Fyctia
Connor
Ses mains tremblantes me malaxent à des points stratégiques, et non pas de partout comme il le faisait. Je suis en train de me demander si elle n’est pas plus compétente que lui. En trente minutes de massage, elle m’a fait plus de bienfaits que lui en trois ans ! Et en plus j’ai pu découvrir une nouvelle Miranda.
Ce n’est pas la petite Miranda qui me masse actuellement, du moins pas celle qui se laisse marcher dessus, qui bégaie devant des journalistes et qui m’exaspère avec sa faiblesse de caractère. Cette Miranda là a des geste déterminés, sûrs, presque sensuels par moment, sûrement parce que c'est une femme. Mais cette Miranda, elle me plaît. Complètement bouillant et sûrement rouge comme une écrevisse, je me lève avec des muscles détendus et soulagés.
-On ne fait que le haut ? Pour tes tendons j’ai -
-Personne ne touche à mes jambes
-D’acc-d’accord ...
Je pars me changer dans les vestiaires avec l’impression d’avoir oublié une partie de mon corps sur la table .
Short enfilé et protège tibias accrochés, j’attend qu’Austin vienne me bander les mains pour enfiler mes gants.
Madoka vient me chercher pour l’échauffement.
Les étirements du dos, des bras, des jambes et l’option grenouille font partie de l’échauffement crevant de Madoka Ivoa, qu’elle a modestement décrit dans son livre, best-seller depuis deux mois.
La partie préférée d’Austin dans mon échauffement, c’est celle où je travaille ma résistance aux coups, je contracte les abdos et il me martèle avec ses poings. Il essaie de me faire flancher mais c’est toujours un échec cuisant. Il frappe comme une petite fille, du coup c’est Hector qui s’y colle et là, fini de rire.
Ses poings, c’est l’équivalent d’un poids lourd mitraillant sans interruption pendant une minute.
La torture touche à sa fin et je cogne pendant dix secondes sur le sac, en attendant mon sparing-partner.
Je scrute la porte qui s’ouvre en grinçant, espérant enfin avoir mon partenaire d’opposition. Mais c’est ma kiné, qui entre timidement et s’installe dans un coin avec Madoka pour papoter.
-Bon il fait quoi ? me plaignis-je
-Monte sur le ring je te fais faire une série de Paos, se propose Austin.
Mon partenaire de fortune en place, j’enchaîne droite, gauche.
Le problème d’Austin c’est qu’il n’a pas la force de contenir mes coups,et je me retrouve obligé de modérer ma puissance. Il est trop faiblard des bras. Mais bon, on fait avec les moyens du bord. Pourtant j’aimerais que mon meilleur ami soit aussi fort que moi, j’ai besoin d’avoir des personnes fortes autour de moi, et non des êtres faibles qui laissent la vie leur marcher dessus. Je ne les supporte pas, ils me rappellent tout ce que j’étais que je ne veux pas redevenir. Austin attrape ma jambe dans un geste malheureux et son sourire s’en va.
Je frappe pour qu’il comprenne sa connerie.
Je veux qu’il s’écroule ! Comme je m’écroulais. Maintenant c’est à son tour de tomber, de goûter à la fermeté du sol et l’amertume qu’il provoque. Il s’endurcira comme ça !
J’envoie mon genou dans l’espoir de le faire plier.
Je n’entends plus les bruits alentours, il n’y a que moi et Austin.
Mes huit armes se projettent contre cette forme. Pieds, genoux, poings et coudes .
-Faut que je le dise combien de fois p’tit con ! j’hurle
-Connor !
Je m’arrête. Je reconnais cette voix. Je cligne plusieurs fois des yeux, j’ai l’impression de me réveiller d’un mauvais rêve. Austin est par terre, le nez en sang, le regard effrayé. J’arrache difficilement mes gants et m’agenouille auprès de mon ami bien amoché. J’y suis peut-être allé un peu fort. Mais on ne touche pas ma jambe !
