Fyctia
Chapitre 4 :
J'en étais sûr... Depuis plusieurs années, ma mère espère désespérément que je tombe amoureux au lieu de me concentrer sur l'art. Et comme depuis mon accident je suis incapable de sculpter à nouveau, elle pense que c'est le moment ou jamais pour moi de rencontrer quelqu'un.
Même si j'adore ma mère, ça m'énerve un peu. Elle ne comprend pas à quel point l'art est important pour moi et, qu'au contraire, ne plus pouvoir sculpter me donne encore moins envie de rencontrer quelqu'un. Lorsque j'ai eu mon accident, quelques semaines auparavant, j'ai vraiment cru que j'allais mourir. Alors, oui, je suis reconnaissant d'être toujours en vie, mais j'ai l'impression qu'une partie de moi-même est morte sur cette autoroute.
_Écoute, maman, si cette femme vient s'installer ici, c'est uniquement pour te faire plaisir, OK ? Et ne va pas imaginer des choses entre elle et moi. Elle s'occupe de mes blessures, je la paye pour ça, basta.
_D'accord, soupire ma mère, déçue. Je ne t'embêterais plus avec ça.
Espérons qu'elle tienne sa promesse...
_Bon, je vais te laisser, l'infirmière m'attend toujours en bas.
_OK, à plus tard, mon chéri !
Je raccroche en soupirant. Pourquoi ai-je l'impression d'avoir perdu face à ma mère ? Sans doute parce qu'elle a réussi à me faire céder pour l'infirmière alors que j'y étais fermement opposé...
J'ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec la fameuse infirmière, son chien derrière elle.
_Vous n'étiez pas censée m'attendre dans le salon ? Je lui demande, déjà exaspéré.
Quelque chose me dit que cette drôle de colocation va être plus compliquée que prévu...
_Je venais juste voir ce qui vous prenez autant de temps, se justifie-t-elle, pas le moins du monde désolée. Vu votre tête vaincue, j'en conclus que je reste ?
Perspicace à ce que je vois... Et belle...
D'un point de vie purement artistique, je dois bien avouer que ma mère a raison : l'infirmière est très jolie. Si je pouvais toujours sculpter et qu'elle n'était pas mon infirmière, je lui aurais sans doute proposer d'être ma modèle.
Mais ce n'est pas le cas...
L'infirmière interrompt alors mes pensées :
_Bon, vous me montrez ma chambre ou je devine laquelle c'est ?
Je retire ce que j'ai dit. Cette femme n'aurait jamais pu être mon modèle. Elle n'est là que depuis quelques minutes mais je n'en peux déjà plus. Elle a l'air d'être le genre de personne qui dit ce qu'elle pense sans se soucier des autres.
_Suivez-moi.
Je me dirige vers les chambres d'amis, un peu plus loin. Juste là, à part ma famille quand elle vient me rendre visite, personne ne les a jamais utilisées. Et surtout pas aussi longtemps. Il faut un début à tout je suppose...
Arrivé devant la première chambre, j'ouvre la porte et entre.
_Vous pouvez vous installer là.
Comme le reste de la maison, la chambre est très lumineuse et chaleureuse. Quand je l'ai achetée, ce n'était qu'une vieille demeure envahie par les mauvaises herbes. Tout le monde pensait que c'était une mauvaise idée mais pour un artiste comme moi c'était une aubaine. Une maison avec une âme pareille, ça ne court pas les rues. Chose que personne ne comprenait vraiment mais j'ai travaillé dur pour la rénover jusqu'à lui rendre sa gloire d'antan. Et aujourd'hui, c'est l'une de mes plus grandes fiertés.
_Waouh, c'est la première fois que j'occupe une chambre aussi...
Elle cherche les mots avant de déclarer :
_...mignonne.
Mignonne ? Mon ego en prend un coup, là.
_Mignonne ? Je répète, incrédule.
Cette chambre n'est pas mignonne. Belle, incroyable, ça oui. Mais mignonne ?
