Fyctia
Chapitre 1
"Bienvenue à Nyxeria."
Trois mots qui résonnaient sans cesse en cette première journée, marquant le début de la nouvelle année. Les élèves de tous niveaux affluaient, chargés de bagages, mais surtout d'espoirs et de rêves. Nyxeria leur promettait sécurité, apprentissage, maîtrise de soi et le développement de leurs capacités. Sur l’esplanade devant l’immense château de pierre, les élèves de première année attendaient avec impatience la cérémonie des nouveaux arrivants. Cet événement, très apprécié de tous, marquait le moment où les novices accédaient à leurs éléments.
Aujourd'hui, le temps était clément. Bien que le soleil ne brillât plus aussi intensément qu'il y a trois ans, il émettait une lueur douce et apaisante. La température était agréable, et, pour l'instant, aucun élève n’avait causé d’explosion ni brûlé le gazon verdoyant.
« La cérémonie commence dans trois heures. Est-ce que tout le monde est arrivé ? » demanda la directrice de l’établissement.
L’homme en face d’elle réajusta ses lunettes sur son nez avant de consulter la liste.
« Il nous manque un élève de troisième année et un de première année, répondit-il.
-Ils auraient dû arriver depuis des heures. Le registre du portail a-t-il indiqué qu'ils étaient dans le royaume ?
-Non, madame. Je me permets de vous rappeler que cela arrive parfois que des élèves de première année ne se présentent finalement pas. L’an passé, trois étaient absents. »
L’homme glissa la liste derrière son dos et afficha un sourire rassurant, mais la directrice n’était pas dupe.
« Par les sept déesses, quel élève de troisième année manque à l'appel ? » demanda-t-elle, d’un ton soudain plus inquiet.
Un silence s’installa. Nigel, mal à l'aise, se balançait d'un pied sur l'autre. En un regard, la directrice comprit.
« Non.., murmura-t-elle.
- Je suis sûr qu'il ne tardera pas, » tenta de la rassurer Nigel.
Elle balaya les alentours du regard, soupirant, et finit par lâcher, avec une détermination froide : « Retrouvez mon fils. Rapidement. » Puis elle se détourna pour aller superviser les derniers préparatifs.
Dans une grotte sous les terres maudites de Funestia, ravagées par une malédiction millénaire, Dimitri atteignit enfin la fin du chemin. Son cœur aurait pu exploser de rage en découvrant qu'il ne trouvait devant lui qu'un simple mur. Des semaines de recherche pour suivre la piste qui le mènerait à elle, la Fille de la Lumière, semblaient réduites à néant. Pourtant, il ne doutait pas de ses capacités. Il savait qu'il finirait par la trouver. Mais cette impasse allait le mettre en retard pour la cérémonie de rentrée. Ses parents allaient être furieux. La flamme de sa torche commençait à faiblir, et la sueur coulait abondamment sur son front, témoignant des nombreux efforts qu'il avait déployés pour en arriver là.
Il cherchait la Fille de la Lumière, alors, dans un élan désespéré, il laissa sa torche s'éteindre, plongeant la grotte dans l'obscurité. Un sourire naquit sur ses lèvres lorsqu'une fine écriture se mit à scintiller doucement, gravée en lettres d'or dans la pierre des murs de la grotte. Il suivit la phrase du doigt, lisant chaque mot avec une attention presque religieuse.
Par le pouvoir des ombres et des ténèbres insondables,
Je plonge la pierre de lumière dans un sommeil inexorable.
Que son éclat s'éteigne et son pouvoir disparaisse,
Jusqu'à ce que les éléments unis brisent la forteresse.
Lumière, repose en silence et en secret...
Une malédiction gravée dans les sept royaumes comme une sombre promesse de renouveau et de renaissance. Chacun l'avait interprétée différemment, espérant y trouver la clé du pouvoir absolu. Dans son école, cette inscription était le symbole d'un équilibre à retrouver avant que la véritable puissance de la lumière puisse être réveillée, et que les rayons du soleil d'autrefois reviennent éclairer le monde.
Dimitri se redressa, sa détermination renouvelée. Il n'y avait plus d'impasse, plus de mur qui bloquait son chemin. Comme si l'obscurité elle-même avait effacé la barrière. La grotte était manifestement enchantée, et Dimitri reconnut là l'influence malveillante d'Umbriel. Soudain, une faible lueur traversa les ténèbres, se réfléchissant sur les parois humides de la grotte. Une lumière vacillante, battant au rythme d’un cœur affaibli. Le fils de la directrice toucha délicatement la paroi légèrement illuminée et poursuivit son chemin.
Ses yeux s’écarquillèrent. Il avait réussi, enfin. Elle était là, enfermée dans une sorte de tube épais, des câbles enfoncés dans sa peau. Ses veines étaient noires, sa peau grisâtre. La Fille de la Lumière était plongée dans un coma profond, dévorée par les ténèbres. On la siphonnait jour après jour, puisant sans fin sa magie pour la transférer à la pierre de Netheris.
« Les salauds… » siffla Dimitri entre ses dents serrées.
Il s'en doutait, mais le voir de ses propres yeux était terrifiant. Il s’approcha d’elle, débrancha tous les câbles, libérant son corps marqué par les attaches métalliques. Ses joues étaient creusées, ses traits décharnés. Elle n’était plus que l’ombre de la Fille de la Lumière décrite dans les récits. Elle incarnait désormais tout ce que l’on pouvait imaginer des ténèbres et de la désolation. Dimitri la souleva avec précaution et la sortit du tube. Il avait pensé à tout pour la retrouver, sauf à la manière de la réveiller.
Il fallait d'abord la sortir de là. Il la traîna hors de la grotte, son corps frêle pesant à peine quelque chose. Mais le chemin était périlleux, et la faible lueur émanant de la pierre de Netheris n’éclairait presque rien.
Une fois dehors, le soleil, bien que ses rayons soient faibles, lui brûlait presque la rétine après tant d'obscurité. Son regard se posa sur la fille dans ses bras. Lentement, il sentit son corps se réchauffer, ses veines noires s’estomper, sa peau reprendre un peu de couleur, comme si le soleil la soignait. Dimitri comprit que son corps cherchait à récupérer de l’énergie. Il s’était préparé à cette éventualité. Il lui serra doucement la main et murmura quelques mots. Les pouvoirs qu’il avait absorbés plus tôt commencèrent à s’infuser en elle. Ses cheveux ternes retrouvèrent leur éclat blond doré, ses lèvres rosirent à nouveau, et soudain, un soupir s’échappa de ses lèvres. Ses yeux s’ouvrirent, révélant un bleu aussi profond que le ciel d’été.
Dimitri esquissa un sourire charmeur. « Bon retour dans le monde des vivants. »
Elle semblait fatiguée, craintive, désorientée et terriblement faible.
« Comment tu te sens ? » demanda-t-il doucement.
Elle observa ses doigts, puis son visage à lui.
« Vivante...
-Je parie que tu as beaucoup de questions, mais nous sommes attendus, ma jolie. »
La Fille de la Lumière fronça les sourcils, tentant sans doute de retrouver ses esprits.
« Quel jour sommes-nous ? demanda-t-elle.
-C'est le jour de la rentrée, et nous sommes en retard, » répondit-il.
4 commentaires
Camille Salomon
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Il y a 7 mois
C. Tardielle
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Il y a 7 mois
Ada Guilbert
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Il y a 8 mois