Fyctia
Miranda
Sa main plonge dans mes cheveux et me rapproche de plus en plus de lui, m’incitant à approfondir notre échange. Il prend possession de ma bouche et joue avec ma langue timide et mes lèvres fébriles, qu’il mordille. J’ai l’impression de prendre feu, mon cœur palpite et mon ventre crépite. Je ressens des battements délicats, comme si des dizaines de papillons prenaient naissance en moi et qu’ils étaient prêts à s’envoler. Mes sens s’éveillent, et se délectent de ce moment, tout mon corps se contracte et se libère. Je respire son odeur, un mélange salé et huileux, je ressens son souffle sur ma joue, brûlant. Je l’entends grogner au creux de mon oreille. Je me perds dans ses bras, et il me rattrape, me collant désespérément à lui. À court d’oxygène, on se sépare; j’inspire un grand coup.
Sa main libre vient repousser une mèche derrière mon oreille, et son pouce vient caresser mes lèvres, encore tremblantes. J’ai du mal à reprendre mes esprits, et un sentiment de culpabilité vient entraver ce moment. Instinctivement, je pose mes doigts sur ma bouche, l’arme du crime. Il chasse ma main et garde mon poignet en sa possession, comme tout le reste.
-Arrête de te faire du mal, merde !
Il soupire lourdement et se rassied sur le banc en face. Qu’est-ce que j’ai fait, encore ? Son poing ganté tape le bois, l’air de dire : « Viens ici, dépêche-toi ». Pesant le pour et le contre, je me lève et m’assieds. Que dis-je, m’écrase sur le banc.
J’ai l’impression d’avoir fait s’enclencher un terrible mécanisme. Et si « j’arrêtais », comme il le dit ? Si j’arrêtais, tout. Pour vivre maintenant, et plus avant ?
-Tu veux pas arrêter de te prendre la tête ? Ton crâne prend feu.
Sa main vient ébouriffer mes cheveux. Je sais que certains boxeurs, avant ou après un combat, ont besoin de tendresse. Une attitude mentale trop forte dans un sens entraîne un comportement opposé. L’agressivité vient donc chercher la douceur. Je me trouve dans cette situation avec lui, je viens compenser le « trop-plein » d’agressivité du combat. Avec Rick, c’était pareil. Il m’interdisait formellement d’être près de lui avant un match, sous peine de faire baisser son taux de combativité.
Pourtant c’était à ce moment là que j’avais le plus besoin de lui, et de sentir sa présence.
Je regrette ces fois où j’ai été mise à l’écart.
-On peut rentrer, ou vous faites des bébés ? glisse Cassie à travers la porte.
-Je veux être tata, moi aussi ! ajoute Madoka
Je sens que ce petit jeu va mal finir ! Pour éviter plus d’ambiguïté, je leur ouvre brusquement la porte et les deux curieuses me tombent dessus.
Hector toise Connor et Austin me fait un sourire, faux. Comme tout le reste ? Cassidy inspecte l’athlète affalé sur le banc, elle le passe au crible et analyse chaque petit mouvement. Puis elle me tire la joue, comme à une enfant.
-T’es toute rouge... chuchote-t-elle.
-Peut-être que je te raconterai...
-Mais c’est que tu es d’humeur joueuse ! Faut qu’on parle, toutes les deux, chérie !
Elle glousse; je secoue la tête pour l’embêter. Mon attention se porte sur l’ambiance générale, électrique et pesante. Le vestiaire blanc paraît devenir une arène où deux gladiateurs vont s’affronter. Mais à quel prix ? Je délaisse un instant celui qui a hanté ma vie ces dernières années, et me concentre sur le nouvel homme en face de moi.
Que faire, ou dire ? Madoka s’assoit aux côtés de Connor, les bras étendus sur le dossier, l’air détendu et concentré sur le plafond, d’un gris délavé, où une lumière grésille et peine à rester allumée. Elle pose sa main sur sa cuisse et le pince. Aucune réaction.
