Fyctia
Chapitre 5 : Lever (P.1)...3/3
Je ne peux m'empêcher de remarquer un ensemble de sous-vêtements en dentelle qui dépasse légèrement d'un compartiment.
— La Perla ? je commente avec un sourire en coin. Je ne te voyais pas comme une femme qui dépense trois cents dollars pour des sous-vêtements que personne ne voit.
Elle se retourne vivement, son visage rougissant de colère ou d'embarras – probablement les deux.
— N'examine pas mes affaires !
— Difficile de ne pas remarquer quand c'est juste là, je réponds en haussant les épaules. Et puis, techniquement, en tant que petit ami, je suis censé connaître tes préférences en matière de lingerie, non ?
— Tu n'es pas mon petit ami, siffle-t-elle. Tu es un employé temporaire avec des limites très claires.
— Limites qui incluent apparemment de partager une chambre avec toi pendant deux semaines, je lui rappelle.
Son expression s'assombrit davantage.
— Ne t'imagine pas que ça signifie quoi que ce soit. C'est simplement logistique.
— Bien sûr, Princesse. Tout comme ta tendance à te blottir contre moi pendant ton sommeil était "simplement logistique"
Son visage passe par toutes les nuances de rouge possibles, et pendant un instant, je crois qu'elle va me frapper. Au lieu de cela, elle prend une profonde inspiration et se dirige vers la salle de bain, fermant la porte un peu trop fort derrière elle.
Un point pour moi.
Je souris et continue à ranger mes affaires, prenant soin de laisser suffisamment d'espace pour ses vêtements. Malgré mon amusement face à sa gêne, je comprends sa nervosité. La pression familiale est quelque chose que je connais bien, même si elle prend une forme très différente dans ma vie.
Quelques minutes plus tard, on frappe doucement à la porte. J'ouvre pour trouver Amélie, son renne toujours clignotant joyeusement sur sa poitrine.
— Salut! dit-elle avec un enthousiasme contagieux. Jules est dans la salle de bain ? Parfait, ça me donne une chance de te parler seul à seul.
Sans attendre d'invitation, elle entre et s'assoit sur le bord du lit.
— Alors, Ethan Miller, commença-t-elle avec un sourire qui me rappelle vaguement celui d'un chat devant un canari. Raconte-moi la vraie histoire.
— La vraie histoire ? je répète, soudain sur mes gardes.
— De comment vous vous êtes rencontrés, toi et Jules. Parce que cette histoire de galerie d'art, c'est tellement... prévisible. Tellement "approuvé par Catherine Deveraux".
Cette fille est beaucoup plus perspicace qu'elle n'en a l'air.
— La version officielle ne te plaît pas ?
— Elle est ennuyeuse à mourir, répond-elle en levant les yeux au ciel. Et ma sœur n'est pas ennuyeuse, malgré tous ses efforts pour le paraître.
Je souris, appréciant sa franchise.
— Tu as une version alternative à suggérer ?
— J'ai plusieurs théories, dit-elle en comptant sur ses doigts. Un : vous vous êtes rencontrés dans un bar et avez eu une aventure torride d'un soir qui s'est transformée en quelque chose de plus. Deux : elle t'a engagé comme consultant pour une affaire et vous avez enfreint toutes les règles de professionnalisme. Trois, ma préférée : tu es un gigolo qu'elle a engagé pour les fêtes pour faire enrager Mère.
J'éclate de rire, autant par sa perspicacité que par l'absurdité de la situation.
— Tu as une imagination débordante, Amélie.
— Et tu n'as pas répondu à ma question, contre-t-elle avec un sourire malicieux.
— Peut-être que la vérité est simplement qu'on s'est rencontrés, qu'on s'est plu, et qu'on a décidé de voir où ça nous mènerait ?
Elle me regarde, peu convaincue.
— Ennuyeux. Mais je découvrirai la vérité, tu sais. J'ai deux semaines devant moi.
La porte de la salle de bain s'ouvre, révélant Juliette fraîchement changée et visiblement surprise de trouver sa sœur dans notre chambre.
— Amélie ? Qu'est-ce que tu fais là ?
— J'interrogeais ton petit ami, répond-elle sans la moindre gêne. Il est résistant, je dois l'admettre.
Juliette me jette un regard alarmé que j'apaise d'un clin d'œil discret.
— Ta sœur était justement en train de me proposer une visite guidée du manoir avant le dîner, j'improvise. Une offre très tentante, si tu n'y vois pas d'inconvénient.
Juliette hésite, clairement partagée entre la méfiance et le soulagement de ne pas avoir à jouer les guides elle-même.
— Maman voulait te voir au sujet des arrangements pour la soirée de charité, ajoute Amélie. Elle est dans son bureau. Je prendrai bien soin de ton homme, promis.
Son homme. Cette gamine va me tuer.
— D'accord, concède finalement Juliette. Mais ne lui montre pas les albums photo d'enfance.
— Je ne promets rien, répond Amélie avec un grand sourire. Allez, Ethan, prépare-toi à la visite VIP du château Deveraux !
Dès que Juliette est partie, Amélie me guide à travers les couloirs comme une enfant excitée montrant sa maison de poupées géante.
— Alors, à gauche, c'est l'aile est, où se trouvent la plupart des chambres d'invités et la bibliothèque, explique-t-elle. À droite, c'est l'aile principale avec le grand salon, la salle à manger, et le bureau de Père. Le sous-sol abrite la cave à vin, la salle de cinéma, et la piscine intérieure.
— Une piscine intérieure ? je demande, sincèrement impressionné malgré moi. Même à Noël ?
— Chauffée toute l'année, confirme-t-elle. Mais le plus cool, c'est la bibliothèque. Jules y passait tout son temps quand on était petites. C'était son refuge quand Mère devenait trop... Mère.
Intéressant. La princesse avait besoin d'un refuge dans son propre palais.
— Juliette aime lire ? je demande, sincèrement curieux.
— Elle dévorait les livres, surtout ceux d'architecture et d'art. Elle a même étudié l'architecture pendant un an avant que Père ne la "persuade" de passer au droit.
Cette information me surprend. Juliette ne m'a jamais mentionné un intérêt pour l'architecture, encore moins des études dans ce domaine.
— Je ne savais pas ça, j'admets.
— Vraiment ? Amélie semble surprise. C'est étrange, vu que c'est apparemment un peu comme ça que vous vous êtes rencontrés.
Merde. Juliette aurait pu me mentionner ce détail.
— Elle parle rarement de cette période, j'improvise. Je crois que c'est un sujet sensible.
— Sans blague, acquiesce Amélie. Après le... "recadrage paternelle", comme elle l'appelle, elle a rangé tous ses carnets de croquis et n'a plus jamais dessiné. C'était triste à voir.
Nous arrivons devant une porte massive en chêne sculpté qu'Amélie ouvre avec un geste théâtral.
— Voilà ! La bibliothèque Deveraux dans toute sa gloire !
La pièce qui s'offre à moi est stupéfiante – deux étages de livres reliés de cuir, des échelles coulissantes, des fauteuils en cuir qui semblent avoir été témoins d'un siècle d'histoire, et des fenêtres en arc qui baignent l'espace d'une lumière dorée. C'est comme si j'avais marché dans un film d'époque.
16 commentaires
JustineSt
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Il y a 13 jours
Zatiak
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Il y a 13 jours
Assmag
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Il y a 14 jours
Zatiak
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Sunny NDV
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Il y a 14 jours
Zatiak
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Il y a 13 jours
Bérengère Ollivier
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Il y a 14 jours
KoalAline
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Il y a 14 jours