Eunoïana Sous le Soleil d'Août Chapitre 12 Antone

Chapitre 12 Antone

Parfois, dans mes rêves, j'entends encore la pluie s'abattre sur la fenêtre et l'orage gronder. Parfois encore, cette maison redevient l'oeil du cyclone, coquille crevée a l'atmosphère sordide. Les éléments se déchaînent, je n'entends que le fracas des vitres et celui de mon coeur dans mes oreilles.

Et quand je me réveille, il n'y a plus rien de cela. Plus d'horreur ou de tracas. L'orage ne laisse pas de traces. Il ne reste que moi.


Alors que j'émerge douloureusement des limbes du sommeil, les muscles encore paralysés et la gorge sèche, je crois percevoir une silhouette près de moi.


L'électrochoc est brutal, mais nécessaire. Je me redresse soudainement, arrache ma main prisonnière du type étendue là et...

Et bordel, ce n'est que ce psychopathe de Raf.


- Putain mais qu'est-ce que tu fais là ?! je m'exclame.

- Mais bonjour à toi aussi beau ténébreux, répond-il sereinement.


Un tissu humide et rugueux glisse de mon front soudainement, emportant dans son sillage suffisamment d'eau pour m'en tapisser la face.


- Tu m'expliques à quoi tu joues ?

- Excusez-moi monsieur si je me préoccupe de votre bien-être. Et de votre image de marque de surcroît. Tu penses qu'un voisin de chambre qui hurle la nuit ça fait pas flipper ?

- Ah, c'était encore ça... Soufflé-je en me reposant dans mon lit.


Je dévisage mon frère, le regard hagard tandis qu'il se remet à "scroller" sur son téléphone. Il est encore en pyjama, le masque de nuit de travers et les sandales qui pendent de ses pieds. Raf est la nonchalance incarnée. Moi, je suis les ronces. Le rabat-joie d'aucune gaieté dans son quotidien de paillettes.


- Merci, lui dis-je doucement.

- Y a pas de quoi, je n'avais rien d'autre à faire que de jouer les infirmières de toute façon, énonces Raf en balayant mes mots d'un revers de la main.

- Pff, tu mens comme un arracheur de dents. Je suis sûre que tu te cachais ici bien avant que mes cauchemars ne démarrent, je rétorque.


Je me lève d'un bon en direction de mon armoire et profite de mon élan pour lancer la petite serviette imbibée d'eau à la face de Raf. Sans grande surprise, cela le fait râler.


Je ris secrètement de notre chamaillerie tandis que resurgissent en moi les images de la veille, et avec elles, la proposition faite. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Je savais pertinemment que suivre cette blondine effarouchée, c'était pas l'idée du siècle. Sauf que là, cela a pris une ampleur toute autre. Et je ne suis pas sûre de vouloir autant l'intégrer dans nos vies. Si tant est que je veuilles l'y immiscer tout cours...


Cessant de me débattre avec mes pensées et les boutons de ma chemise, je referme la porte du placard dans un grincement bruyant.


- Bon, et si tu me disais plutôt pourquoi tu te caches ici Raf ? demandé-je en ouvrant dans un autre grincement tout aussi bruyant mes volets centenaires.


En lui faisant volte-face, éclairé par la lumière du jour, j'ai alors distingué dans ses yeux un éclat que je n'y avais pas vu depuis longtemps. J'y lis de la crainte. Sauf que cette appréhension n'est pas coutume chez lui. D'autant plus que Raf est le genre d'homme qui ne s'inquiète pas pour sa personne, mais toujours pour les autres.

C'est à ce moment-là que je commence à me méfier.


-Rafaël Pietri je ne le répéterai pas. De quoi est-ce que tu me caches.

- Aaah c'était même pas volontaire, je te le jure ! J'ai juste entendu Léria et les grands-parents ressortir nos vieilles histoires de famille et en même temps t'as eu tes crises de cauchemars alors... Disons que je me suis mis à ton chevet pour que tu dormes encore un peu, enchaîne-t-il d'une voix aiguë.


Il ne me laisse pas le temps d'ajouter quoi que ce soit avant de poursuivre son piètre monologue. Molière aurait de quoi se retourner dans sa tombe.


- Et puis voilà quoi, vu le contexte je me suis dit que t'épargner ce voyage dans le temps, c'était ce qui avait de mieux à faire ahah... Oh et puis les albums de famille au-ssi ! Ils ont sorti absolument toutes nos photos. Sans rire je crois que ça y est, Léria nous a vu à poil.

- Les photos ? je parviens à articuler.

