Fyctia

Elle est… pas si parfaite que je ne l'aurais pensé. Certains magazines ont eu tort de la dénigrer autant. Je ne pense pas que ces frères lui ont montré ces tas de journaux parce qu’elle ne participe pas assez à ses soirées caritatives. Rachel est loin d’imaginer ce qu'on lui cache.

On m’a confié, bien avant son arrivée à l’université, qu’elle voulait se faire discrète. Sauf que l’aîné de la fratrie a détruit sa carapace. Plutôt fissurée. Rien n’a été brisé. Ils n’ont pas voulu m’en dire plus de ce qu’il s’est passé pour elle il y a cinq ans. Prendre soin d’une personne qui rapporte beaucoup à l’établissement est pour moi une obligation à prendre. Si je peux me permettre, depuis que j’étudie ici, on a énormément fait pour moi. Je suis devenu le meilleur étudiant dont mes notes ont parfois gagné des concours. Du coup, je me retrouve aussi à servir et aider des personnes fortunées. Sauf que ceci est un cas particulier.

Dans son dossier, être marqué en rouge « pas de garçon » ça m’a beaucoup intrigué. Je ne reste pas sans rien faire et j’arrive à trouver un compromis pour avoir les informations que je cherche. C’est une exclusivité à ne pas manquer. Je fais tout ça pour intégrer la meilleure chaîne télévisée pour pouvoir voyager et interviewer les stars mondiales. Enfin, plutôt me faire remarquer par mes parents qui sont beaucoup concentrer sur mes sœurs. Suis-je prêt à détruire pour le bien de mon avenir ?

Oui.

Rachel sort un ordinateur portable de sa sacoche. Je nous sens épiés de tous les côtés. Mes mains forment des poings. Je ressens cette atmosphère s’abattre telle une tempête qui arrive. Est-ce qu’elle éprouve cette sensation ? Son regard est d’une innocence qui ne comprend pas encore ce qu’il va lui arriver.

Un homme plus petit que moi s’approche de nous. Ses habits nous prouvent qu’il fait partie de l’équipe de football de l’université. Ils cherchent la bagarre à n’importe qui. Même pour assouvir la soif d’être connu plus loin que l’établissement scolaire.

- Eh bien, s’appuie-t-il ses mains sur notre table, tu dois être Rachel Walker c’est bien ça ?

- Bonjour, dit-elle toujours concentrée sur son ordi, je peux t’aider ?

Elle le regarde souriante, prête à aider. Il n’est même pas encore l’heure de déjeuner et nous n'avons pas commencé le projet. Sur comment nous allons procéder.

- Moi et mes potes, on adore la mode, accentue-t-il sur ce dernier mot. Nous n'arrivons toujours pas à croire que tu sois la petite sœur de Auden Walker.

- Viens en au fait, soupira-t-elle.

- On voudrait des places ou peut-être même participer au défilé, dit-il tout en s’approchant de Rachel pour qu’elle le regarde dans les yeux.

C’est un jeu dangereux. Je ne sais pas à quoi est-ce qu’il va s’attendre si Auden apprend que ce gars harcèle Rachel. Va-t-elle entrer dans son jeu ? A-t-elle changé il y a cinq ans ? Je serai prêt, comme le directeur m’a si gentiment demandé, à la protéger coûte que coûte.

- Je suis désolé, dit-elle en relevant la tête. C’est quoi ton nom déjà ?

- Tu ne te souviens pas, sourit-il avec amusement. Orion Wilson, nous étions ensemble au collège.

Rachel est choquée lorsque son nom de famille est prononcé. Elle referme son ordinateur avant de le ranger dans son sac. Ses poignets se ferment. Il doit avoir les informations que je voudrai. Le directeur ne divulgue aucun renseignement sur le passé de chacun. Je vais devoir lui en parler plus tard.

- Qu’est-ce que tu fais ici ? dit-elle en fronçant les sourcils.

- Comme toi, je suis rentré dans cette école pour pouvoir entrer dans la meilleure équipe de football. Donc, tu ne voudrais pas nous laisser quelques places pour que je me fasse encore un peu plus remarquer par les sélectionneurs ?

- Je croyais qu’ils ne regardaient pas ce genre de chose. Malheureusement pour participer au défilé, il y a les sélections qui débutent la semaine prochaine. Il faut que tu y ailles avec un CV et une performance à couper le souffle. Je n’ai pas le droit de ramener des soi-disant “amis” à ce concours. Mais, je fais du repérage lors des concours de mister et miss pour trouver des professionnels du mannequinat. Donc à toi de me prouver. Par contre, tu dois abandonner ta profession de footballeur car c’est contrat à plein temps chez les Walker.

- Tu es en train de te foutre de ma gueule Rachel, dit-il en la prenant par le col.

Je me lève de ma chaise. Il va beaucoup trop loin. Mon cœur s’accélère. Je retire la main de Orion et j’explose sa tête contre la table. Je n’ai pas pu contenir ma force que la table décide de se fracasser en plusieurs morceaux. Tout se renverse sur le sol, même les cafés qu’on s’était pris avant de s'installer.

Rachel me regarde surpris. J’attrape son bras pour qu’elle soit derrière moi. Sans un mot, elle reste dans mon dos. Certains élèves se lèvent de leurs places et d’autres commencent à se mettre autour de nous en cercle. Orion se relève et s'essuie le visage de tous ses petits morceaux qui se sont collés à sa peau.

- Je peux savoir ce que tu es en train de faire Lincoln ? s'essuie-t-il du peu de sang qui coule de ses lèvres. Je croyais que tu devais être suffisamment apaisé pour avoir ton stage dans le plus grand journal de notre pays. Tu n’as pas changé en fin de compte.

- Je suis désolé, c’était pour que tu ne lui fasse aucun mal. Son frère est pire que moi, tu veux que j’en rajoute une couche ? dis-je en m’approchant de lui.

Un surveillant vient nous séparer. Celle qui est au comptoir est apeurée par la force que je viens de mettre. Les étudiants se sont reculés et certains filment la scène.

- Tu ne te cacheras pas longtemps Rachel, chuchote-t-il, ils vont finir par tout savoir ce qu’il s’est passé il y a cinq ans.

- Elle ne t’a pas suffit la somme qu’ils t’ont donnée ? commence-t-elle à s’énerver en chuchotant. Je ne suis plus cette fille-là.

- Tes frères ne te protégeront plus aussi longtemps. Tu sais ce qu’il t’attend.

Rachel prend ma main et nous sortons, avant que je me retrouve cette fois-ci devant les policiers pour un meurtre. Nous marchons pendant près de plusieurs minutes. Elle me tient comme si sa vie en dépendait. Rachel s’arrête devant un café pour être sûr que nous serons bien ou nous sommes avant d’y entrer. Je la suis et nous nous installons au fond de la salle.

- C’est quoi cette histoire ? demandé-je après avoir pris commande. Il s’est passé quoi il y a cinq ans ?

- Si tu veux tout savoir, je suis obligé de te faire signer un contrat de non divulgation.

- Pourquoi donc ? demandé-je curieux. Qu’est-ce qu’il a fait pour que tu aies autant peur de lui.

- Je n’ai pas eu peur, dit-elle en mentant.

- Tu étais toute tremblante et sur la défense.

Elle soupire avant de prendre une gorgée de ce qu’on lui a apporté. Rachel fait une mine boudeuse. Elle réfléchit avant d’allonger ses bras le long de la table.

- Peut-on parler d’autres choses ? dit-elle en me faisant les yeux de chats. Je te promet que nous en parlerons dès que nous aurons signé ce papier.