isabella Suis timide et je ne me soigne pas Jean

Jean

Me revoilà en visite à mon frère. Je scrute immédiatement l'allée numéro deux. Déception. Elle n'est pas là.

- Domi, où est Domi ?

Silence étrange et pénétrant malgré le ciel bleu et le soleil encore chaud en cette fin d’après-midi. Je m'occupe à couper les fleurs fanées et je vais chercher de l'eau car les géraniums sont assoiffés.

Je jette des coups d’œils furtifs à l'allée deux et soudain je la vois franchir le portail d'entrée. Je reconnais son allure un peu cahin-caha, son dos bossu et sa tresse de sorcière.

Je fonce à sa rencontre. Le cimetière est en pente et je suis à l'opposé. Donc, je me hâte et je ne la quitte pas des yeux.

Je m'approche timidement. Elle fait mine de rien. Je ne sais pas pourquoi, elle m'impressionne.

Elle s'affaire à changer le bouquet flétri par le nouveau qu'elle tenait tendrement contre elle, quelques instants plus tôt.

Je racle ma gorge pour attirer son attention.

- Bonjour...

Elle sursaute, genre elle ne m'a pas entendu venir. C'est possible, après tout, elle paraît tellement concentrée sur sa tâche.

- Oh ma belle enfant, bonjour. Comment vas-tu ?

Elle enchaîne, en organisant au mieux, dans le vase, les tiges emmêlées.

- Je dois retirer le bouquet tous les jours par cette chaleur. Je le change le soir, c'est mieux et j'y tiens. Je veux des fleurs coupées et nouvelles tous les jours pour mon Léonce.

Pour lui ou pour son plaisir à elle. Je me pose la question en silence.

J'ose ce qui me titille les méninges depuis hier soir.

- Je peux vous poser une question ?

- Oui ma fille, vas-y.... mais tu peux me tutoyer. Et elle me regarde interrogative pour m'inciter à poursuivre.

- L'autre jour, vous, tu, pardon... Tu te rappelles quand nous avons bien rigolé ? Jean-Charles ? Ce prénom ? Dis-moi, c'est juste... Heu ... Qui pour toi ?

Quelle bafouilleuse, je suis !

Ses petits yeux rieurs me persuadent. Elle n'est pas une banale vieille mégère.

- Pourquoi donc me demandes-tu cela ? Quelle étrange question ?

- Hier soir, j'ai fait connaissance d'un homme (j'évite de lui dire sur internet) et devine comment il s'appelle ?

Elle éclate de rire et s'adresse à son mari.

- Pardonne moi Léonce, cette petite est tellement fraîche et jolie. Elle me ravigote.

Fraîche ? Elle exagère. Me comparer à son bouquet de glaïeuls !

- C'est un pur hasard ma fille ! une simple coïncidence ! On a tous un ...sa petite main ridée aux ongles noircis balaie les airs...Jean quelque chose dans sa vie.

J'en ai connu beaucoup ! Jean tout court, Jean-Paul, Pierre, Louis, Michel....

Jean-Charles est sorti tout seul ! On y pensant je n'en ai pas connu !

- C'est bizarre quand même cette coïncidence, non ?

- Mon cerveau a peut-être mémorisé ce prénom de mille façon : la radio, le journal, je ne sais pas, moi.

- Tu crois au mystique, aux forces invisibles ? Je suis sensible au sujet.

- Écoutes-moi bien ! Je dirais plutôt qu'il s'agit simplement d'un signe du destin, ma chérie.... Notre vie est pleine de signes plus ou moins visibles. Certains sont clairs comme de l'eau de roche, d'autres plus subtilement cachés. Il faut apprendre à les reconnaître, les percevoir, les identifier et surtout les suivre ou pas. Notre chemin est parsemé d'incidences, de belles circonstances, d'événements improbables et qui arrivent pourtant. Cependant, impératif, tu ne dois pas t'écarter de TON chemin personnel. Elle me pointe un index pas très "catholique" et poursuit :

- Tu as sûrement déjà vécu cette sensation de "déjà vu, déjà dit ou déjà fait quelque chose".

