Maena Morgan The Christmas nurse Chapitre 6

Chapitre 6

PDV Océane


Je n'ai pas revu de la soirée mon patient/coloc, ce qui n'est peut-être pas si mal finalement. J'ai préparé à manger pour Argos et moi, même si mon chien semblait toujours anxieux à l'idée de revoir Donatello, le chat agressif. Mais ni lui ni son maître ne sont venus nous déranger. En fait, c'était comme un soir normal, sauf que ce n'est pas ma maison.


Sans trop grande surprise, lorsque nous sommes allés nous coucher, Argos s'est rapidement endormi. Ce chien a dû être un chat ou même un paresseux dans une autre vie pour dormir autant. Ce qui n'est pas mon cas puisqu'il est quatre heure du matin et que je n'arrive toujours pas à dormir.


Morphée ne doit vraiment pas m'aimer.


Je décide d'attendre encore une demi-heure, des fois que je m'endorme comme par miracle, avant de passer à autre chose. Le temps imparti étant écoulé, j'attrape mon téléphone et cherche dans mon répertoire un contact particulier.


Trouvé. "Mon âme frère".


Je l'appelle et il décroche presque aussitôt :


_Salut, princesse.


_Gab, comment ça va ?


_Bien, mis à part que je suis crevé. Et toi ? Toujours cette foutue défaillance cérébrale ?


Gabriel est mon meilleur ami depuis que j'ai quatre ans. On s'est rencontrés à l'orphelinat (ce qu'ils appellent le Foyer de l'Enfance pour faire plus joli) et depuis on ne s'est presque plus jamais quittés. Il me connaît mieux que personne, parfois même plus que moi, et sait que j'ai beaucoup de mal à dormir. C'est d'ailleurs ce que désigne le terme "défaillance cérébrale". On a commencé à l'utiliser il y a quelques années, d'abord pour imiter l'État qui utilise des noms pompeux pour décrire quelque chose de simple mais surtout pour éviter de penser à l'origine de ce problème.


Même après que nous aillons grandis, nous sommes restés proches et Gab insiste pour que je l'appelle quand je n'arrive pas à dormir.


_Ouais, la routine. Mais raconte moi plutôt ta journée.


_Bah, il s'est pas passé grand chose à la caserne, aujourd'hui. Théo et Livie ont du intervenir pour aider une vieille dame qui avait fait une chute dans l'escalier mais c'est tout. Et toi, comment s'est passée ta rencontré avec ton patient/coloc, princesse ?


Depuis que je le connais, il m'appelle comme ça. À nos dix-huit, je lui ai finalement demandé pourquoi il m'appelle comme ça. Et il m'a répondu que, puisque personne dans mon entourage ne me traitait comme telle, lui voulait me faire sentir comme une princesse.


Oui, je sais adorable. Honnêtement, Gab est l'homme parfait. Je l'épouserais bien mais : 1) je ne le considère comme mon frère et 2) il n'a jamais été intéressé par moi et vice-versa. C'est dommage.


_Disons que ça aurait pu être pire...


_Mais ça aurait aussi pu être mieux ? Devine-t-il. Qu'est-ce que tu as encore fait ?


C'est dingue, ce gars me connaît vraiment par cœur. Et, même s'il est déjà très occupé par son travail de pompier, il est toujours présent pour moi et retient tout ce que je lui dis.


Je lui raconte rapidement mes mésaventures et à la fin de mon récit, il éclate de rire.


_Attends, tu n'as pas fait ça ?


_Bah si, je répond, penaude.


_Oh mon dieu, Océane. Tu n'es pas croyable, tu le sais ?


_Je suis même incroyable, je répond sur le ton de la plaisanterie.


De là où je suis, je peux imaginer Gab secouer la tête.


_Après, tu sais, reprend-t-il plus sérieusement, tu n'es pas obligée de "nouer des liens", comme tu dis, avec tes patients pour que ça se passe bien. Après tout, ce n'est que pour un mois.


_Je sais mais je me suis toujours bien entendue avec mes patients et j'aimerais que ça continue.


_Ouais, mais tes patients étaient en grande majorité des p'tits vieux qui sont seuls la plupart de l'année. Forcément, c'est plus facile de bien s'entendre avec eux puisque tu es l'une des rares personnes qui leur rend visite. Sauf que là, tu as affaire à un artiste, raisonne-t-il. Et, c'est mon avis, mais s'il a une de ses mains fracturée, il ne doit plus pouvoir continuer à peindre ou je ne sais pas trop quoi. Et que cette incapacité soit temporaire ou définitive, ça ne change rien au fait que ça doit le peser. Conclusion : vouloir à tout prix être son amie n'est peut-être pas ce qu'il y a de mieux car il ne doit pas être d'humeur.


D'habitude, c'est moi la tête pensante de notre duo mais il faut avouer qu'il n'a pas tord. Jusqu'à présent, je n'ai eu comme patients que des personnes âgées avec qui je m'entendais vraiment bien. Alors qu'Eden a plus ou moins mon âge (deux ou trois ans de plus que moi, je crois) et que, si Gab a raison, il ne peut plus sculpter. Me voir débarquer chez lui à l'improviste ne lui a déjà pas plu alors tisser un lien avec moi ne doit pas l'intéresser.


_C'est pour ça qu'il ne parle pas trop, je comprend alors.


_Peut-être, acquiesce Gab. Mais je peux me tromper. En tout cas, princesse, je te conseille de faire ton job d'infirmière et de le laisser venir vers toi si jamais il veut lui aussi créer des liens.


Gab a raison. Il vaut mieux que je me concentre sur le côté professionnel de cette colocation et que j'arrête de vouloir sociabiliser à tout prix avec mes patients.


Je continue de parler avec lui jusqu'à ce que le sommeil me gagne enfin.


***

PDV Eden


Il est quatre heures du matin et je n'arrive pas à dormir à cause de mes côtes fêlées qui me font atrocement souffrir. En plus, j'ai fini mes antalgiques cet après-midi donc je ne peux même pas en prendre un pour soulager la douleur.


Mais peut-être que l'infirmière a une solution pour la douleur ?


Je ne sais pas pourquoi mon esprit ramène tout à cette infirmière mais ce n'est pas con.


Après tout, elle est ici pour m'aider, non ?


Mais de là à la réveiller à quatre heures du matin...


Malgré cette pensée, je sors de ma chambre et m'avance jusqu'à la sienne. Heureusement pour moi, de la lumière s'échappe de sous la porte.


Je m'apprête à toquer quand sa voix me parvient.


_Quoi ? Tu aurait dû dire oui ! C'est une super opportunité !


À moins qu'elle parle avec son chien, elle doit être au téléphone.


_Ouais mais je n'ai pas envie de partir, répond une voix masculine. Pas sans toi en tout cas, princesse.


Princesse ? C'est quoi ce surnom ringard ?


_C'est toi qui voit, Gab.


La tendresse qui émane de sa voix me fait un drôle d'effet.


J'aimerais qu'elle me parle comme ça...


Attends, quoi ?! Qu'est-ce qui me prend de penser ça ? Je l'ai rencontrée il y a à peine quelques heures ! Ça doit être la douleur. Oui, c'est ça. La douleur me fait délirer. Sinon, comment expliquer que je souhaite être à la place de son petit-ami alors que je ne la connais même pas ?

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