Anthony Dabsal Surprise Chapitre 2 — partie 4/4

Chapitre 2 — partie 4/4

La traversée du quai de métro semble interminable : ascenseur, contrôles d’identité, portique automatique. Elle jette un œil nerveux autour d’elle, se remémore le vertige causé par NostalgIA, souffle un grand coup.


Enfin, l’air glacial à la sortie. Sa montre indique le lieu de rendez-vous, son pouls ralentit à peine.


Au bout de quelques centaines de pas, elle aperçoit Zoé devant la terrasse. Deux sourires se croisent, un baiser sur la pommette, quelques phrases classiques : « Ça va ? », « T’as pas trop froid ? ». Deux bières fraîches plus tard, elles s’installent dans un coin plus calme.


— T’as vu un fantôme ? demande Zoé.


Élodie nie, mais se mord l’intérieur de la joue. Elle se tait : accord de non-divulgation oblige.


— Zoé, dis-moi, tu sais si Nono me prépare un sale coup pour mon anniversaire ?


La cadette fait la moue.


— Non, j’crois pas.

— Ouf. Tu me rassures. Il ment mieux que toi ! J’ai failli gober sa connerie d’IA.


Les yeux de Zoé, déjà bien en amande, deviennent tout ronds. Ses sourcils remontent. Son front se plisse à la façon d’un carlin surpris.


— Qu’est-ce que tu racontes ? T’as repris la fumette ? C’est Nono qui t’a fait replonger ?

— Mais, allez ! Ça suffit maintenant, je sais que vous me faites marcher ! T’es pas cool Zoé !

— Je vais lui dire deux mots ! Des mois, tu m’as soûlée en arrêtant ! Des mois !!

— T’es vraiment pas au courant ?

— Non !

— Sûre ?!

— Tu me prends pour qui ?


Le visage d’Élodie se renfrogne une fois de plus.


— Il n’a pas prévu de blague ?

— J’en sais rien ! Tu me prends la tête !


La montre d’Élodie vibre. Nourredine lui écrit : « On déplace le modèle d’expo au Musée de l’Homme » — toujours pas renommé « de l’Humain », ce qui agace beaucoup Élodie. « On t’attend demain, pour un nouveau test. Please, viens ! »


— « On » ? Mais c’est qui, ce « on » ?

— Euh… tu divagues, Élo…

— Je viens de recevoir un message de Nono. Il a un cadeau d’anniversaire pour moi, mais c’est trop bizarre. Je peux pas t’en parler, mais c’est pas très éthique. Le problème, c’est que ça touche à l’Histoire. Et tu me connais…

— Donc tu vas y aller, ça va foirer et tu vas chouiner dans mes jupes, c’est ça ?

— Un peu, oui…

— Vous changerez jamais, vous deux. Deux ados !

— Et maintenant, il me dit qu’ils m’attendent demain, mais je sais pas qui sont ces « ils ». Il sera avec qui, cet abruti ?

— Des assistants ? Des connards de son genre ? Des meufs décérébrées ?

— T’es dure avec lui.

— Et toi, t’es trop bête. Tu lui pardonnes tout. T’es vraiment prête à tomber dans son plan foireux pour ta passion pour l’Histoire ? Encore ?


Élodie se frotte le menton, plisse les lèvres.


— Oui et non !

— Tu viendras pas pleurer si c’est une connerie ! La nuit porte conseil, sœurette.


Le repas se déroule sans éclat particulier : un plat basique, quelques questions sur la famille, le boulot, des silences. Puis découlent des anecdotes insignifiantes sur un passé qu’Élodie pensait intouchable. Un bref « au revoir » sur le trottoir, et chacune part de son côté.


De retour à son appartement, Élodie s’affale sur son canapé. Les écrans s’allument, proposant des films à gros budget des années 2030. Elle sélectionne les pires, bourrés d’explosions et de dialogues creux — ce n’est pas ce qui manque. Un pot XXL de glace en main, qu’elle racle jusqu’au fond, sans grand réconfort.


Le soir, elle commande une pizza trop grasse, agrémentée de frites surgelées. Un cocktail industriel de sauces et de sodas. Ses paupières s’alourdissent. L’angoisse plane. Des frissons la parcourent. Elle éteint tout, s’enferme dans sa chambre, ferme les yeux tant bien que mal. Impossible de s’endormir.


La nuit devrait être réparatrice… Pourtant, son esprit dérive : elle revoit Nourredine qui la supplie, ses propres larmes dans ce « plus beau jour de sa vie », le déjeuner bancal avec Zoé. Les images la secouent : elle sursaute, suffoque, transpire. Des cauchemars l’assaillent.


Puis quatre piaillements. Sa montre indique 3 h 47. À l’aide du support visuel de ses LingPods — ou de ses USS, elle ne sait plus —, elle envoie un message à Nourredine :

  • OK pour demain. Tu fais vraiment chier !