-Arrête de me tripoter.
Son ton est pinçant, j’éprouve presque de la peine vis-à-vis de sa préparatrice, venue chercher un peu de réconfort. Parce qu'elle aussi n’a pas l’air avec nous. Son corps est ici, mais ses pensées sont loin.
J’avoue être curieuse d'en connaître la raison.
Je surprends un regard ambré, vagabond, et un poil insistant. Il faut que je décrypte le message, et vite, au risque de déclencher une scène dramatique.
Comme je n’ai pas l’air de saisir assez rapidement, il soupire et s’affale contre le dossier.
Le temps est écoulé.
-Bon, quelqu’un se décide à parler ? Parce qu’on se fait sacrément chier, là ! balance Austin, bras croisés.
-Fais-nous un tour de magie, propose le coach.
-Oh oui !
Ma meilleure amie s’extasie devant l’idée, ou le magicien. Il nous fait signe de prendre place, sur le banc en face. Connor se décale, pour me faire une petite place. Sentir son bras contre le mien réveille mon corps, une nouvelle fois. Mon être répond au sien, sans aucune difficulté. C’est... effrayant. Suis-je réellement prête ?
-Tu as froid ? me demande-t-il
Comment te dire que non, je n’ai pas froid, c’est toi qui fais ça. Je me contente seulement de te répondre par un sourire, sûrement niais.
Un sourire qui n’échappe pas à ma meilleure amie, ni au tien. Je te réponds par un simple petit étirement de lèvres, puisque je ne sais pas quoi te dire. Je suis perdue, dans un monde où tout semble être parfait. Beaucoup trop, d’ailleurs.
Et si c’était un piège ? Tout a commencé de cette manière, la dernière fois, et tout s’est terminé, de façon brutale. Ai-je simplement peur ?
-Quelqu’un a une carte à me prêter, ou même un billet ? demande Austin
-Je dois avoir cinq dollars, dans mon sac !
Cassie fouille dans son sac à main et lui tend le billet. Connor soupire, agacé par la situation.
Madoka essaie de se concentrer sur le moment et moi, je fais juste semblant d’être attentive.
Notre magicien sort un briquet de sa poche et, d’un coup, brûle le billet. Ma meilleure amie se redresse, et écarquille les yeux. J’avoue que ça devient intéressant.
-Ca fait six ans qu’il fait le même tour... se plaint Connor
-Laisse le faire. Il détend l’atmosphère, je réponds
-Tu parles, c’est lui qui fait tout capoter.
Je le fixe, un peu perplex. et il me répond par un clin d’œil suggestif en me pinçant la cuisse.
Tu veux jouer, c’est ça ? Je lui pince la sienne en retour, légèrement camouflée par un short noir, et sans attendre il vient près de mon oreille pour me chuchoter seulement deux petits mots, qui ont l’effet d’une bombe :
-Fais attention...
J’arrive à sentir son souffle sur ma joue brûlante, qui vient ensuite chatouiller mon cou. J’imagine son sourire carnassier en coin. Ses lèvres effleurent délicatement ma peau, devenue sensible et réactive. Ma tête tourne et mon esprit divague, loin. Nous sommes de nouveau seuls, dans ce vestiaire austère et peu accueillant. Je me fiche royalement des paires d’yeux posées sur nous, je me moque du jugement. Pour le moment, seul l’instant lui-même compte. Un raclement de gorge insistant nous force à nous séparer. Le rouge me monte aux joues et furtivement, son pouce vient effleurer l’une d’elles. Le regard complice de ma meilleure amie vient se plonger dans le mien. Ce soir, tout aura changé. En même temps qu’Austin fait réapparaître le billet, je pense me sentir prête à renouer un contact.
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AisuYumiya
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Il y a 7 ans
Morganou
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Il y a 7 ans
Caro Handon
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Il y a 7 ans
AisuYumiya
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Caro Handon
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AisuYumiya
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Il y a 7 ans
Fanny, Marie Gufflet
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Il y a 7 ans