Fyctia

Je m’y prends très mal avec elle et je le sais. Pourtant, je ne veux que son bonheur.

Étant l’aîné de la famille, le poids est lourd à porter. Depuis le lancement de la marque « Walker », les commandes se sont multipliées. Les défilés sont devenus l’événement le plus attendu de l’année.

Je prends mon café devant la vue que j’ai depuis le toit de l’appartement. Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi de vivre ici. Un grand espace pour réunir toute la famille. L’exceptionnel a été celui d’avoir le toit en plus. Avec James, nous avons dessiné comment est-ce qu’on voudrait profiter. J’avais pour moi un lieu pour décider tranquillement qui sera mise en avant lors des défilés. Maintenant, c’est Rachel qui l’utilise le plus souvent le matin pour le petit déjeuner. Les parents n’ont pas voulu emménager avec nous. Disant qu’ils aimeraient enfin avoir de l’intimité après tant d'années à nous occuper de nous.

J’inspire une grande bouffée de cigarette et expire la fumée. Celle-ci part en direction de la seule fenêtre ouverte. Pourtant, malgré qu’elle soit ouverte, l’odeur ne veut pas partir et le froid de New York gèle les objets à l’intérieur.

- Rachel va te tuer si elle te voit encore fumer dans cet endroit, me sermonne James en se plaçant à côté de moi.

- C’est où que je peux fumer chez moi ? soupiré-je après avoir expiré. Elle n’a pas son mot à dire. Je n’en peux plus de le faire dans ma chambre. Sinon en bas de l’immeuble tu as l’impression que tu es une racaille.

- Crois moi que la dernière fois que je l’ai fait, soupira James avec un sourire, la police m’a accosté pour savoir si j’attendais quelqu’un. Je t’assure que Rachel après ça m’a laissé tranquille.

- Oui, mais je ne pense pas qu’elle m’écoutera. Cette situation, je sais que ça finira par la détruire.

- Les emplacements ont été réservés ? change-t-il de sujet. Tout est presque prêt pour le défilé ?

- Je suis le grand frère, tout est prêt. Il nous manque juste quelques mannequins.

- Dois-je attendre encore longtemps, intervient Rachel, où vous allez finir par aussi vous mettre en retard sur le planning ?

- Ne t’inquiète pas Rachel, dis-je en me levant. Nous ne sommes pas pressés pour une fois aujourd’hui.

Elle est stressée. Pourquoi est-ce qu’elle ne veut pas suivre sa promesse d’il y a cinq ans maintenant ? Je serai toujours son grand frère protecteur de ces méchants garçons. Peut être qu'il vaudrait mieux que je lui fasse prendre des cours de self-défense. Comme ça je pourrais arrêter de la surveiller toutes les minutes et me concentrer sur mes prochains projets. Enfin, mon planning d’aujourd’hui est un peu vide malgré toutes les préparations de dernières minutes.

Rachel me suit. Elle est déjà prête pour ses cours de la journée. L’ascenseur n’aide pas non plus. Ma petite sœur jette des coups d'œil, elle espère que je vais changer d’avis. Chose que je ne ferai pas. Je ne veux pas la retrouver comme la dernière fois à cette époque là. Les autres aussi. Même s’ils ne le montrent pas, ils sont inquiets dès qu’un homme s’approche trop d’elle. Moi, je suis en état d’alerte.

Nous allons directement au sous-sol de l’immeuble. Précisément dans le garage. Certains propriétaires sont désemparés car nous en avons plusieurs. Cher et parfait pour montrer notre influence auprès des autres. J’ai pris les clés d’une Mustang Fastback acquis lors des nouvelles présentations au salon mondial de l’auto. Je ne prête pas mes voitures à Rachel. Enfin, si. Ma toute première et vieille Ford à trois portes. Elle l’utilise lorsqu’elle veut faire de long trajet et éviter le métro de nuit. Le moteur est toujours un plaisir à entendre chaque fois que je la démarre.

L’université de Rachel est plus loin que ce l’on s’imagine. Lorsqu'on prend le métro, on y arrive en moins de dix minutes. J’y suis allé lorsque j’ai emménagé pour la première fois dans cette ville. Les débuts ont été difficiles avant d’en arriver là. Nous nous garons sur le parking dédié aux étudiants. On nous regarde de manière jaloux, envieux et fanatique. La mode a toujours été présente dans notre famille. J’aurais aimé que toutes nos créations soient accessibles à tous.

Une touffe blanche apparaît dans ce grand couloir de l’université. Je crois que c’est ce gars dont m’a parlé Adrian. L’ambiance a changé depuis que je suis arrivé ici. Rachel qui n’aime pas être le centre d’attention, des fois oui. Mais ça révèle à tous ses étudiants qu’elle fait partie de la famille la plus prestigieuse de la mode. Nous sommes très bien accueillis à l'accueil. Je suis le seul à donner des sommes astronomiques pour qu’on ne puisse pas avoir ce genre de problème normalement.

- Monsieur Walker, sourit le directeur en nous invitant à entrer. Que puis-je faire pour vous ? Votre mail m’a un peu surpris.

- Je suis là car nous avions un accord comme chaque année.

On toque à la porte de son bureau. Nous sommes dérangés alors que nous n'en avons pas pour très longtemps. Je vais finir par passer ma matinée dans ce bahut alors que j’ai un rendez-vous de dernière minute.

- Vous m’avez demandé monsieur le directeur ?

- Entrer monsieur Davis, c’est au sujet de l’exposé.

J’observe ce jeune homme avancer et s'asseoir à côté de Rachel. L’échange qu’il y a entre ces deux personnes ne me plaît pas du tout. Ma petite sœur s’entend bien avec ce garçon.

- Monsieur Walker, notre bienfaiteur, accentue le directeur sur ce dernier mot, est ici présent par rapport à votre duo.

- Quelque chose qui ne vous convient pas monsieur Walker ? demande-t-il avec ces yeux de biche.

- Avec votre directeur, soupiré-je, nous nous sommes mis en accord pour que Rachel n’est pas de garçon lorsqu’elle doit se mettre dans des projets de groupes. Je le fais pour qu’il n’y ai plus de problème.

- Je crois qu’il est trop tard pour changer de partenaire, me répond-t-il souriant. Le professeur de philosophie est très à cheval lorsque les noms des duo sont annoncés sur le panneau d’affichage de l’université. Si c’est affiché, plus rien ne peut mettre barrage pour changer de groupe. La dernière fois que c’est arrivé, le groupe tout entier à eux un zéro. Je ne pense pas que Rachel voudrait cette note alors que celle-ci est pour notre examen final.

- La note peut très bien être rattrapée avec les autres matières, répondis-je avec un ton différent de d’habitude.

- Sauf que c’est important qu’on ait une note au-dessus de la moyenne sinon nous serons obligés de refaire notre année.

- Ne me dites pas que c’est vrai monsieur le directeur ?

- C’est exactement ça, avoue-t-il. Je vous présente Lincoln Davis. Le meilleur élève du campus. Il pourra même aider Rachel à ne plus avoir peur d’être avec un homme toute seule.

- Rachel n’a pas besoin de cet homme, elle est très bien entourée par sa famille. Vous feriez mieux de lui changer de partenaire.

- Sinon quoi ? Vous retirez vos dons pour l’université. Il n’y a pas que vous qui contribuez à nos besoins.

- S’il lui arrive quelque chose, vous aurez à faire à mes avocats.