Fyctia
Chapitre 3
Opération Cadeaux & Vin Chaud
Emma
On s’est tous donné rendez-vous devant l’entrée de Bloom & Pine, le grand magasin qui en fait toujours trop à Noël.
Guirlandes lumineuses qui clignotent comme un sapin en crise d’épilepsie, flocons géants suspendus, et surtout… ce renne gonflable qui file la trouille aux gosses.
Je suis emmitouflée dans mon manteau long camel, mes moufles à doigts repliables vissées aux mains. Je souffle sur mon nez rougi, et je réajuste mon bonnet pendant que mes cheveux bruns coupés en carré plongeant, s’échappent dans tous les sens. Mes yeux piquent un peu avec le froid, mais je suis de bonne humeur.
J’ai eu un pourboire monstrueux hier au musée grâce à une cliente italienne beaucoup trop généreuse. Alors ce matin, j’ai proposé un plan à la bande :
Opération Cadeaux Secret Santa.
— Une heure. Pas une minute de plus, déclare Léa en tapotant sur sa montre. Top chrono pour trouver LE cadeau parfait. Budget max : 30 dollars. Et on l’ouvre le 24, au chalet. Pas de triche.
Facile. Enfin, en théorie.
On fait le tirage au sort devant un petit café à l’odeur de caramel chaud, avec des papiers pliés à l’arrache. J’en pioche un et je le déroule.
Joël.
Je pouffe. Évidemment.
Joël, c’est l’excès. Le drama. Le glitter incarné.
Blond platine selon les humeurs, pull trop moulant ou chemise trop ouverte selon les jours.
Trouver un cadeau pour lui ? C’est comme essayer de résumer une diva en trois objets et un budget réduit.
— OK Emma, me murmure ma voix intérieure, c’est le moment de canaliser ton instinct gay intérieur.
Et voilà. Le top départ avait été lancé.
Je file dans une boutique queer et vintage, pleine d’affiches pop, de mugs “Drama is cardio” et de chapeaux licorne à sequins.
J’hésite entre un kit de vernis à paillettes aux noms absurdes, “Shade of Sass”, “Glitter me Daddy” et une boule disco pour plantes grasses.
Et c’est là, entre deux rayons, que j’aperçois Eliott.
Il est accroupi, concentré devant une étagère de carnets en cuir. Il ne me voit pas.
Mais moi, je vois très bien ce qu’il est en train d’acheter.
Un sourire m’échappe. J’adore les surprises, mais j’adore encore plus faire semblant de rien.
— J’ai rien vu, je murmure à moi-même en tournant les talons.
Une heure plus tard, on se retrouve tous au Sugar Cabin, un petit snack ambiance chalet canadien avec des plaids sur les sièges et des gaufres aussi grosses que des assiettes.
Je tiens ma tasse de vin chaud entre mes moufles, les bouts repliés pour ne pas me brûler. La vapeur monte lentement, me réchauffe le visage. Je ferme les yeux une seconde.
— C’est ça, le vrai bonheur, je souffle en souriant.
— J’le dis depuis toujours, répond Joël, la bouche pleine de gaufre. Du sucre, de l’alcool et des potes. Si on meurt là, maintenant, j’suis en paix.
— Évite, on n’a pas encore ouvert les cadeaux, balance Sophie, les sourcils levés.
Joël lève sa tasse de vin chaud comme pour un toast dramatique.
— À nous, bande de tocards trop fabuleux, et au Secret Santa le plus stylé de New York.
Nos verres en carton s’entrechoquent dans un bruit mou mais symbolique. Et pendant quelques minutes, je ne pense plus à rien.
Pas au froid.
Pas à l’hiver.
Pas à ce prénom.
Benjamin.
Pas aujourd’hui.
7 commentaires
Charrassier
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Il y a 10 jours
ALIX Clemence
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Il y a 10 jours
Eva Baldaras
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Il y a 10 jours
André Sanchez
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Il y a 10 jours
ALIX Clemence
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Il y a 10 jours
louis.fcl13
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Il y a 10 jours
ALIX Clemence
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Il y a 10 jours