Zoé Sonobe (zizogoto) Mon album de souvenirs inachevés Photo 1 - Mes souvenirs

Photo 1 - Mes souvenirs

Depuis toute petite, je tente de garder mes souvenirs qui s'effacent au grès du temps. On ne peut pas ralentir ou arrêter ce système. Je vieillis, c'est inévitable, c'était déjà inévitable. J'ai une mémoire trouble, il m'arrive souvent d'oublier de précieux souvenirs comme si j'effaçais bêtement par mégarde un dossier de photos dans mon téléphone. Comme tout le monde, mon enfance est assez floue, mais je garde tout de même en tête quelques éléments clefs. Parfois, je ne suis même pas sûre que ce soit la réalité, peut-être que c'est simplement un souvenir d'un rêve que j'ai pris pour une vérité absolue.


Mes souvenirs sont forcément liés à des événements, des personnes et des lieux. La plupart de ceux qui me restent sont avec ma famille ou mes amis. Mais ils sont tous situés là où je vis principalement. Mon école est présente à plusieurs reprises entre les récréations, mon premier amour, mes amis de la maternelle que j'arrive à apercevoir à travers des filets de souvenirs, mes premières notes, mes maîtresses et mon harcèlement scolaire. C'est d'ailleurs à ce dernier point que je pense en priorité lorsque l'on me demande ce qu'a été l'école primaire pour moi. De toute façon, je me vois mal penser à quelques choses de plus heureux. Le harcèlement est un événement beaucoup plus gros et imposant qu'on le pense. Pour beaucoup, ce ne sont que des insultes, des moqueries entre des élèves innocents. Ce n'en est rien, c'est bien plus que cela. Les mots blessent, les coups restent, les souvenirs sont présents.


Un bon nombre d'événements dans ma vie dont je peux me souvenir me permettre de référencer ma vie et ce qui m'arrive demain. Je base tout ce que j'apprends, tout ce que je vois et tout ce que j'entends sur ce que je sais déjà par le biais de mes souvenirs. Je n'ai jamais été très joviale, mais je ne suis pas non plus malheureuse. Il y a un entre-deux, peut-être que je ne sais pas vraiment où me placer sur cette jauge imaginaire. Mes souvenirs sont propres, pour un même événement, deux personnes peuvent voir différentes choses et le ressentir différemment.


Je me suis toujours dit que si j'avais ce trouble qui m'empêche de me souvenir de certaines choses, qui ont même eu lieu la semaine précédente, c'était parce qu'une partie de moi qui me haït préfère perdre des souvenirs, même les plus précieux. Sinon, pourquoi mon esprit garderait-il en tête seulement les souvenirs blessants qui me détruisent peu à peu lorsque je m'en rappelle?


Cela en devient même une évidence. Je me rappelle de tous ces moments où l'on m'a offert un joli râteau sur un plateau d'argent. Les remarques méchantes, misogynes, déplacées ou celles qui montrent en évidence que la grossophobie n'est pas une illusion. On en parle pas assez souvent. L'homophobie est présente, la grossophobie ne l'est pas ou du moins plus. Et puis, ce n'est pas si grave, on commente simplement le physique. Je ne sais pas si mon esprit est masochiste, mais quand je remarque qu'il ressasse tous ces souvenirs douloureux le plus souvent possible, c'est que peut-être c'est le cas. Pourquoi faire sinon? Les pleurs deviennent une habitude lorsque j'essaie de me rappeler de tout ce que j'ai pu vivre depuis ma naissance. Je n'ai pas eu beaucoup de chance. Mais dois-je me plaindre? Enfin, en ai-je le droit? Alors que des millions de personnes, si ce n'est pas un milliard, pourraient me faire la remarque que j'ai tout pour être heureuse. Des attouchements sont rien lorsqu'on les compare à la faim. Le harcèlement sexuel n'est rien lorsqu'on le compare à la soif. Les coups et les insultes provenant de sa propre famille ne sont rien lorsqu'on les compare à la maladie.


