Fyctia
Chapitre 5 — partie 4/4
Elle pose sa main sur l’avant-bras de Stéphane.
— Au moins, t’as pas cherché à me manipuler. C’est énorme pour moi.
Elle mord sa lèvre.
— Quelle conne que je suis ! Argh !
Il la dévisage.
— Je me déteste déjà… mais bon. Quand il faut y aller…
Elle singe un grognement avant de poursuivre :
— T’as précisé qu’il y avait un mode duo ? C’est bien ça ?
— Oui, c’est bien ça. Mais, attends ! Non, objecte-t-il avec de grands gestes. Je ne veux pas risquer de te faire revivre un de ces bugs. Hors de question !
— C’est moi qui te propose. Allez, ne t’en fais pas, si t’es avec moi, je ne crains rien. Au pire, tu pourras constater que je ne deviens pas folle.
— Je n’en ai jamais douté.
Elle ôte ses doigts de la peau du jeune homme — avec un pincement au cœur, il en va sans dire.
— Je…
Elle baisse les yeux.
— Que se passe-t-il ?
— Je pourrais te tenir la main ?
— Pendant toute la séance, si tu veux.
— Est-ce qu’on peut rester que le temps des feux d’artifice ? J’ai un peu peur que ça dure trop longtemps…
— Oui, bien sûr.
Elle sursaute. Elle s’attendait à tout sauf à ça. Il l’enlace — difficile de résister à l’envie de planter sa tête contre lui.
Il relâche rapidement son étreinte — au grand dam d’Élodie — et la conduit au laboratoire. Il sort la tablette en un geste, tapote quelques mots et repose le NostalgIA. Puis il rejoint le regard d’Élodie.
— Tu es certaine que ça ira ?
— J’avoue… j’ai le trac. Mais, au moins, je me dis que tu perdras pas ton boulot.
— Merci… infiniment.
Il se glisse vers elle, accueille sa main et lance la séance.
Pas de vertige. Juste la salle blanche qui devient peu à peu un ciel noir. Le son de la foule est assourdissant. Les visages sont radieux.
Elle pince ses lèvres et se tourne vers la droite. Stéphane est bien là. Ses doigts chauds enlacent les siens.
Le rythme cardiaque ne ralentit pas — par désir, non par crainte.
Les premières fusées jaillissent du toit du Stade de France. Des dizaines et des dizaines de colonnes de lumière percent l’obscurité. Les 72 000 spectateurs retiennent leur souffle. Comme les deux tourtereaux. Des gerbes d’étincelles s’élèvent, tourbillonnent, puis retombent en une pluie dorée. Des centaines de grondements éclatent, assourdissent Élodie et Stéphane. Plus de crainte, plus de licenciement. Juste des couleurs qui se succèdent : rouge, bleu, vert, argent. Chaque explosion semble peindre le ciel.
Élodie oublie la foule. Elle ne voit que ces feux éblouissants. Un bouquet jaillit en mille lucioles brûlantes, qui reviennent en chenilles ardentes. Un autre surgit aussitôt, davantage rayonnant, fracassant. Le firmament se tapisse alors de fumée opalescente.
Ses yeux se voilent de larmes. Ses doigts broient la main de l’homme à ses côtés, qui ne dit mot. Son cœur bat la chamade. Elle sourit. Et si c’était ça… le Paradis ?
L’ultime salve embrase la toiture du stade. Des éclairs jaillissent dans toutes les directions. Un vacarme phénoménal couvre la rumeur des gradins. Un silence parcourt l’assistance lorsque la dernière flamme s’éteint.
Les applaudissements retentissent. Des vivats montent de toutes parts. Quand le niveau sonore paraît « normal », elle perçoit la voix de Stéphane. Il murmure, émerveillé :
— C’est la plus belle chose que j’aie vue de ma vie.
Elle est trop ébranlée pour parler. En revanche, elle veut découvrir s’il partage réellement son émotion, ses sentiments naissants. Elle tourne son visage vers le sien.
Soudain, son souffle se coupe, son cœur se serre.
Les doigts se désolidarisent.
Les larmes de joie se sont transformées en larmes de peur.
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Vince Black
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Anthony Dabsal
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Louisa Manel
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mima77
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Anthony Dabsal
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