Fyctia

Ayden fut immobile une seule seconde, sous le choc de ce qui venait de se passer, et elle faillit lui coûter la vie. Reprenant très vite ses esprits et ses réflexes, s’il s’était accroupi un instant plus tard, il aurait subi le même sort que Yuna. Une nouvelle détonation avait résonné, et la balle mortelle siffla juste au-dessus de sa tête avant de se ficher dans un mur.

Sa première pensée fut de s’enfuir, mais les mots qu’elle avait commencé à prononcer avant d’être froidement abattue l’intriguait. Il devait récupérer les données volées. Heureusement pour lui, la puce ne semblait pas avoir été touchée, et le transfert « forcé » fut quasi instantané.

Une troisième balle tirée, évitée de justesse, et la silhouette au long manteau noir s’enfonça dans l’obscurité de la ruelle à toute vitesse. Plus rapidement qu’il était humainement possible. Seul resta le corps sans vie de Yuna.

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Une fois assuré qu’il n’allait pas se faire tirer dessus, Ayden décida de rentrer chez lui pour prendre un peu de repos. Ou tout du moins tenter, car ce qui venait de se passer ce soir dépassait de loin ce qu’il avait pour habitude de vivre : Bien qu’illégal, il était simplement sorti s’acheter des cigarettes, et voilà qu’il avait assisté à un meurtre. Ce point le rendait d’ailleurs confus. Pourquoi fut-elle assassinée ? Les Gardiens s’étaient donnés la peine de tenter de l’arrêter en vie, alors pourquoi ce soudain revirement ?

A moins que l’assassin n’était pas un Gardien.

Qui d’autre alors ? Qui souhaitait la mort d’une voleuse de données, vraisemblablement très importantes pour l’État ? Un troisième parti inconnu était-il impliqué ? Et si oui, quel était son but ?

Aucune de ces questions ne trouvèrent réponse, et il se retrouvait déjà devant le palier de son appartement. Vivant au troisième étage d’un immeuble relativement ancien, légèrement à l’écart du centre-ville, la porte d’entrée coulissa sur le côté sans qu’il n’eut besoin de la toucher, et se referma de la même manière une fois franchie.

Les lumières s’allumèrent d’elles-même, et le chauffage se régla sur une température légèrement plus élevée. L’appartement était un simple deux pièces, constitué d’un large séjour qui jouxtait la cuisine, tandis que la chambre se trouvait dans la pièce voisine, que l’on devait traverser pour accéder à la salle de bains.

L’endroit était totalement dénué d’absence, et le mobilier très simple : Une table, deux chaises et un canapé constituaient le salon, tandis que la cuisine étaient simplement munie d’un frigidaire, d’un four et de plaques de cuisson électriques.

Ayden fila droit vers sa chambre, se sépara de son manteau noir qu’il jeta dans le sèche-linge, un énorme cube métallique dénué de bouton, qui remplit immédiatement sa fonction. Il s’affala sur le lit, et se massa l’arrête du nez du bout des doigts en poussant un gémissement plaintif. Il avait terriblement mal à la tête, et l’image de Yuna, baignant dans ce liquide rouge qu’il ne connaissait que trop bien, le hantait encore.

Il avait déjà vu du sang. Beaucoup trop dans une seule vie. Et pour la plupart, il était celui qui l’avait fait coulé. Du sang noirci par les crimes et la violence… et parfois beaucoup moins. Il s’était habitué à cela, bien qu’il essayait de l’éviter le plus possible.

Pourquoi avait-il si mal à la tête ?

Décidant d’ignorer tout cela, il fouilla dans la mémoire de sa puce pour enfin découvrir le contenu de ces fameuses données volées qui avaient coûtés la vie à une rebelle. Il n’eut aucune difficulté à les trouver, mais lorsqu’il tenta d’en ouvrir le contenu, il se heurta à un mur. Tout était crypté, et aucune de ses applications prévus à cet effet ne parvint à en venir à bout. Voilà qui était étrange.

Que pouvait bien comploter Obsidian pour s’assurer une telle sécurité ? Avant de mourir, bien qu’elle n’eut le temps de terminer le mot, Yuna avait parlé « d’exp ». Certainement pour « expériences ». Cela pouvait-il avoir un rapport avec ce qu’Ayden avait vécu et tentait de fuir aujourd’hui ? Non, impossible, même ça le fichier n’aurait pu résister aux logiciel de décryptage qu’il possédait. Se pouvait-il que ce soit plus dangereux encore ?

Il ne vit qu’un seul moyen de le découvrir : Dès demain, il allait devoir consulter sa mécanicienne. Elle était la seule personne à sa connaissance qui pouvait réussir là où le meilleur de la technologie pouvait échouer.

Avec un peu de chance, peut-être pouvait-elle faire quelque-chose contre ce mal de tête qui ne semblait vouloir partir.

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Plus tard dans la nuit, alors que la pluie s’abattait de nouveau sur la ville, bien que moins virulente que la fois précédente, Ayden fut tiré de son sommeil par une étrange sensation. Immédiatement, il se redressa, et scruta les moindres recoins de sa chambre.

Rien. Seulement le bruit battant des gouttes d’eau s’écrasant contre sa fenêtre, rompant le silence qui régnait dans la pièce.

Dans un soupir, il se leva du lit pour aller s’offrir un verre d’eau dans la cuisine. La lumière s’alluma de nouveau automatiquement, offrant cette fois-ci une pâle lumière blanche tamisée afin d’éviter éblouir l’occupant du foyer. Celui-ci sortit un verre du placard et le tendit vers un robinet qui immédiatement fit couler de l’eau jusqu’à la moité avant de se couper. Il porta le liquide à ses lèvres et termina le contenu en trois gorgées. Lorsqu’il reposa le verre dans le lave-vaisselle, une voix retentit dans son dos.

— C’est un peu lugubre ici, non ?

Sans crier gare, Ayden se retourna vivement et s’apprêtait à délivrer un coup du tranchant de sa main vers la nuque de l’inconnu qui était entré par effraction dans son appartement, mais retint son geste à quelques millimètres de son cou, tandis que la silhouette féminine, elle, cria de surprise.

— Mais ça va pas d’agresser les gens, comme ça ?! s’offusqua-t-elle.