Lu La Morinie SOS l'ami de ma sœur est trop sexy 3 - Des étoiles dans les yeux

3 - Des étoiles dans les yeux

Même si personne d’autre que moi n’a entendu cette phrase, je dois devenir tellement écarlate qu’elles l’ont forcément comprise. Peut-être est-ce pour cela que ma mère hoche la tête et qu’Aliénor me jette un sourire moqueur alors qu’Archibald me soutient pour faire demi-tour. Je m’efforce de ne pas penser à ses bras autour de moi pendant que je descends les quelques marches qui m’ont mis dans un sale état. C’est honnêtement un miracle si mon cœur ne lâche pas sur le chemin vers les jardins.


Enfin, nous parvenons à l’extérieur. Aussitôt, l’air frais de cette fin de journée printanière me revigore un peu. Je sors mon inhalateur de la poche arrière de mon pantalon et le secoue avant d’inspirer profondément le bronchodilatateur. L’effet est quasi immédiat, même s’il ne durera que quelques heures. Sentant que je reprends du poil de la bête, Archie me laisse un peu plus de mou, sans s’éloigner. Je m’aperçois en sentant mon poids revenir sur mes jambes de la force avec laquelle il m’a presque soulevé de terre pour parvenir à l’extérieur. J’ai sous-estimé la gravité de mon état. Heureusement, cette semi-crise semble passée…


– Tu te sens mieux ?


Je hoche la tête.


Great, souffle-t-il comme pour lui-même. Tu nous as presque fait peur, là-dedans.

– J’aime me dire que je suis le film d’horreur le plus réussi au monde, je réponds du tac au tac.


Le rire de l’ami de ma sœur enchante l’air.


– Si toi, tu es un film d’horreur, je n’y connais plus rien en cinéma.

– Parce que tu es un grand spécialiste ?


Archie prend alors une pose dramatique.


Honey, tu t’adresses au plus grand spécialiste de cinéma d’horreur de toute l’Angleterre !

– Vraiment ?

Well, j’ai vu au moins quatre films, dont trois en entier.


J’éclate de rire. Pour une fois, on ne me regarde pas comme si j’allais me briser au moindre frôlement. Pour une fois, je n’ai pas l’impression que la maladie m’a volé un moment de vie précieux.


– Je m’incline, lui réponds-je. Pour ma part, je suis spécialiste des comédies françaises. J’en ai vu au moins une et demie.

– Une sacrée expertise, s’amuse Archie.


Le rire nous emporte à nouveau. Le milieu d’après-midi nous enveloppe d’une chaleur bienfaisante. Là, sur le perron de ce château perdu au milieu de la campagne, je me laisse emporter par la bonne humeur contagieuse d’Archibald.


– Tu veux qu’on trouve un coin à l’ombre ? Tu risques de cramer, avec ce soleil, finis-je par demander.

– Ma peau d’anglais te remercie, rétorque-t-il avec une gratitude exagérée.


Le rouquin continue de me soutenir jusqu’en bas des trois marches du perron puis, sans rien dire, écarte suffisamment les bras pour que je puisse me dégager sans difficulté, tout en maintenant sa prise. L’idée de faire semblant de m’affaiblir pour retrouver la sensation d’être totalement dans ses bras me traverse l’esprit un quart de seconde. J’y renonce bien vite et me contente de gagner un banc à l’ombre d’un bosquet d’arbres énormes.


Soulagé, je m’y laisse tomber sans plus attendre. Voilà, la végétation devrait m’aider à me remettre davantage. Mais encore une fois, c’est sans compter sur mon compagnon anglais : ce fou étire son corps longiligne pour ensuite s’asseoir juste à côté de moi et retirer son pull. Juste avant que son tee-shirt retombe, j’ai le temps d’apercevoir son ventre et le début de son torse. Bon sang, je ne vais jamais reprendre mon souffle à ce rythme.


Une fois posé sur le banc, Archie tourne vers moi son regard pétillant. Ses yeux chocolat me dévorent, à moins que je ne projette sur lui des fantasmes que jamais ne n’oserais évoquer à voix haute.


– Ali m’a dit que tu étudies en ligne, commence-t-il. Alors ? Ça donne quoi, cette formation ?


Pour reprendre une contenance et chasser les images qui ont envahi mon esprit, je tente de trouver une répartie.


– Tu ne le savais pas déjà ? Tss… Je suis déçu Archie, et moi qui croyais que j’étais ton préféré dans cette famille. Mais je constate que non. Ah. Disgrâce. Désespoir.


Je place le dos de ma main sur mon front dans un geste volontairement dramatique. Dissimulant un sourire, Achie entre dans mon jeu, le poing contre le cœur.


