la couronne. En siphonnant la magie, temporairement. »


Il marqua une pause, laissant la révélation s’enraciner dans l’esprit de Céleste.


 « J’ai siphonné un peu de lumière avant de te retrouver, pour te redonner de l’énergie, poursuivit-il, Plus tôt, j’ai siphonné une amie pour entrer dans ton esprit, juste en la touchant. Et quand je suis venu vers toi, j’ai touché un gars qui avait le pouvoir des ombres pour te plonger dans l’obscurité.


Chaque mot qu’il prononçait soulevait plus de questions dans l’esprit de Céleste, des questions qui la tourmentaient. Mais une chose, une seule, résonnait en elle avec une intensité glaciale.


« Ce n’était pas l’obscurité, murmura-t-elle, son regard se durcissant, C’était les ténèbres. »

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