Fyctia
Chapitre 2 : Négociati... 4/4
L'image d'Ethan nu dans un lit s'impose à mon esprit avant que je puisse la repousser.
Concentre-toi, bon sang.
— Ces... informations sont notées, dis-je en essayant de maintenir une voix professionnelle. Y a-t-il autre chose que je devrais savoir sur vous ?
— J'ai étudié l'architecture avant de devoir abandonner. J'aime toujours dessiner quand j'ai le temps. Je suis plutôt matinal mais je déteste les brunchs du dimanche. Je préfère les films d'action aux comédies romantiques. Je déteste qu'on me prenne en pitié. Et je n'accepte jamais l'aumône.
Ce dernier point semble particulièrement important pour lui. Je le note mentalement.
— Je crois que nous avons établi les bases de notre... relation.
Le reste du déjeuner se déroule dans une tension étrange — ni tout à fait hostile, ni vraiment amicale. Nous échangeons des informations, établissons notre histoire de couple, discutons des règles de conduite chez mes parents. C'est étrangement... agréable. Comme une négociation d'affaires particulièrement stimulante.
Après avoir réglé l'addition, nous marchons vers mon appartement, où les vêtements achetés plus tôt doivent être livrés. Le soleil d'hiver brille faiblement, et les décorations de Noël qui ornent les vitrines des magasins créent une atmosphère festive qui contraste avec la nature calculée de notre arrangement.
— Tu dois vraiment sacrément détester ta famille pour préférer passer deux semaines avec un inconnu plutôt qu'affronter leurs questions sur ton célibat, remarque-t-il alors que nous attendons à un feu rouge.
— Je ne déteste pas ma famille, je corrige. C'est juste... compliqué. Mes parents ont des attentes très spécifiques.
— Laisse-moi deviner. Ils veulent que leur fille parfaite épouse un homme parfait d'une famille parfaite, avec une parfaite progéniture pour perpétuer le parfait nom des Deveraux ?
Son ton moqueur m'irrite, mais il n'a pas complètement tort.
— Quelque chose comme ça, oui. Et je suis fatiguée des dîners de Noël où ma mère m'assoit à côté du fils d'un associé, ou du neveu d'un ami, ou de n'importe quel homme célibataire avec un pedigree acceptable.
— Alors tu as décidé de leur présenter l'exact opposé ? Je suis flatté d'être ton acte de rébellion.
— Ce n'est pas de la rébellion, c'est... une pause. Une trêve. Je veux juste un Noël sans avoir à justifier ma vie amoureuse.
Il me regarde, une lueur de compréhension dans ses yeux verts.
— Je commence à comprendre pourquoi tu es prête à dépenser cinq mille dollars pour ça.
Nous arrivons à mon immeuble, un élégant édifice Art déco dans l'un des quartiers les plus chers de la ville. Le portier nous salue avec déférence, et je remarque Ethan qui observe tout avec un intérêt non dissimulé.
— Joli, commente-t-il quand nous entrons dans mon appartement au dernier étage.
"Joli" est un euphémisme. Mon appartement est un duplex spectaculaire avec des baies vitrées offrant une vue panoramique sur la ville. La décoration est minimaliste mais luxueuse – des meubles de designer, des œuvres d'art originales, une cuisine que je n'utilise presque jamais.
— Les vêtements devraient être livrés d'une minute à l'autre, je dis en posant mon sac sur le comptoir de marbre de la cuisine. Voulez-vous quelque chose à boire ?
— Un whisky, si tu en as, répond-il en s'approchant des fenêtres pour admirer la vue.
Je lui sers un Macallan 18 ans d'âge et me prépare un gin tonic. Nous buvons en silence pendant un moment, un silence étrangement confortable malgré la bizarrerie de notre situation.
— Alors, quand commençons-nous notre cohabitation forcée ? demande-t-il finalement.
— Nous partirons pour le manoir familial le 14. D'ici là, nous devrions nous voir quelques fois pour peaufiner notre histoire et nous habituer l'un à l'autre.
— Habituer dans quel sens exactement ? demande-t-il avec ce sourire en coin qui fait de nouveau battre mon cœur un peu plus vite.
Putin d'hormones. Pas de ça, Juliette.
— Dans le sens où ma famille ne doit pas penser que nous venons à peine de nous rencontrer. Nous devons être à l'aise ensemble, connaître les habitudes de l'autre, ce genre de choses.
Il hoche la tête, puis se tourne complètement vers moi, son verre négligemment tenu entre ses doigts.
— Vous devriez m'embrasser maintenant, dit-il soudainement.
— Pardon ?
— Si nous voulons être crédibles, nous devons savoir comment nous embrasser sans que ça ressemble à notre première fois. Ce serait suspect.
Son sourire arrogant me met au défi, mais je ne suis pas du genre à céder si facilement.
— C'est beau de rêver, je réponds avec un sourire tout aussi provocateur. Nous verrons ça plus tard, si c'est vraiment nécessaire.
Je m'éloigne pour aller chercher mon agenda, sentant son regard sur moi. Ce petit jeu de pouvoir entre nous risque de rendre ces deux semaines bien plus intéressantes que prévu. Et bien qu'il m'agace profondément, je dois admettre une chose : Ethan Miller n'est certainement pas ennuyeux.
— Nous devrions établir un planning pour les prochains jours, je lance par-dessus mon épaule. Histoire que vous soyez parfaitement prêt pour le grand spectacle familial.
11 commentaires
Gwen.David
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Il y a 2 jours
L'amisolitaire 🔥
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Il y a 4 jours
Assmag
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Il y a 15 jours
Zatiak
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Il y a 15 jours
Mayana Mayana
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Il y a 17 jours
Zatiak
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Il y a 17 jours