– Mais enfin, Jules, bien sûr que tu es mon préféré ! Comment peux-tu en douter ?Je veux juste savoir comment ça se passe depuis la dernière fois qu’on s’est vus ! Tu t’y plais toujours ?

– Oh, oui ça se passe très bien, je cède de bonne grâce.

– Qu’est-ce que tu étudies en ce moment ?


Une agréable chaleur se répand dans l’intégralité de mon corps lorsque je remarque son air sincèrement intéressé.


– On est en train de voir l’évolution stellaire, c’est tellement intéressant ! Pouvoir prédire la formation et l’évolution des étoiles, mais aussi le moment précis de leur mort tout en sachant que d’autres viendront après elles… C’est… On se rend compte qu’on est tout petit, c’est impressionnant !

– Ce n’est pas un peu triste ? interroge-t-il avant de poursuivre. De pouvoir prédire jusqu’à leur mort ? Ça ne laisse pas de place à l’espoir, ou à l'imprévu…


Ses yeux ne me quittent pas une seule seconde. Tous deux assis sur ce banc, son genou frôle désormais le mien. Je déglutis.


– Nan, il y a un côté rassurant à se dire que toutes les choses, même les étoiles, ont une fin. Savoir “quand” ne change rien. On le prédit mais on ne l’évite pas, on ne l’évite jamais. Et pourtant, même sachant cela, on ne peut s’empêcher de leur trouver de l’intérêt, de vouloir les étudier, d’admirer leur beauté. C’est le fait qu’elles soient éphémères qui les rend aussi belles, non ?

– Je… Est-ce qu’on parle toujours des étoiles ? murmure-t-il.


Je reste silencieux. Avec ma maladie qui ne fait qu’empirer au lieu de se stabiliser, j’ai de plus en plus conscience que mon espérance de vie est loin de celle d’Edward Cullen. Est-ce que je m’y suis fait ? Non. Mais ai-je vraiment le choix ? Non plus. Ce n’est pas comme si je pouvais contraindre mon maudit corps à fonctionner correctement. J’aimerais, pourtant. Il y a tant de choses que je désire faire. Tant de choses que je ne connaîtrai probablement jamais…


– De quoi d’autre pourrais-je bien parler ? soupiré-je, l’océan de mes iris s’entrechoquant dans les siens.


Archie ne répond rien. Son odeur de verveine s’infiltre doucement dans mes poumons pour leur donner une seconde vie. Sa main se lève lentement en direction de mon visage avant de finalement se reposer sur ses genoux. Il baisse la tête, comme s’il était déçu d’avoir avorté son geste. Je suis presque sûr qu’il s'apprêtait à caresser ma joue. La frustration forme une boule désagréable au creux de ma poitrine. Pourquoi a-t-il finalement abandonné ? Avait-il peur de me casser ? Que je recule ? Ai-je laissé pensé que je n’étais pas d’accord ? Va-t-il falloir que j’engage moi-même le premier contact ?

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74

74 commentaires

Misa Miliko

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Il y a un an

Qu'ils sont mignons et touchants, j'aime beaucoup leur dynamique 🥰🥰🥰✨

LiliJane

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Il y a un an

Mirciii, c’est vraiment nos bébés d’amour 🥹

Manon_fgt

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Il y a un an

Ce chapitre est tout en douceur, en tendresse. J'aime beaucoup l'alchimie entre Jules et Archie, c'est si doux (je me répète, oui). J'adore leur relation, j'adore leur dialogue, tout est parfait ! Une romance comme je les aime

Lu La Morinie

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Il y a un an

(Répète toi répète toi, si c’est pour dire des choses gentilles comme ça ça me va 😂❤️)

Siha

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Il y a un an

Tant de questions pour cette fin de journée chapitre!

Siha

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Il y a un an

Je ne sais pas pourquoi le mot 'journée' s'est invité 😂

LiliJane

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Il y a un an

La fatigue 😂😂

Paige

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Il y a un an

J'aime beaucoup cette vision des étoiles. Ce n'est pas grave, car avant il y a vivre. J'aime regarder à l'observatoire du planétarium et le dire qu'un télescope reflète le passé à cause de la lumière qui nous parvient. Elles restent mystérieuses, mais on peut quand même les connaître.

LiliJane

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Il y a un an

Exactement oui ! Ce n’est pas parce qu’elles ont une fin qu’elles en sont moins intéressantes, au contraire ! (T’façon j’aime les étoiles)

Paige

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Il y a un an

Dans ma romantasy, Léo - le point de vue masculin - adore les étoiles aussi et il a appelé son épée " Constellation ", et il en parle souvent x).
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