Fyctia

Son pied entre en contact et me pousse violemment dans les cordes. Je me prends un enchaînement de sa part et le goût métallique du sang remplit ma bouche. J’entends des injures et des exclamations tout autour de moi. Reprends toi !

Il envoie valser son poing que j’esquive de façon Lop Tchak, en déplaçant mes appuis pour prendre sa place et le pousser à son tour dans les cordes tricolores.

Un descendant en direction de son crâne, mais son pied me dégage au centre. Son poing me retourne la tête, j’entends mon cou craquer.

Un liquide rouge vif dévale ma joue.

Je sens ma patience s’échapper peu à peu, mon envie d’un combat « propre » devient un très vague souvenir.

Il va mourir.

Sans chercher à créer une ouverture, je lui envoie un latéral de mon pied droit. Retour aux cordes pour toi.

Son bras coincé sous mon aisselle, sa tête maintenue par mon autre main je lui assène une série de semi-circulaire du genou contre son torse.

Je vais faire ça, jusqu’à qu’il crache ses poumons et son cœur sur le tapis. Ensuite je me ferai une joie de le piétiner.

La putain de cloche sonne et l’arbitre me tire en arrière.

Assis sur mon tabouret, je le fixe entrain de cracher son sang. Un rictus se forme sur mes lèvres gonflées.

-Tu joues à quoi là ? Tu sais comment ça va finir ! gueule Hector

-Entre quatre planches de cercueil. Promis, je lui ferai un discours.

Je crache l’eau avec mon sang et bois une gorgée. J’essaie de pencher la tête pour voir mon coin, Madoka est debout, dans tout ses états, Austin est assis à essayer de brancher Miranda qui semble perdue dans son esprit. C’est marrant de le voir draguer une femme qui ne voit même pas ses avances ou feint de ne pas les voir.

Il me fait de la peine.

La minute de repos s’écoule et je reprends mon masque de guerrier avant de retourner sur le champs de bataille.

J’enfile mon armure et saisie mes armes. Un coup vient effleurer ma côte de maille, je le renvois au centuple.

Mes points se projettent, catapultés par mes muscles tendus de rage. Je ne veux qu’une seule chose, entendre son dernier soupir !

Il peut me donner autant de coups qu’il désire, je les encaisserai pour tous les lui renvoyer.

Dix fois, cent fois, mille fois plus forts !

Je suis un roc que nul ne peut ébrécher. Je suis un bouclier, je pare les attaques et de mes huit épées je transperce mon adversaire.

Le craquement des os de mon rival me parvient comme une douce mélodie.

-Séparez-vous ! Arrêt provisoire !

Deux hommes en noir me repoussent vers mon coin, pendant que deux autres en blanc s’occupe de l’homme, écroulé, en sang.

Difficilement j’essaie de sourire pour exprimer ma pointe de fierté. J’ai abattu mon ennemi !

Fier je tourne la tête. Miranda ne semble pas apprécier ce qu’elle voit, sous les projecteurs elle m’apparaît encore plus blanche, livide et vidée de toute forme de vie. Elle devrait être contente, j’ai gagné !

Austin se frotte le visage en jurant pendant que Mado secoue la tête en me foudroyant. Soudain une claque me brûle l’arrière du crâne.

-Connor tu n’es qu’un sale petit con ! me hurle le coach à l’oreille

Un sale petit con qui a gagné ! Ils évacuent l’homme et me déclarent vainqueur par abandon.

Je suis un combattant qui ne fait pas l’unanimité, je le sais. On me hait autant que l’on m’aime.

« Trop violent ! », « Trop fort ! ». Mais je me bats pour moi, pour prouver au monde entier ce que je suis devenu, c’est-à-dire Invincible.

Mon arcade soignée provisoirement on m’envoie le prochain combattant. Je suis remonté à bloc, autant en profiter !

Sortez vos appareils et vos lumières, je suis là ! Ne regardez que moi !

Le blondinet en face de moi me salue et j’observe ses jambes trembler. Si tu as peur, ôte-toi de mon chemin, de toute façon ce n’est pas comme si tu allais tenir longtemps.

Je plante mes yeux dans les siens, à la recherche de son courage visiblement resté à l’hôtel.

-Prêts ? Combattez proprement, pas de coups bas, insiste l’arbitre

Proprement ? Encore ce mot beaucoup trop contraignant, autant s’en débarrasser !

La cloche retentit et mon direct sauté du pied retentit sur l’homme d’en face.

« Bam ». Mais le gringalet se relève et sans prendre de mesures supplémentaires je le fauche. Son poing tape trois fois. Tu es faible et pathétique.

-Abandon ! Reculez ! me hurle l’arbitre

Je n’ai jamais cogné un arbitre, je me demande l’effet que ça procure de coller son poing dans la face de ce type ?

Mauvaise idée, les compétitions sont dans deux semaines et une suspension n’est pas la meilleure des solutions. Je me contente de sortir du ring et me faufile jusqu’aux vestiaires pour récupérer mes affaires, maintenant que j’ai combattu, le reste m’importe peu. Hector râle derrière moi et Madoka jure comme un charretier. Ce n’est pas très beau les insultes dans une belle bouche de femme, surtout quand elles me sont destinées.

-Connor, tu es vraiment un boulet ! peste-t-elle

-Un boulet avec trois belles victoires de plus à son palmarès.

-Tu sais que d’envoyer les gens aux hospices c’est pas la meilleure des choses à faire ! Personne ne voudra te combattre et tout ce que l’on a fait, ce que tu as fais n’aura servi à rien ! C’est ça que tu veux ?

-Il sait pas ce qu’il veut, à part tout ! s’invite Austin

Alors toi c’est pas le moment parce que j’ai une forte envie de te casser le nez une seconde fois !

Son air mesquin, un brin supérieur ne me plaît pas.

-T’as un problème Austin ? Parle !

-Oui j’ai un problème, c’est toi ! T’en a pas marre de mettre tes sales pattes n’importe où et de faire n’importe quoi ?

-N’importe quoi hein ? Est-ce que tu fais la moitié des choses que je fais ? Non, alors tu l’a boucles, je m’emporte

Je boucle mon sac et sort de cette pièce trop petite, au passage j’heurte Miranda qui valse sur le côté et manque de tomber. Sans attendre mon équipe je demande à notre chauffeur de me ramener, ils n’auront qu’à se débrouiller pour rentrer, grandes gueules qu’ils sont. Pendant le trajet j’essaie de chasser le regard vide de Miranda, c’était effrayant à voir.

À peine arrivée que je saute de la voiture pour grimper les étages et aller me mettre sous la douche.

L’eau dégouline lentement, prenant soin de brûler ma peau et mes muscles endoloris.

J’aurais dû ramener Miranda avec moi, elle m’aurait massé.

Et puis même, elle me fait de la peine cette femme... Elle semble loin et si proche à la fois, comme retenue et perdue quelque part au plus profond d’elle-même.

Elle paraît livrer un combat, qui semble toujours se finir par son knockout. Austin l’a vu lui aussi, Madoka l’a senti la première et la protège du monde extérieur.

Elle la protège de moi, mais pourquoi ? Qu’est ce qu’il a bien pu lui arriver pour qu’elle en arrive à ce stade de déprime et de passivité extrême ?

Je veux savoir, comprendre.

Et, pourquoi pas, lui venir en aide ?