Fyctia
Connor
Ma victoire en trois rounds proclamée, je redescends de mon piédestal. Je fixe brunette qui semble complètement perdue dans ses pensées et à deux doigts du malaise.
J’évite les regards, les mouvements de mains qui m’incitent à venir, je n’ai pas le temps d’aller me frotter à mon public. Ce soir je trace vers les sièges pour vérifier l’état de ma kiné.
Hector me pousse pour que je rejoigne mon vestiaire, m’empêchant de mener à bien mon projet.
Austin s’échappe et je sais très bien où il va c’est là où moi, je devais aller. Madoka le suit de près et tout deux sortent de mon champ de vision.
-C’était un beau combat mon grand !
-Merci coach...
Je vide la bouteille et m’avachis sur le banc de fortune. Les deux déserteurs reviennent avec le colis, encore plus pâle que d’habitude. En plus d’être un peu maigrichonne, elle doit être en manque de quelque chose cette femme, c’est pas possible autrement ! Je vais la remplumer moi.
Miranda s’assoit en face de moi et se ronge les ongles. C’est pas bien Mira, très mauvaise habitude ! Je lui balance ma bouteille pour qu’elle arrête le massacre, sans surprise elle se la prend sur le crâne. Son air mécontent avec ses petits sourcils froncés me ferait presque rire. Presque parce que j’ai trop mal pour rigoler.
-Hé, Casper ! T’as pas un truc pour la douleur ? je lui demande
-Casper ? Sérieusement Connor ? répond-t-elle exaspérée
-T’es livide, passive et parfois transparente. Casper quoi !
-Tu es intenable ! Je vais chercher un baume...
Madoka glousse devant la scène et soupire. Alors que ma kiné complètement déprimée s’apprête à sortir je lui attrape le poignet, qui me parait extrêmement fin pour le coup.
-Te perds pas, dis-je en la libérant
Elle souffle et acquiesce. Je tourne la tête vers Austin qui me lance un regard noir. Qu’est ce qu’il a lui encore ? Ses yeux déjà pas mal foncés avec les bleus me paraissent presque noirs à cet instant. Je suis à peu près sûr qu’il me frappe et me découpe mentalement.
Je le questionne du regard, rien. Pas un mouvement, aucun petit geste que nous seuls pouvons comprendre.
Mon meilleur ami est définitivement en colère contre moi. Pourtant j’ai gagné ? Je l’ai laissé prendre mon peignoir et mettre mes bandes ? Où est le putain de problème ?
Délicatement la porte s’ouvre et Miranda apparaît, le visage humide et la pointe des cheveux mouillés. Sa petite main trempée me tend le baume anti-douleur que je prends. À peine je l’ouvre que ce truc dégage une odeur infecte à donner la gerbe !
-Putain c’est quoi ça !
-Tu n’es jamais content ! C’est... Exaspérant et vexant ! gronde Miranda
J’écarquille les yeux, surpris. Miranda, la petite chose vient de me gueuler dessus ! Et c’est qu’elle a de la voix la demoiselle ! Putain finalement je me demande si elle ne ferait pas un malheur dans un lit ! Entre ses gestes de masseuse et sa petite voix... Madoka sourit, visiblement fière sa fausse progéniture pendant qu’Austin fait redémarrer son cerveau. Elle nous a mis au tapis en un dixième de seconde. Et ça fait mal comme défaite.
J’applique le baume et je sens que ça chauffe, putain ça fait du bien.
Je le lui jette et elle le rattrape avec un air fier avant de le poser à côté et de sourire à Madoka.
Hector me fait un topo sur mon prochain adversaire. D’après lui ça va être un match qui va se gagner à l’usure. Ça tombe bien, pousser les gens à bout c’est mon domaine de prédilection !
-Évite de te blesser, les compétitions commencent dans deux semaines...
-Sois pas inquiet Hector, je suis le meilleur !
Austin lève les yeux au ciel. Ma patience a des limites très fines et il est entrain de marcher dessus. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec lui et son comportement de gamin avant un combat.
Pour me calmer je m’isole, mentalement. Je déteste ça, le silence mais il faut que j’apaise mon envie de lui casser le nez et plus.
Je me remémore une phrase qu’on me répétait en boucle : « le silence puni l’insolence »
Elle résonne dans ma tête, comme un écho.
Je souffle et me lève pour m’étirer, les craquements de mes articulations me soulagent.
« Souviens-toi Connor, le silence puni l’insolence »
Hector me tape l’épaule et me désigne l’écran. Une rediffusion des combats de l’an passé, dont un des miens. Ils ont tous les yeux rivés dessus, même celle qui donnait l’impression d’être totalement indifférente à un combat.
Elle m’a prouvé le contraire, quand elle s’est levée pour applaudir.
Maintenant ses yeux sont rivés sur le moi à l’écran. Comme tout le monde.
-C’était un beau combat ! se remémore Mado
-Mes combats sont tous beaux !
-Excusez-moi Monseigneur ! se moque-t-elle en s’inclinant
J’adore cette femme, vraiment ! Toujours en train de sourire et de faire rire. Pas étonnant que tout le monde l’aime. Une femme chaleureuse venant d’un pays froid. C’est l’exact opposée de Miranda, une femme froide venant d’un pays tempéré.
Mais sa froideur, elle n’est qu’intérieure, je le sens. Il suffit d’une petite flamme, une minuscule étincelle pour que tout s’enflamme et la ramène à la vie. Et cette chaleur elle a fait effet aujourd’hui, un court instant puis la glace est revenue et à tout gelé.
Il lui faut une source de chaleur.
-Connor à vous !
Je craque mon cou et mes acolytes me suivent, alignés derrière moi comme une armée marchant au pas. Mon armée.
Je souris, un sourire narquois et fier.
Toutes les lumières sont braquées sur nous, sur moi. Je me sens comme une étoile, un Soleil auprès duquel on vient chercher de la lumière, une lueur d’espoir. Ils ont raison, je suis une étoile, une étoile montante et je brûlerai tous ceux qui se dresseront devant moi et ma réussite.
On ne peut pas m’atteindre.
Je retire mon peignoir et le balance dans le public qui se l’arrache. Battez vous pour moi, j’adore ça !
Mes muscles se détendent et j’attends l’arrivée de mon ticket pour la victoire. Les combats à l’usure sont les meilleurs à voir mais les pires à vivre. Ceux qui combattent comme ça sont de vrais tanks, ils encaissent et t’envoient dans les cordes avec ferveur. Soit tu abandonnes soit ton l’équipe le fait pour toi en jetant la serviette.
Dès qu’Hector m’a pris sous son aile je lui ai interdit d’abandonner à ma place. Personne ne me déclare K-O avant que moi-même je ne l’ai décidé.
-Je veux un combat propre, protégez-vous en tout temps, ordonne l’arbitre
On frappe nos gants puis nous reculons dans nos coins respectifs. La cloche sonne. Je me ferme à tous bruits parasites, je m’exile dans le silence.
Je ne vois qu’une seule chose, la forme en face de moi, elle s’avance et essaie de me mettre une droite. Raté.
Possédé, je lui envoie un balancé du gauche suivi d’un direct du droit. Sans chercher plus loin je le bloque et lui met une claque latérale avec mon genou.
Il recule, secoue sa tête et se poste face à moi en sautillant et souriant.
Tu commences à m’énerver. Réellement.
Je tourne la tête vers mon coin, ses sourcils sont froncés et son visage tiré.
Elle s’inquiète.
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AisuYumiya
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FeizaBabouche
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Sandrine Plissonneau
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Emilie May (Bookofsunshine)
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alexia340
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