Ma main dans les cheveux j’essaie de me calmer, sentant mon cœur proche de l'explosion. Il tambourine dans ma poitrine. J’ai envie de l’arracher et de l’écraser au creux de ma main, sentir la chaleur des flux sanguins entre mes doigts.
J’essaie de me calmer, mon corps est en surchauffe, il va exploser. Ma tête vibre et mes oreilles bourdonnent.
-Regarde moi, Connor, chuchote une voix.
Cette voix m’est inconnue. Elle se veut chaleureuse, douce, rassurante, presque comme si elle m’enlaçait pour me contenir.
Une main froide se pose sur mon front et descend sur ma joue. La voix reparle avec une autre que je connais bien, celle de Kim, mon médecin. Mais ce ne sont pas ses mains qui sont posées sur mon visage.
La petite voix parle encore et s’apprête à fuir, je veux qu’elle reste ! Ma main s'élance dans l’espoir d’en attraper la source.
La voix couine, surprise de s’être faite capturer ainsi. Je serre ce que j’ai attrapé, un gilet en laine.
Je secoue la tête et réouvre les yeux, qui sont aveuglés par la lumière des spots.
- Ça lui arrive souvent ? demande la petite voix
-Dès qu’on touche sa jambe...
Je compare la voix de Madoka, elle ne colle pas à la petite voix. Je regarde le bout de tissu et remonte jusqu'à son propriétaire.
C’est elle ? La petite voix ? Je desserre mon emprise et la libère. En prenant appui sur les cordes je tente de me relever, ma tête tourne. Tout tourne. Miranda se lève et remue ses lèvres, je n’entends pas. Parles plus fort. Je veux entendre !
-J’emmène Austin aux urgences.
-Merci, Miranda. On s’occupe de Connor.
J’ai un soudain sentiment de sympathie envers elle, je regretterais presque d’avoir été aussi... Aussi quoi ?
Austin s’accroche à son épaule comme à sa propre vie et là, c’est bien lui que j’ai envie de faire tomber. J’ai cassé le nez de mon meilleur ami à cause de chimères mortes, ressuscitées par son geste.
Kim m’inspecte du coin de l’œil.
Je me lève sous les protestations des deux hommes. En face j’aperçois Miranda qui tient Austin à bout de bras en appelant quelqu’un pour venir les chercher.
Mon mal de crâne a raison de moi et m’ordonne d’aller prendre un médoc avant de frapper le pare-brise d’une des voitures.
La carte magnétique en main je déverrouille la porte de ma chambre.
Il n’y a pas un bruit.
Ce silence commence à me faire angoisser. Rien, pas une voiture ou une moto qui traverse la rue. Pas de fans hurlant pour que je les entende, pas d’applaudissements, de speaker, de cris.
Je n’aime pas ça. J’allume la télévision pour qu’elle balance ses infos, je veux juste du bruit.
Je veux une présence sonore pour ne pas me sentir abandonné et flancher comme avant .
La faiblesse commence à revenir, je la sens, elle s'immisce en moi comme du venin. C’est de sa faute à elle ! Elle est faible et m’a contaminé !
Elle n’a pas le droit de faire ça ! Je me suis battu pour en arriver là, si Miranda est là c’est uniquement grâce à moi et aux circonstances. Comment elle me remercie ? En me rendant aussi pathétique et minable qu’elle ! Comme j’étais avais d’être invincible.
Je suis fort, je suis le meilleur ! Personne ne peut m’abattre ! C’est moi qui réduis à néant ceux qui osent se mettre en travers de ma route .
Alors qu’elle n’essaie pas de m’abattre ou je lui porterais le coup de grâce.
19 commentaires
AisuYumiya
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Il y a 7 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 7 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 7 ans
AisuYumiya
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Il y a 7 ans
Lydia4818
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Il y a 7 ans
AisuYumiya
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Il y a 7 ans
Lydia4818
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Il y a 7 ans
FeizaBabouche
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Il y a 7 ans
AisuYumiya
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Il y a 7 ans
E.S Line
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Il y a 7 ans