_Oui, continue-t-elle sans s'apercevoir de mon trouble (ou alors elle s'en fiche, ce qui collerait bien avec la personne qu'elle semble être). Elle est vraiment mignonne avec ses grandes fenêtres et les murs blanc-jaune.
De pire en pire. Blanc-jaune ? Et puis quoi encore ?! C'est couleur ivoire, espèce d'ignare !
_C'est... génial, je peine à articuler. Je vais vous laissez vous installer alors.
***
PDV Océane
Eden quitte la chambre, me laissant seule avec Argos.
En réalité, je me fous un peu de ma chambre. Tout ce qui m'importe c'est d'avoir un endroit propre pour dormir avec Argos. Certes, elle est jolie mais la manière dont elle est décorée n'est pas ma priorité. Après tout, j'aurais tout le temps de la contempler lors de mes longues et nombreuses insomnies.
Mais je n'allais pas lui dire ça surtout que je vais devoir cohabiter avec lui pendant un mois. Autant essayer de repartir sur de bonnes bases (c'est vrai que ça n'a pas très bien commencé avec mon intrusion chez lui, Argos poursuivit par son chat et son mécontentement évident lorsqu'il a apprit que j'étais son infirmière...).
J'espère avoir marqué des points en complimentant cette chambre. Il est évident que c'est lui qui l'a peinte et décorée vu la fierté qui se lisait dans ses yeux. On aurait limite dit un père lorsqu'on complimente son enfant.
Ça doit être un truc d'artiste...
_Qu'est-ce que tu en penses, Argos ? Je demande à mon chien. On va être plutôt bien ici.
Pour toute réponse, il m'adresse un regard las et s'installe sur mon lit.
_Tu compte sérieusement dormir à cette heure-ci ? Il n'est même pas dix-huit heures ?!
Il ne relève même pas la tête. Sa respiration se fait plus lourde et je comprend qu'il dort déjà.
_Bah si, apparemment, je répond à moi même.
Je ne comprendrais jamais comment il fait pour s'endormir aussi rapidement. Moi, il faut que je prenne des somnifères et que j'ai eu une journée hyper fatiguante pour que j'arrive à dormir un peu au bout de quelques heures à me retourner dans mon lit.
Je décide alors de défaire mes affaires mais ma valise est restée en bas, dans le salon. Tant pis, ça attendra plus tard. Je risquerai de recroiser mon patient/coloc et j'ai épuisé mon quota de sociabilité pour les deux prochaines heures.
Faute d'activité à faire, je rejoins Argos sur mon lit. Je mets mes écouteurs et reprend un livre que je lis sur mon téléphone. Il paraît que lire rend plus intelligent.
Ouais, enfin c'est pas Hadès et Perséphone qui va faire de toi la futur Einstein...
***
Lorsque je sors enfin la tête de mon livre, il est vingt heures passées. Argos dort toujours comme un loir, fidèle à ses habitudes.
Ma chambre temporaire comporte une salle de bain alors je décide d'aller prendre une douche pour me détendre. Des serviettes d'un blanc immaculé sont posées sur un banc et des gels douches et shampooings en tout genre sont rangés dans un tiroir.
Qui aurait cru qu'un homme soit aussi organisé, surtout que c'est sans doute une chambre d'amis.
Je me déshabille et me glisse sous le jet d'eau brûlant. Je reste un moment comme ça avant de me savonner et me laver les cheveux. Contrairement à d'habitude, je prend tout mon temps. Après tout ce n'estt pas moi qui paye la facture d'eau...
Lorsque je sors enfin, j'ai la peau plus fripée et rouge qu'un nourrisson à la naissance. Je m'enroule dans une serviette et c'est à ce moment que je réalise : je n'ai pas pris de vêtements pour me changer.
3 commentaires
lovelover
-
Il y a 16 jours
Maena Morgan
-
Il y a 16 jours
Maena Morgan
-
Il y a 16 jours