Fyctia

Je détaille la robe du regard. Je ne peux pas porter quelque chose d'aussi court. Je farfouille entre les tenues à la recherche d'une robe qui saura me satisfaire. Cela m'a l'air d'être une tâche bien difficile puisque la plupart des vêtements de Jessica sont sexys, troués, fendus et écourtés. Ma main se pose ensuite sur une jupe noire, elle a une fermeture éclair sur le côté. Elle n'est pas trop juste. Jessica acquiesce mon choix. Elle sort alors un haut vert perroquet dont l'une des manches est une simple bretelle. J'enfile les deux tissus. L’œil expert de mon amie vient scruter chaque détail, elle repositionne adroitement mon top à l'intérieur de ma jupe, puis, elle se recule pour admirer le rendu final. Elle sourit.

— Tu es tout simplement canon dans cette tenue. Je te le dis, Chérie, si tu n'arrives pas à attirer du beau poiscaille dans tes filets, je ne comprends plus les hommes.

— Comme si mon but était réellement de me trouver un mec.

— Bien sûr que ça l'est! C'est mon objectif de la soirée. D'ailleurs, ne bouge pas, je vais te prendre en photo, nous devons immortaliser ce jour.

Elle se recule et s'arme de son téléphone portable. Je suis soudainement éblouie par un flash, la photo est prise et à en voir les yeux pétillants de ma meilleure amie, elle doit être assez potable. Elle semble vérifier l'heure, puisque ses deux pupilles ne font qu'un tour avant de revenir vers ma silhouette.

— Bon, allons-y Cendrillon, nous n'allons pas coucher ici!

— Je t'assure que je ne serai pas contre. Cendrillon devra être rentrée avant minuit.

— Ah, désolée, Chérie, mais le carrosse ne sera sûrement pas opérationnel avant minuit, ni même après...

— Tu es sûre que tu parles bien du carrosse, Jess? Laisse-moi douter quelques secondes. Ce ne serait pas, par hasard, le cocher? Je dis bien, par hasard.

— Oh ça va, le cocher a bien le droit de picoler un peu, il travaille toute la semaine, je te signale!

— Le cocher vient de commencer sa semaine! Sans oublier que ce dernier est censé ramener Cendrillon saine et sauve à son domicile avant qu'elle ne ressemble plus encore à une simple souillon.

Jessica fait de gros yeux, oui, je me suis encore légèrement dénigrée. Elle ne pourra pas me changer en vingt-quatre heures et encore moins juste en me faisant porter une jupe moulante. Elle prend nos sacs et me tire vers l'escalier que nous descendons à toute vitesse malgré la dangerosité que représentent nos talons aiguilles.

Une fois sorties, je ferme la boutique à double tours. Jessica a apporté sa voiture, elle compte bien nous emmener à la boîte de nuit avec ce moyen de transport, mais j'ignore comment nous allons rentrer. Je suppose que ma meilleure amie sait ce qu'elle fait et qu'elle a tout prévu, enfin... j'ose espérer. Je m'engouffre dans sa voiture limonade, je ne comprends toujours pas ce qu'elle trouve à cette couleur jaune très fade. Elle démarre et conduit avec ses talons. J'ai l'impression qu'elle a fait ça toute sa vie. Les femmes qui savent conduire avec de telles chaussures sont des héroïnes à mes yeux, surtout lorsque je vois que je suis incapable d'en porter sans me tordre une cheville avec un trottoir. Je suis bien loin d'être la femme sexy, pleine d'assurance qu'est la jolie brune bouclée à mes côtés.

Nous arrivons devant la discothèque. Elle se gare et nous descendons avant d'entrer dans l'établissement. La musique nous met déjà dans l'ambiance festive. Les gens se trémoussent même jusque devant les portes, gardées par des videurs aux lunettes noires. Le bar est blindé, les boissons alcoolisées tapissent le zinc alors que la boîte n'est ouverte que depuis une vingtaine de minutes. J'arrive à distinguer plusieurs groupes d'amis qui sont sûrement venus ensemble. Jessica m'entraîne vers le comptoir et commande deux verres de whisky, elle a décidé de commencer fort. Lorsque nous sommes servies, elle prend les deux verres et s'avance dans la foule pour nous installer à une petite table à l'écart. Elle me tend le mien et me sourit de ses dents blanches.

— Allez Chérie, éclate-toi!

La musique recouvre pratiquement sa voix alors qu'elle semble crier. Je hoche la tête. Elle a raison, je dois m'amuser. Je peux laisser tous mes problèmes de côté durant la soirée, je mérite bien un peu de repos. J'avale le liquide ambré à la même vitesse que ma meilleure amie qui se met à sourire à nouveau en voyant que je garde la même cadence qu'elle.

Un peu plus tard, sûrement au bout d'une heure, je pars au bar, commander ma quatrième bière. Je commence à sentir une vague de chaleur m'envelopper mais je me sens tellement bien que je ne peux plus m'arrêter. J'emmène ma bouteille avec moi sur la piste de danse et commence à me déhancher pour la première fois depuis que nous sommes arrivées. Ma meilleure amie vient me rejoindre, un perroquet dans la main, ce qui me semble être ironique puisque je suis vêtue d'un haut de la couleur que porte son cocktail. Nos fesses dansent ensemble, nos mains viennent embrasser nos corps et nos sourires semblent impossibles à enlever. Rien ne gâchera cette fin de journée.

Deux heures plus tard, je m'enfile ma huitième boisson de la nuit, je sens un léger picotement au niveau de mon front, mais je me sens toujours capable de marcher et de danser, alors je fais succéder les verres sans trop me poser de questions. Jessica prend mes mains et me fait tournoyer parmi les autres clients de la boîte, la musique semble être encore plus forte qu'au début et de la fumée sort de je ne sais où pour nous envelopper au rythme du son qui passe. Je balance ma tête dans tous les sens en me mordant la lèvre inférieure, je ne contrôle plus mon corps, je retranscris simplement le naturel.

Vingt minutes plus tard, un garçon, assez grand, brun, avec une veste en cuir, continue à me regarder. Cela fait bientôt une demi-heure que j'ai remarqué ses yeux braqués sur mon corps. Jessica avait raison, la jupe a fait son petit effet. Il ose enfin venir vers moi, il m'a l'air tout aussi éméché, mais il semble garder un certain contrôle que j'ai déjà perdu depuis le sixième verre. Il pose ses mains au-dessus de mes hanches et vient danser avec moi alors que je relève mes cheveux noirs vers le haut à l'aide de mes mains. Il sourit en me voyant faire ce geste et vient projeter son regard dans mon décolleté où la naissance de ma poitrine est visible, puis, sans crier garde, il vient prendre possession de mes lèvres. Je n'ai embrassé qu'une seule fois dans ma vie, enfin, ai été embrassée, et c'était au collège lors d'un jeu de la bouteille. Cette fois-ci, ça n'a rien avoir, n'ayant pas d'expérience et n'étant pas assez lucide, je me laisse faire. Il vient sucer ma lèvre inférieure tout en mélangeant nos salives. Sa main droite vient se loger derrière mon crâne pour accentuer son baiser. Je sens mes jambes frémir, elles ne semblent plus capables de supporter mon poids. Il vient me soutenir de son autre main au niveau de ma hanche droite sans arrêter son baiser. C'est divin.