Fyctia

Je grimpe sur ce ring de sept mètres de large qui dans quelques heures sera mien . Tout les yeux sont rivés sur moi et ils ont bien raison, je suis le spectacle !

La musique qui martèle la salle s’arrête d’un seul coup provoquant un brutal rappel à l’homme en face de moi . Un rappel brutal sur sa défaite à venir .

Ses yeux qui essaient de m’effrayer et de percer les miens qui se délectent de ce spectacle minable me font retenir un sourire . S’il tient trois rounds il aura un minimum de respect de ma part . La musique repart et laisse soudainement place à mon rythme préféré, le Pi muay où tout simplement la musique traditionnelle qui accompagne le Wai Khru .

Maintenant plus question que je me préoccupe de celui en face, j’effectue le tour du ring, gant sur la corde et je m’incline devant chaque pilier en les tapant trois fois . C’est le seul putain de moment où moi je m’incline . Après, c’est celui en face de moi qui s’inclinera, écrasé contre la toile immaculée du ring .

J’arme mon poing de toute ma rage et ma puissance pour mettre un uppercut qui fait décoller sa tête, sans perdre de vue l’objectif de dégager ses bras pour mieux attaquer . Mon genou lui cogne les côtes pour qu’il se replie dans le coin une seconde fois . Le règlement de ce gala est clair, les coups de coudes sont autorisés donc je ne vais pas me gêner ! Je lui en met un bon sauté-coude et il s’écroule enfin . Un coup de coude, c’est aussi redoutable qu’un coup de couteau d’après Austin qui s’excite dans mon coin en levant les bras .

L’arbitre me fais reculer et décrète que c’est un KO . Il soulève mon bras pour me déclarer vainqueur, à quoi bon ? Je suis le meilleur tout le monde le sait !

Je passe sous les cordes pour sortir du ring quand Austin me tape l’épaule .

-Mec, c’était du rapide ! Faut te détendre ! rit-il

-Il était mou et faible . J’aime pas les faibles !

-Connor, pas de remarques de ce genre ! me gronde Hector

-Pardon coach... 

On laisse la place aux autres hommes de coin et direction vestiaire . J’observe rapidement la marchandise présente ce soir, déçu qu’il n’y est si peu de demoiselles non accompagnées par un homme, même si l’évincer ne serait pas compliqué.

J’ai remarqué une petite rouquine au premier rang qui avait les yeux écarquillés pendant tout le combat et qui a manqué de tomber sur sa copine désintéressée donc inintéressante à mes yeux . Je suis un fantasme autant que celles qui me désirent en profite pour quelques heures . Arrivé aux vestiaires

Austin me retire mes gants et me tend la bouteille d’eau que je descends .

La bouteille vidée en main, je l’écrase pour palier à ma honte d’avoir été amoché à l’arcade par un faib- un moins doué que moi . C’est comme une défaite à mes yeux, et la défaite je l’ai en travers de la gorge !

Le téléphone du coach sonne et à peine il répond que son visage passe par toutes les expressions, surprises, agacements et enfin énervement complet avec la petite veine sur le front et les joues rouges . Je ne sais pas qui est au téléphone avec lui mais si j’étais lui je raviserais mes paroles qui ne plaisent pas à un ancien quadruple champion du monde .

-Trouve m’en un ! Il en a besoin pour la saison à venir ! Non je ne me calme pas !

-Il est pas content papy Hector ! se moque Austin qui se fait foudroyer du regard

-Ici ? Un bon ? File son numéro ! Austin au lieu de faire le guignol note ce que je te dis ! 

Il manque de tomber par la surprise et prend un bout de papier pour relever le numéro de téléphone de je ne sais pas qui, Hector, je n’aime pas les cachoteries ! Mon agacement d’être mît de côté commence à grimper .

Le coach s’adoucit et raccroche avant de se passer les mains sur le visage visiblement à cran .

Je l’interroge du regard :

-Avec la saison qui va reprendre il t’en faut un pendant son absence, or ils sont pris ou en cabinet . On m’a donné le numéro d’un qui a raccroché mais qui était pas mal réputé dans le milieu.

-Et où est le problème ? Demande Austin

C’est vrai ça ! On a trouvé un kiné et en plus un qui semble pas trop mal ! Faut toujours qu’il soit suspicieux. Ok il a raccroché, mais bon s’il a soixante balais c’est normal ! Tant qu’il reste en vie les six prochains mois ça me va ! Pas besoin d’une nana super sexy en blouse blanche ! Quoi que ça peut-être une bonne alternative ! Austin compose le numéro sous l’ordre du coach . Une sonnerie, deux sonneries. Bon il fait dodo sur le siège le papy ! C’est à peine vingt et une heure va falloir être plus résistant que ça . Quatre sonneries plus tard c’est la bonne, une femme répond dans le brouhaha de la salle . Donc mon kiné sera une vieille, je suis un peu moins emballé sur ce coup là, des mains féminines huileuses et toutes fripées qui me touchent, non merci ! Rien que d’y penser je suis mal à l’aise !

La voix d’Austin bégaie, son interlocutrice n’a pas l’air très contente d’avoir été dérangée pendant son rinçage d’œil . La voix de la femme sort sur téléphone brisant le tympan de mon pote avant de raccrocher .

-C’est mort ! Elle refuse catégoriquement ! 

Sauf que je suis quelqu’un qui a toujours ce qu’il veut donc si je veux un kiné j’aurais mon putain de kiné. Si cette bonne femme est présente à la réception après les

combats on lui rend une petite visite à sa table en lui évitant la crise cardiaque et on lui fait une offre qu’elle ne pourra pas refuser ! Parce que personne ne me refuse quoi que ce soit, jamais !

J’expose mon idée aux deux qui m’accompagnent actuellement, c’est un oui unanime.

En attendant, je patiente pour mon deuxième et dernier combat de la soirée .

Second combat qui a finit comme le précédent. J’ai quitté ma tenue de boxeur pour celle d’un gentleman près pour la soirée à venir . La sécurité nous guide au restaurant où se déroule la suite des événements.

Entre entrée et plat trop salé c’est un véritable fiasco sans parler de l’ambiance. Celle qui a chapoté la soirée dans sa robe à paillettes blanche a fini en pleurs avec ma rouquine .

Je propose de décamper rapidement mais Austin insiste pour le kiné et appelle le numéro pour voir si dans la salle quelqu’un répond .

Rien, ça sonne dans le vide .

De dos une brune avec un chignon décoiffé s’apprête à répondre . On s’avance pour vérifier si ce n’est pas une erreur mais quand Austin lui redemande de travailler pour moi elle râle et raccroche . Pas de doute c’est elle ! Hector passe devant nous et réajuste sa cravate.

Devant sa table je déglutis quand je vois à qui appartient le chignon . Ce n’est absolument pas une grand-mère mais la femme à la robe blanche brillante et aux yeux gonflés .