Les souvenirs ne sont pas toujours positifs, tout le monde le sait. Je ne crois pas qu'un seul humain sur cette maudite planète puisse avoir aucun souvenir douloureux. Il y a peu, je me suis faite larguer de la pire des façons. Je pensais être une bonne petite-amie, c'était la première fois que je sortais avec quelqu'un. C'était lui qui m'avait demandé, mais c'est aussi lui qui m'a quittée. Pourquoi? Parce qu'il ne me répondait plus durant un mois car il était trop occupé, et que cela lui ''a enlevé'' ses sentiments pour moi. J'ai été patiente, amoureuse, accro, inquiète et je ne lui en voulais pas pour ces moments où il s'absentait comme s'il avait disparu. Pourtant, je n'ai pas été assez parfaite, car j'ai désormais ce douloureux souvenir de cette rupture. Tous les jours, j'attendais une réponse de sa part, j'avais peur qu'il lui soit arrivé malheur, et lui, il me largue, comme ça, du jour au lendemain, alors que je l'attendais comme un bon vieux toutou le fait avec son maître. Je me sens pathétique en y repensant, mais aussi profondément blessée. Les souvenirs ne sont pas toujours positifs.


Si je visionne bien tout ce dont je me souviens, il y a deux grandes écoles, les bons qui me font sourire et les mauvais qui me font pleurer voire même douter. Cela me brise peu à peu, me fait perdre confiance en moi, me détruit à petit feu. Je sais que je ne dois pas laisser les émotions prendre le dessus, mais comment faire quand ceux-ci sont ancrés à des souvenirs essentiels de ma vie? Les souvenirs, même mauvais, sont précieux à l'évolution d'une personne. J'en ai conscience et je ne peux donc pas en vouloir à ces petites bribes de souvenirs qui s'élancent dans mes pensées pour me faire revivre certains moments de ma vie que je ne peux changer depuis là où je suis. Je ne regrette pas d'avoir des souvenirs, je regrette ce que je fais dans ces souvenirs. Je rêve de pouvoir changer mon comportement, mes paroles ou ma façon de faire. Mais on ne peut pas remonter le temps. Le temps est à l'instant T. J'aurai beau essayer d'imaginer une nouvelle version de ce souvenir, jamais il ne changera. Ce qui est fait est fait.


Peut-être qu'un jour, je serai capable d'admirer mes souvenirs, de les dompter et de les accepter tels qu'ils sont. Mais ce n'est pas encore le cas, j'ai encore du temps devant moi. Je n'ai qu'à tracer mon chemin futur sans regarder derrière moi. N'est-ce pas ainsi que l'on marche dans la rue en toute innocence?

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16 commentaires

Inès Takeya Ruiz

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Il y a 4 ans

Le sujet est profond et touche tout un chacun dans sa vie. Tes mots m'ont bluffé et ont su toucher une part qui a des affinités avec ta vie, comme tu la décris. Le texte manque de structure, selon moi, mais me pousse à me rendre au chapitre deux.

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Merci ^^ Pour la structure, je devrais changer quoi d'après toi ? Ordre chronologique, lien entre les paragraphes ?

fabi72

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Il y a 4 ans

Le droit à la différence !!! Yes, avoir confiance en l'avenir... Hâte de lire la suite dans un style très différent du 1er

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Merci! ET oui! En effet, c'est très différent!

Domicile

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Il y a 4 ans

Il faut faire confiance en l'avenir hâte de voir la suite

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Tout à fait!

Michbonj

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Il y a 4 ans

Tu aborde un sujet grave dont on ne parle jamais ou peu : la grossophobie. J’ai des copines qui avaient créé un groupe qui s’ appelait « Allegro Fortissimo » une d'entre elle était mannequin. Quand j’étais comédien, un fichier de l’ANPE Spectacle s’appelait : « Les Monstres » j’étais dedans. Il y avait toutes sortes de gens qui ne correspondaient pas à la norme. Paradoxalement on nous proposait plus de travail, petits rôle, figuration, etc que les normaux tous pareil. Dans le film de Leconte : « la fille sur le pont » je fais 1,87m et 130 kg. Ma femme est une lilliputienne, grande artiste, Mireille Mossé. C’était génial. Bon courage et bonne suite.

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

En effet! C'est génial qui puisse il y avoir des personnes qui essaient de rendre le poids normal! Nous sommes tous différents, mais le poids ne change en rien une personne! Il peut d'ailleurs la détruire plus qu'autre chose! Merci.

patoche

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Il y a 4 ans

Sujets intéressants et graves .Hâte de te lire et voir l'évolution du personnage et de l'histoire .

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

Merci!
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