Fyctia
Chapitre 2 : Négociati... 3/4
Le voilà, dans un costume bleu marine parfaitement ajusté qui transforme complètement sa silhouette. Le tissu épouse ses épaules larges et sa taille étroite, lui donnant une allure sophistiquée que je n'aurais jamais imaginée. Il se tient devant moi, légèrement gauche mais incroyablement séduisant.
— Alors, Princesse ? Je passe le test ?
Je recompose rapidement mon expression, refusant de lui donner la satisfaction de voir mon trouble.
— C'est... acceptable. Essayez le gris également.
Le défilé continue pendant près de deux heures. Ethan essaie costume après costume, chemise après chemise, jusqu'à ce que nous ayons constitué une garde-robe complète. À ma grande surprise, il a un goût naturel pour les vêtements, choisissant instinctivement les coupes et les couleurs qui lui vont le mieux.
Pendant qu'il essaie le dernier ensemble, je jette un coup d'œil à l'étiquette d'un des costumes. Le prix me fait à peine ciller – j'ai l'habitude des vêtements coûteux – mais je me demande soudain quelle serait la réaction d'Ethan s'il savait combien je dépense pour le transformer en petit ami présentable.
Comme s'il lisait dans mes pensées, il sort de la cabine et attrape l'étiquette que je regardais.
— Trois mille dollars pour un costume ? dit-il, incrédule. Tu plaisantes ?
— C'est un investissement, je réponds calmement. Et c'est inclus dans notre arrangement.
Il me fixe un moment, une émotion complexe traversant son visage.
— Tu sais ce que je pourrais faire avec trois mille dollars ? Payer mon loyer pour presque quatre mois. Rembourser une partie de mes dettes d'études. Et il me resterait encore de quoi vivre décemment.
Je sens une pointe de culpabilité. Pour moi, trois mille dollars représentent à peine une journée de shopping. Pour lui, c'est visiblement une somme qui change une vie.
— Considérez que vous garderez les vêtements après notre arrangement, j'offre comme consolation. Ils pourront vous servir pour d'autres occasions.
— Quelles occasions ? rétorque-t-il avec un rire sans joie. Je ne fréquente pas exactement les soirées où on porte des costumes à trois mille dollars.
Notre moment de tension est interrompu par Marcus qui revient avec les derniers articles.
— Souhaitez-vous que nous livrions ces achats, Mademoiselle Deveraux ?
— Oui, à mon adresse habituelle. Sauf un costume et quelques tenues décontractées que Monsieur Miller portera dès aujourd'hui.
Après avoir réglé la note – une somme qui ferait s'étouffer la plupart des gens mais qui n'entame même pas significativement mon compte en banque – nous nous dirigeons vers un restaurant gastronomique pour le déjeuner. Ethan, maintenant vêtu d'un pantalon de flanelle gris, d'une chemise bleu ciel et d'une veste sport impeccablement coupée, attire des regards appréciateurs des femmes que nous croisons.
Il est métamorphosé.
Non pas que son apparence précédente manquait d'attrait – il est indéniablement beau – mais maintenant il a l'air... raffiné. Comme s'il appartenait naturellement à mon monde.
Arrête ça immédiatement, Juliette. C'est un strip-teaseur que tu as engagé, pas un prince déguisé.
Au restaurant, après que nous soyons installés à une table discrète, je remarque qu'Ethan examine la disposition des couverts avec une légère confusion.
— De l'extérieur vers l'intérieur, je murmure alors que le serveur s'éloigne après nous avoir présenté les menus. Commencez par les couverts les plus éloignés de l'assiette.
— Je sais comment utiliser des couverts, Princesse, rétorque-t-il, visiblement vexé.
— Pardonnez-moi, mais vous fixiez la table comme si c'était un puzzle à résoudre.
— J'admirais l'argenterie. C'est du Georg Jensen ?
Sa question me prend au dépourvu. Comment connaît-il cette marque d'argenterie danoise haut de gamme ?
— En effet. Comment le savez-vous ?
Il hausse les épaules avec une nonchalance étudiée.
— J'ai eu une cliente qui en possédait. Elle m'a donné un cours détaillé sur la différence entre la vraie argenterie et les imitations pendant que j'essayais de la divertir.
Je hausse un sourcil, surprise par cette connaissance inattendue de sa part.
Intéressant. Monsieur le strip-teaseur a des connaissances en argenterie de luxe.
— J'aimerais discuter de quelques informations supplémentaires que vous devriez connaître sur ma famille, je dis en changeant de sujet.
— Je t'écoute.
— Mes parents, Richard et Catherine Deveraux. Mon père dirige Deveraux Holdings, principalement dans l'immobilier de luxe et les investissements. Ma mère s'occupe de diverses œuvres caritatives, essentiellement pour maintenir notre statut social. J'ai une sœur cadette, Amélie, 22 ans, qui termine ses études à Columbia.
— Et toi ? demande-t-il en me regardant par-dessus son menu. Que dois-je savoir sur la mystérieuse Juliette Deveraux ?
— Je suis avocate spécialisée en droit international, travaillant principalement avec des ONG sur des questions de droits humains. Yale, promotion 2019, magna cum laude.
— Impressionnant, commente-t-il. Mais je ne parlais pas de ton CV. Je parlais de toi. Ce que tu aimes, ce que tu détestes. Tes manies agaçantes que ton petit ami de trois mois aurait forcément remarquées.
Je fronce les sourcils. Je n'ai pas l'habitude de parler de moi en termes personnels.
— J'aime la littérature classique, le ballet, et la cuisine italienne authentique. Je déteste le manque de ponctualité, l'impréparation et les discussions superficielles.
Il sourit, visiblement amusé par ma réponse formatée.
— Tu parles comme un profil LinkedIn. Essaie encore.
— Je ne vois pas ce que vous voulez de plus.
— Des détails intimes, Princesse. Si nous sommes ensemble depuis trois mois, je connais forcément tes petits secrets. Comme... est-ce que tu ronfles ? Tu dors avec une affreuse chemise de nuit ? Tu es du genre à voler toute la couverture ? Tu chantes sous la douche ?
Mes joues s'échauffent malgré moi.
— Ces informations ne sont pas pertinentes pour notre arrangement.
— Au contraire, elles sont essentielles. Ta famille s'attendra à ce que je connaisse ces petits détails. Sinon, notre couverture tombera en moins de deux jours.
Merde. Il a raison. Encore.
— Très bien. Je suis... ordonnée à l'excès. Tout doit être à sa place. Je lis avant de dormir, toujours. Je préfère dormir du côté gauche du lit. Je déteste qu'on me parle avant mon premier café du matin. Et non, je ne ronfle pas.
Il sourit, satisfait.
— Voilà qui est mieux. De mon côté, je suis plutôt désordonné mais pas sale. Je dors en boxer ou nu, selon la température. Je me lève tôt pour courir. Je prépare un café à tomber par terre. Et j'ai une cicatrice sur la cuisse gauche que tu aurais certainement remarquée si nous étions vraiment ensemble depuis trois mois.
23 commentaires
L'amisolitaire 🔥
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Il y a 4 jours
Sunny NDV
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Il y a 14 jours
Assmag
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Il y a 15 jours
JustineSt
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Il y a 16 jours
Zatiak
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Il y a 15 jours
Alconstance
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Zatiak
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Il y a 17 jours
natha_lit
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Il y a 17 jours
Zatiak
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Il y a 17 jours
Auteure Romance
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Il y a 17 jours