Fyctia

— Je vote pour la prolongation, je réponds avec un sourire taquin. Je commence à apprécier ces petites sorties éducatives.

— N'y compte pas trop.

Alors que nous terminons notre dîner, je ne peux m'empêcher de remarquer que quelque chose a changé entre nous. Une sorte de reconnaissance réticente, peut-être. Elle me regarde différemment, comme si elle réévaluait qui je suis.

Sur le chemin du retour, dans le taxi qui nous ramène à son appartement, je décide de pousser un peu plus.

— Alors, verdict ? J'ai passé le test du dîner en société ?

— Tu t'es... débrouillé étonnamment bien, concède-t-elle.

— Étonnamment ? Je suis blessé, Princesse.

— Tu sais ce que je veux dire. Les Harrington étaient impressionnés, Claire t'a trouvé charmant. Tu as... des compétences sociales indéniables.

— Plus que ce à quoi tu t'attendais de la part d'un strip-teaseur, tu veux dire ?

Elle a la décence de paraître légèrement embarrassée.

— Je n'ai jamais dit que tu manquais d'intelligence ou de charme.

— Non, mais tu l'as pensé. Admets-le.

— J'ai simplement sous-estimé ta capacité d'adaptation. Ce qui est ironique, vu que c'est précisément pourquoi je t'ai choisi pour ce rôle.

Je ne peux m'empêcher de rire.

— Tu es impossible, Juliette Deveraux. Tu ne peux pas simplement admettre que je t'ai impressonnée

— On ne m'impressionne pas facilement.

— Ça, je l'avais remarqué.

Nous arrivons devant son immeuble, et elle m'invite à monter pour finaliser quelques détails avant notre départ pour le manoir familial, prévu dans deux jours.

Dans son appartement, elle sort un dossier de son bureau et me le tend.

— Voici les informations que tu dois mémoriser avant notre départ. Arbres généalogiques, historique familial, traditions des fêtes chez les Deveraux, et quelques photos pour que tu puisses reconnaître tout le monde.

— Tu as créé un dossier complet ? je m'exclame en feuilletant les pages. Il y a même des plans de table prévus !

— J'aime être préparée.

— Tu es consciente que c'est légèrement obsessionnel, n'est-ce pas ?

— Je préfère le terme "méticuleux".

Je continue à parcourir le dossier, impressionné malgré moi par le niveau de détail.

— Dernière chose, dit-elle en me tendant une carte de crédit supplémentaire à mon nom. Pour les dépenses pendant notre séjour.

Je la fixe, un sourire narquois se dessinant lentement sur mes lèvres.

— Vraiment, Princesse ? Tu me passes au collier maintenant ?

Je repousse d'abord la carte, savourant son irritation évidente.

— C'est pratique, pas personnel, insiste-t-elle, sa voix se tendant légèrement. Je ne veux pas que tu aies l'air... inadéquat.

J'arque un sourcil.

— Inadéquat ? C'est comme ça que tu qualifies quelqu'un qui n'a pas les moyens de claquer mille dollars pour un dîner ?

Elle me tend à nouveau la carte, plus fermement.

— Prends-la. C'est purement logistique.

Cette fois, je la saisis, la faisant tourner entre mes doigts avec une nonchalance étudiée.

— Tu sais quoi ? Pourquoi pas. Si tu veux vraiment me laisser les clés du coffre-fort...

Mon sourire s'élargit délibérément.

— Tu es sûre de pouvoir assumer toutes mes... dépenses ?

Son regard s'assombrit.

— Tout le monde a un prix, Ethan. J'ai trouvé le vôtre il y a deux jours.

Je glisse la carte dans la poche intérieure de ma veste, me penchant légèrement vers elle.

— Tu penses avoir tout compris, n'est-ce pas ? Mais attention à ce que tu souhaites, Princesse. Si tu veux un petit-ami qui flambe ton argent, tu risques d'avoir exactement ce que tu demandes.

Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'elle vient de me donner exactement ce dont j'ai besoin – une toute nouvelle façon de la déstabiliser pour être poli.