— Putain, quelle conne ! Demain, c’est déjà aujourd’hui, marmonne-t-elle avant de replonger dans un semblant de sommeil.

Tu as aimé ce chapitre ?

41

41 commentaires

Alsid Kaluende

-

Il y a 5 jours

Like de fin de concours 🙂

Louisa Manel

-

Il y a un mois

On peut dire que tes persos ne sont pas des tendres ! Leur façon de communiquer entre eux est très brutale et je me demande ce qui les rend si désagréables alors que leur attachement est évident. La découverte de la machine à retourner dans la passé est frustrante juste comme il faut. On en découvre les fonctions et amorce la catastrophe qu'un tel dispositif pourrait provoquer. J'imagine les bouleversements qui peuvent arriver pour une prof d'histoire découvrant des éléments de l'Histoire autrement que ceux qu'elle connaît. Bref, c'est intriguant et ça donne envie d'en savoir plus !

Anthony Dabsal

-

Il y a un mois

Si tu veux que je t'explique ce que je ne dirais pas dans l'histoire mais que je m'efforce de montrer. Je peux te le dire sur Discord :-)

Louisa Manel

-

Il y a un mois

ça dépend...T'as prévu une clé ? XD

Anthony Dabsal

-

Il y a un mois

Non, l'histoire est linéaire et normalement on devrait bien la comprendre sans clé de lecture ^^

CallistoDione

-

Il y a 2 mois

Zoé m’énerve. Elle réagit de façon très intense pour quelque chose dont elle ne connaît même pas les détails. Oui, son agacement est crédible, mais elle monte vite en pression alors qu’elle ne sait même pas ce qu’a fait Nourredine.

Anthony Dabsal

-

Il y a un mois

Parfait :-) C'est le rendu que je cherchais :-D

mima77

-

Il y a 2 mois

Alors sur ce 2e chapitre, je trouve que que le moment où ils arrivent dans les locaux et le moment où l'expérience démarre est un peu longue. D'ailleurs il laisse beaucoup de mystère et si ça peu etre intéressant, j'ai trouvé ça un peu long. Pour le passage sur les ling pods, je trouve que c etait un peu brutal.ils sont amis depuis l'enfance, elle devrait le connaitre mais elle l'accuse aussitôt. L'idée est bonne mais peut-être l'amèner avec moins de brusquerie ? La j ai eu l'impression qu'un troupeau d'éléphant me fonçait dessus sur ce dialogue, je sais pas je suis compréhensible lol bref en gros j aurai aimé que ce soit plus subtil et que les doutes d'Élodie monte crecsendo Ensuite, pour NostalgIA, vraiment j'adore l'idée ! J'ai hâte de voir comment tu va mener cette intrigue ou tu va nous emmener ! Concernant le souvenir qu'on a vu, je ne sais pas si il a une grande importance pour ton intrigue, mais on sent bien qu'elle est perturbée après, peut-être donner un peu de contexte concernant ce souvenir ? Pourquoi elles pleuraient ? après c est peut-être parce que je suis très curieuse hein Pour Élodie, je ne comprend pas cette méfiance qu'elle a envers Nono. Ils sont amis depuis l'enfance mais elle lui octroie la même confiance qu elle aurait envers un tueur en série lol Si c est sa nature d'être, peut-être que tu peux le nuancer tout en gardant ce trait de caractère ? J'aime beaucoup le personnage de Nono, je le trouve attachiant. Voila je t'ai écris un pavé 😅 ce n'est que mon avis, c'est toi qui connais le mieux ton histoire 🙂 Pour l'instant j'apprécie ma lecture, et j'ai hâte de voir ce que la suite va donner 😊

Anthony Dabsal

-

Il y a 2 mois

Je comprends ces critiques, pas de souci. Mais tout ce que tu soulignes, ce sont autant d'indices sur Élodie et/ou Nourredine. Le contexte du souvenir, en vrai, n’a pas grande importance : on peut facilement le deviner entre la fin du chapitre 3 et le début du 4. Et même si ce n’est pas le cas, ça ne change rien ni à l’intrigue ni à la compréhension globale. Ce passage sert surtout à montrer leur dynamique : Élodie est constamment à fleur de peau, et lui, il ne s’en inquiète pas plus que ça. Donc oui, le côté éléphant dans un magasin de porcelaine est totalement voulu (même si c’est peut-être maladroit, c’est bien possible ^^). Quant au souvenir, il sera crucial pour l’intrigue, mais plus pour ce qu’il ne raconte pas. Merci pour ton commentaire :-)

Gottesmann Pascal

-

Il y a 2 mois

Ben ouais Élodie, vaut mieux t'endormir parce que la journée qui t'attend promet d'être riche en surprises. En tout cas j'aime beaucoup le postulat de base.
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.