-Oui oui, bien sûr. Comment l'expliquer ?

- Nous en parlerons chez moi un jour, tranquillement assises avec une limonade. Elle caresse ses hanches qui entraîne une horrible grimace sur son visage et revient à notre actualité.

Cet homme est-il bien ?

- Oui pour l'instant tout est positif.

- Alors fonces, vis ton bonheur pleinement et ne réfléchis pas.

- Merci Domi.


Je m'installe dans ma voiture, satisfaite et le cœur léger par notre tête à tête. J'allais bientôt découvrir sa demeure. Je devine malheureusement un intérieur dégradé et sale, au regard de son état négligé. En tout cas, je suis contente, car elle n'est pas SDF et n'a pas Alzheimer. Lui parler me fait un bien fou. Elle irradie sur moi une gentillesse et une beauté d'âme que je perçois en elle.

Elle paraît être très cultivée malgré son apparence souillon. Cela n'a rien à voir et n'a pas de prix ! Je me sens une élève ou une patiente. Était-elle institutrice ou psychologue ? Un peu cartomancienne à ces heures perdues et magicienne aussi. J'aime à l'imaginer.

Quant à mon Jean, à moi, il a un prénom composé d'un apôtre et d'un roi. C'est un bon présage ! N'est ce pas ?

Notre identité dans ce monde commence par cette déterminante décision prise par nos parents : choisir notre prénom.

Vous avez remarquez l'importance que nous y accordons. Évidemment ! il est l'entrée en matière dans toute présentation orale ou écrite.

Vous êtes comme moi, je parie que vous avez un prénom fétiche et un autre que vous détestez. Avouons franchement son influence sur notre premier jugement ! Nous avons tous dit, entendu et même pouffé de rire sur un prénom :

- oh c'est moche, la pauvre !

- oh c'est vieux, le pauvre !

En y pensant c'est terrible ! Du coup, nous voilà la plupart du temps affublés d'un surnom ou d'un diminutif.

Moi je préconiserai aux futurs parents de faire participer leur bébé. Il est prouvé que le petit ange est déjà capable dans son univers utérin de percevoir son environnement extérieur. Il reconnait les voix et il est sensible aux bruits et sons. On parle même d'intelligence fœtale !


*Source internet "le foetus, un être intelligent avant de naître"

"Pour commencer, le bébé est capable de recevoir des stimuli (provenant du ventre maternel, mais aussi du monde extérieur) à travers ses organes sensoriels et d’y répondre : par exemple, en accélérant son rythme cardiaque lorsqu’il entend un bruit ou en bougeant s’il perçoit de la lumière à travers le sac amniotique. Le fœtus montre ainsi clairement qu’il est capable d’enregistrer des stimuli et d’y apporter la réponse adaptée, comme s’il y était « habitué ». Ce phénomène démontre la présence d'une mémoire capable de stocker des informations pour les réutiliser au moment le plus opportun."*


Allons-y ! Imaginons un code, parents gaga que nous sommes.

Un coup de pied pour oui, deux coups de pieds pour non.

Un coup de pied pour j'aime, deux coups de pied pour j'aime pas.


Deux avantages à cette expérience : la déculpabilisation parentale surtout lorsque les deux ne sont pas d'accord et la fin des conflits avec l'ado pré-pubère qui bombarde ses géniteurs de reproches.

- Désolé, on t'a consulté, tu as dit oui !

Il suffit de lui expliquer et croyez-moi je suis sûre que psychologiquement parlant la méthode est imparable, il assumera tout à coup son prénom.


**************

Allez donnons-lui un NOM à cette méthode et partageons......

Je commence : Stimulus Name, Baby code.

Bof ? Alors j'attends vos propositions.


PS : J'aurais aimé m'appeler MARIE

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