Fyctia
Obsidian
La nuit avait lentement gagné du terrain, et même si la pluie avait cessée de battre à tout rompre, l’air était encore empreint d’humidité et l’air se faisait toujours aussi glacial.
Ayden se tenait perché sur le toit d’un ancien cinéma depuis abandonné, assis sur le rebord qui donnait sur le parking, ses jambes pendant dans le vide à une dizaine de mètres de hauteur. Il fut tenté de reprendre une nouvelle cigarette, mais deux dans la même soirée était un luxe qu’il ne pouvait s’offrir.
Il attendait quelqu’un, et lorsqu’il entendit des bruits de pas résonner au loin, ses sens se mirent immédiatement aux aguets. Il crut d’abord qu’il s’agissait là d’une personne seule, comme il l’espérait, mais il se rendit compte que ce n’était pas le cas, car d’autres pas se firent entendre, puis des injonctions hurlées d’une voix autoritaire.
Cinq. Six personnes.
Il se redressa depuis le rebord du bâtiment, et recula d’un pas avant de s’accroupir. Utilisant une des fonctionnalités de son PC, les couleurs qui s’offraient à lui se modifièrent dans des teintes de vert qui lui permettaient de percer à travers le voile de la nuit. Une vision nocturne.
Grâce à une autre application, la vue d’Ayden zooma en direction du groupe jusqu’à les apercevoir comme si il se trouvait juste en face d’eux. Il comprit alors ce qui se déroulait sous ses yeux : Une brigade de Gardiens pourchassait une femme.
Pourquoi avait-elle prit le risque de sortir après le couvre-feu ? Était-elle une rebelle ? Probable. Elle semblait courir comme si sa vie en dépendait. Ce qui étonna le plus Ayden fut que les Gardiens ne semblaient pas user de leurs armes. Pourquoi ? Ils ne les avaient même pas dégainées, comme si ils avaient reçu l’interdiction de s’en servir. Et c’était suffisamment rare pour soulever des questions.
Il s’apprêtait à se détourner et rentrer chez lui comme si il n’avait rien vu, mais un doute s’empara de lui comme la lame d’un couteau calée contre sa gorge. Il hésita un instant, et prit une décision dans un soupir las.
Il bondit.
A une telle hauteur, la chute était inévitablement mortelle. En moins de deux secondes, son corps allait violemment percuter le goudron humide et se briser sous le poids de la gravité.
A l’ultime seconde, il bascula son corps en avant dans une roulade, se releva, et dans le même mouvement couru droit vers le groupe, comme si cela avait été un simple parcours de santé.
Lorsqu’il arriva à leur niveau, une lueur de panique s’illumina dans les yeux de la jeune femme, s’attendant à des renforts, mais en dénotant l’absence de bracelet bleu luminescent sur le bras, elle en conclut qu’il était plus probable que ce soit un rebelle.
Lorsqu’elle le doubla enfin, elle se réfugia derrière son dos, à bout de souffle, tandis que les lumières des Gardiens se braquèrent sur la silhouette d’un homme au long manteau noir qui venait d’apparaître devant eux.
— Un autre rebelle, constata un homme à la haute stature, vêtu de l’uniforme gris et bleu des Gardiens. Pour obstruction à l’ordre et violation du couvre-feu, vous êtes en était d’arrest-
Avant même que le Gardien ne put terminer sa phrase, la brigade entière fut aux prises d’un sifflement strident qui résonnait à l’intérieur de leur crâne, les poussant à se plaquer les mains contre leurs tempes dans des gémissements sourds.
Ayden profita de la distraction qu’il avait provoqué pour attaquer. En un bond, il fut sur le premier Gardien qu’il envoya au tapis d’un coup de coude contre sa tempe. Le suivant fut éjecté deux mètres plus loin par un coup de talon au plexus solaire.
Lorsque le sifflement cessa enfin, et que les trois derniers gardiens comprirent ce qui était en train de se passer, déjà Ayden avait fauché les jambes d’une femme athlétique et se plaça devant le quatrième. Celui-ci, bien que déstabilisé, était rompu au combat rapproché, et eut le réflexe de se mettre en garde avant de porter un coup de poing à la tempe du rebelle.
Qui avait esquivé souplement d’une simple rotation du bassin avant de frapper sous le menton.
Le dernier avait lancé un appel aux renforts, mais avant qu’il ne parvint jusqu’à la caserne, le tranchant d’une main s’abattit violemment contre sa nuque, le faisant s’évanouir sur l’instant.
L’assaut avait duré moins de dix secondes.
Sans même être ne serait-ce qu’essoufflé, Ayden se retourna vers la jeune femme qui avait assisté à la scène sous des yeux médusés. Elle avait eu l’impression de voir un film en accéléré, mais seul son sauveur en avait eu le bénéfice.
— Venez, ne traînons pas ici, somma-t-il d’une voix dénuée d’émotions.
La rebelle n’offrit comme seule réponse cohérente qu’un hochement de tête, et tout deux quittèrent les lieux en toute discrétion.
Cinq minutes passèrent dans un silence des plus total, uniquement rompu par le souffle rauque de la jeune femme qui peinait à se remettre de sa course effrénée, mais aussi de ses émotions. Comment pouvait-on se débarasser des Gardiens avec une facilité aussi déconcertante ? Qui était-il, au juste ? En fait, la question de son identité n’était pas si importante, mais plutôt : Faisait-il parti de la rébellion ?
Après s’être enfilé dans une petite ruelle dissimulée entre deux larges immeubles, Ayden regarda autour de lui pour s’assurer que personne ne les avaient suivis. Puis, il se tourna vers la jeune femme qu’il prit le temps de détailler maintenant que la situation était plus sereine.
Elle était jeune, la vingtaine, peut-être un peu plus, son teint mat était ruisselant de sueur, preuve qu’elle devait avoir couru un sacré bout de temps. Ses longs cheveux noirs légèrement ondulés étaient attachés en queue de cheval dans son dos, tandis qu’elle portait un simple sweat vert kaki et un jean bleu sombre accompagné d’une paire de baskets. Ses yeux noisettes en amande souligné par des joues creuses lui donnait un certain air sauvage qui la rendait quelque peu charmante.
— Qui es-tu ? s’enquit-elle après avoir retrouvé un semblant de respiration.
— Je m’appelle Ayden, répondit-il, laconique. Toi ?
— Yuna. T’es un rebelle ?
— Non.
— Non ?
— Non.
Yuna était abasourdie. Comment un type aussi fortiche et ne faisant pas parti des Gardiens ne pouvait être un rebelle ? Cela n’avait pas de sens !
— Pourquoi ils te poursuivaient ? Demanda-t-il à son tour.
Elle hésita à lui répondre. Pouvait-elle lui faire confiance ? Ce n’était pas un rebelle, après tout. Néanmoins, elle avait une dette envers lui. Une dette qu’elle était incapable de payer.
— Je fais partie de la rébellion. Je me suis infiltrée dans la société Obsidian, et volé des données.
Obsidian. Le nom de l’entreprise qui avait créé les PC, il y a de cela une cinquantaine d’années de cela maintenant. Ayden fronça les sourcils.
— Quelles données ?
Elle hésita à nouveau, plongeant son regard dans les yeux azur de son sauveur, avant de se lancer.
— Figures-toi qu’Obsidian a mené des exp-
Avant qu’elle n’eut le temps de révéler ses secrets, une détonation se fit entendre, et Yuna s’écroula à terre.
Dans une mare de sang.
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EmilyChain
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Anne-Estelle
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Erhil
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Cassy Hope
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