- Mais ouais carrément, si c'est pas improbable ça ! Y a une heure ils en était à 2005 je crois, donc je penses qu'ils en ont finis mais tout de même, elle a vu nos fesses tu te rends compte ?


S'écoule alors ce lapse de temps durant lequel mon comédien reprends son souffle pendant que moi, je réorganise mes idées. Nous nous fixons de nos yeux ronds, tels des poissons fraîchement sortis de l'eau.


- Cela va clairement nuire à ton image de marque, dis-je en reprenant ses termes.

- C'est indéniable, je suis démasqué.


Mon acolyte part d'un rire fou que j'accompagne plus discrètement. Peu à peu reprenant notre sérieux, je lui dis :

- Je comprends que tu te fais du souci mais je n'ai plus 5 ans tu sais, il n'y a plus de monstre sous mon lit.

- Et tu n'as plus peur des bruits du grenier, je sais bien... Disons que voir Léria pleurer dès le réveil m'a déjà assez retourner et je ne voulais pas te voir dans cet état toi aussi...


Pleurer ? Pourquoi pleurer pour quelqu'un qu'elle n'a jamais connu ? Cette idée me dérange, sa peine me paraît déplacée. Ou peut-être est-il tout simplement trop tôt pour que j'ai des idées cohérentes. Après tout, c'est bien moi qui passe mes nuits à regretter ce qui n'est jamais arrivé, la différence n'est pas si grande.


- La voir comme ça t'as fait de la peine ? le questionné-je.

- Oui. Et ne joue pas les sans-coeur je suis sûre qu'à toi aussi ça t'aurais fait quelque chose.

- Pourtant cela ne fait que quelques semaines que tu la côtoies...

- Écoutes Antone, je sais que tu ne penses pas la même chose que moi mais pour ma part, à partir du moment où cette fille s'est présentée sur le porche; à l'instant même où son regard entêté digne des plus cons des Petri s'est posé sur moi, Léria a été de ma famille. Je te l'ai déjà dit.

Et je m'en serais royalement foutu qu'on ai pas le même sang ou qu'elle m'avoue plus tard être une criminelle en cavale. Elle est ma famille, donc forcément, ça m'atteint.


Je médite encore ses mots lorsque les escaliers résonnent dans le couloir, signant le retour de Léria dans sa chambre. Rafael ne rajoute rien, il se contente de poser une main rassurante sur mon épaule.


- Je vais me rafraîchir de mon côté, ma gueule de bois ne va pas s'effacer toute seule. Quant à toi j'espère qu'un jour tu sauras lâcher prise sur tes sentiments, vraiment.


C'est donc sur ces paroles de philosophe qu'il me laisse.


Je me retiens bien de lui signaler que si je suis trop fermé, lui est indéniablement trop ouvert. Les émotions rendent vulnérable, s'attacher au gens c'est comme se tirer une balle dans le pied. Et pour ma part j'ai déjà vidé mon barillet, nul besoin d'en rajouter.


Non. Plus jamais.


NDA : Mon écriture étant rythmé par ma vie étudiante, et les partiels enfin finis, ça y est je suis de retour. Désolée pour cette longue absence, j'espère que vous avez toujours à coeur d'en lire plus ! À très vite !

Tu as aimé ce chapitre ?

7

7 commentaires

Elisha Lowann / Myrtille Lalau

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Il y a 2 ans

Coup de pouce en retour 👍🫐🔥

Nabemy

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Il y a 2 ans

😊♥️

perrine0382

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Il y a 2 ans

Contente que tu aies pu continuer à poster car j'aime beaucoup l'histoire.

Eunoïana

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Il y a 2 ans

Merci beaucoup, la suite arrive prochainement ! ;)

Jill Cara

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Il y a 2 ans

Je suis contente que tu sois de retour j'avais bien aimé le début de ton histoire. Je pensais que tu ne posterai plus ! Malheureusement je ne me rappelle plus de tout et donc suis moins rentrée dan ce chapitre. J'ai relu le précédent.Je me demande quand même pourquoi Antone fait des cauchemars et pourquoi Raf avait si peur qu'il entendre Leria et ses grands parents parler des souvenirs et de la famille de Léria. J'espère que tu auras l'occasion de poster plus rapidement et poursuivre ton histoire.

Eunoïana

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Il y a 2 ans

Oui je compte bien poster plus régulièrement pour rattraper le retard accumulé ! La suite ne devrait pas se faire attendre, merci de ton retour !

Shaddie.M Lynss

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Il y a 2 ans

Petit soutien 😊
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