Fyctia
Chapitre 8 — partie 2/3
— Haha ! T’es trop bête Élo. Tu vas pas remplacer Nono, s’esclaffe Zoé.
Les deux autres sursautent.
— Qu’est-ce que… quoi ? Zoé ?
La cadette ricane comme une mouette.
— Ah, donc en plus de fumer, tu m’envoies des messages avec des blagues nulles ?
— Mais ça va plus là… tu deviens zozo, Zozo. J’t’ai rien envoyé, moi.
— Oui, oui, bien sûr. Et ça, c’est quoi ? Les aliens qui interfèrent avec mes LingPods ? Un complot mondial. Ah non ! Je sais ! Un montage high tech avec les dernières IA pas encore sorties peut-être ?
La montre d’Élodie vibre. Elle lance son affichage visuel — un bateau fantôme dans la brume de sa vision. « Nouveau message de Zoé : une pièce jointe ». Elle doit réfléchir — bien trois secondes de trop — avant d’ouvrir l’image. Un screenshot de la lentille de sa cadette — seule Zoé possède une licorne qui gambade en haut de l’interface. « Nouveau message d’Élo : »
Les paupières d’Élodie ralentissent. Son regard se fige. Un instant de vide. Puis un battement. Un autre. Elle frotte ses cils. Son application flotte face à elle, superposée au visage gai de Zoé. Elle essaie de suivre les deux en même temps. Sa pupille gauche dérive, hésite, puis décroche. Son crâne entreprend un mouvement de recul. Un simple réflexe. Son front se plisse. Elle rit nerveusement. Ses mains s’interrompent. En l’air. Enfin, sa bouche s’ouvre :
— Waaah ? Mais j’ai pas fait ça… attends… je regarde…
La perplexité de Stéphane — les yeux rivés sur la cadette — n’a d’égale que la confusion manifeste d’Élodie.
— Tu vois ! J’le savais ! J’t’ai rien envoyé ! Une p’tite minute… j’te fais suivre mon historique.
— Tu m’as rien fait suivre du tout, cassos. Tu m’as envoyé une image toute noire.
— Et là !? Tu vas me dire que c’est noir peut-être ?!
— Non, là, t’as juste rien envoyé. C’est tout. Mais c’est bon ! Je te crois, articule-t-elle, le ton moqueur.
— Putain ! Zoé ! Arrête de te foutre de ma gueule ! Tu vois pas que je pète un câble avec cette histoire de Chris ?
— Tu hallucinerais moins si tu fumais pas ! Et si tu voulais rester seule avec ton nouveau mec, t’avais qu’à me le dire !
Le regard de Stéphane n’a plus rien d’humain : une chouette. Ou un hibou.
— Je vais te renvoyer le screenshot. Je vais te prouver que je dis pas n’imp’.
« Lancement de l’interface USS impossible, mise à jour en cours. Veuillez patienter. »
— Putain de mise à jour de merde ! éructe Élodie.
Aussitôt, les bras de Zoé se referment sur elle. Élodie se raidit. Poings serrés. Dents crispées.
— Allez ! Pas de besoin de t’énerver. Je vais te laisser tranquille avec Stéphane. Au moindre pépin, tu m’appelles.
Elle love sa tête contre le cou de son aînée.
— Et repose-toi. Ça ira mieux demain, ajoute-t-elle.
Elle embrasse la joue d’Élodie, lui caresse une dernière fois les cheveux et lui murmure « Je t’aime, sœurette ».
Élodie ne réagit pas en voyant sortir sa cadette. Stéphane, lui, affiche le visage d’une personne qui cherche à comprendre ce qu’elle fait ici.
— Toi… Vu que t’es là, tu vas rester un peu.
Elle trotte en direction du coin cuisine — sans tituber ni trébucher.
— Et on va parler de ce NostalgIA. Surtout, de qui s’occupe d’cette merde. Tu veux un café !
La dernière phrase relève plus d’une menace que d’une demande. Alors, il se crispe, hoche la tête et pince les lèvres.
— Bon, bref, tu voulais essayer de m’expliquer j’sais pas quoi, grogne-t-elle en se débarrassant de la tasse fumante.
Il s’empare de la boisson en murmurant un « Merci ». Il souffle — sans doute pour refroidir son café.
— En fait… je voulais te présenter des excuses. Mes plus plates excuses, même. J’ai paniqué tout à l’heure. C’est que…
Il hausse les épaules.
— Tu veux pas te taper une trans. Pas besoin d’un dessin. Ça finit toujours pareil, de toute manière. J’vais pas m’en offusquer.
— Ce n’est pas ça…
Élodie secoue la tête. Ses traits sont tirés. Ses glandes lacrymales déjà vides. Ses poings la font souffrir. Elle patiente sans affronter son regard.
— Je ne voulais pas… Je ne pouvais pas…
Il déglutit.
— … profiter de toi…
— Quand l’autre personne est d’accord, en général, on n’appelle pas ça « profiter ». Mais bon…
— C’est surtout que… euh… je n’ai pas été honnête avec toi. Et comme je devais signer des papiers pour faire sortir un NostalgIA… j’ai paniqué. Et… je me suis enfui.
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Vince Black
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Anthony Dabsal
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